L'homme qui cherchait le vertige, un entretien avec G. Dumay

[Isa]

Je découvre cette interview seulement maintenant et je me dis que je devrais prendre le temps de lire un peu plus ce genre d'articles pour moins passer pour une ET du monde éditorial.
Ou pas.
Parce que bon, quand on lit ça :

C'est vrai que je suis d'un naturel inquiet, mais j'ai les chiffres et je les comprends, ils ne sont pas inquiétants, ils sont désespérants. Je paie, comme tant d'autres, la surproduction actuelle. Tout le monde se tient la main et fait un pas en avant vers le précipice ; certains ont les jambes plus courtes, les reins plus solides, mais ils sont tirés dans la même direction.
Comme ça ne peut pas durer éternellement, il faut se préparer à voir un rang de dominos tomber.

On se met à déprimer un grand coup ^^'

Mais bon, quand on lit ça :

Alors que l'adrénaline de ce boulot c'est quand même découvrir des auteurs.

Ça rassure un tout petit peu. Que je sois au niveau ou pas pour me glisser dans cette minuscule ouverture (calcul rapide 600 manus par an, 3 auteurs en 10 ans => 1 auteur sélectionné sur 2000 manuscrits si je ne m'abuse) n'est pas le problème. L'essentiel c'est qu'il y ait des gens qui puissent en rêver et de se dire que ceux qui ont le talent ne se feront pas forcément marcher dessus par les auteurs américains pour des raisons commerciales. Espérons qu'il y aura encore longtemps des gens "pas raisonnables" pour accepter de "se prendre des coups" et nous permettre ainsi de rêver.
Merci à eux et désolée pour tout ce temps que nous leur bouffons.

Ceci est un post parfaitement égoïste, j'en ai conscience. Mais bon, c'est le prix de la sincérité.

[Wicker_Man]

En tout cas, il y a une chose dont on ne peut pas douter, c'est de l'intégrité de Gilles Dumay.
On peut aimer ou pas le bonhomme (moi, perso, j'aime bien), mais personne ne peut nier que s'il choisit ou rejette un auteur ou un texte, c'est vraiment sur des critères de qualité ou de goût, pas pour des questions de rentabilité ou de mode.
Respect, M. Dumay.

[Isa]

Je regarde avec attention les photos et soudain je m'interroge. Si Monsieur Dumay tenait le stand de Denoël au salon du livre 2006 (quelqu'un s'en rappelle-t-il ?) ce serait lui la seule personne à avoir réussi à me vendre un truc que je n'étais pas venue acheter, de toute ma vie (on est fauché ou on ne l'est pas). En temps normal, je n'achète jamais sur les conseils d'une personne que je peux considérer comme "intéressée par la vente" (oui, je suis une très très mauvaise cliente). Je prends l'avis de tiers, de magazines, etc... Mais là, la personne qui tenait le stand avait l'air de tellement penser que ce livre me plairait et m'en a fait une telle description (sans spoiler parce que je déteste ça) que je l'ai pris.
Alors comme je suis physionomiste comme une taupe borgne, je suis bien incapable de savoir s'il s'agit de M. Dumay ou non. Si c'est bien lui, je m'inquiète moins pour la collection. Je pense que c'est vraiment quelqu'un qui doit pouvoir vendre la lune ^^


Accessoirement, le livre était Journal de Nuit, j'ai eu un mal fou à entrer dedans et j'ai finalement adoré. C'est lui qui a fait naître mon intérêt pour Denoël parce que c'était vraiment un roman à part (du moins par rapport à ce que j'avais lu jusqu'ici).
Donc quelle que soit la personne qui me l'a vendu, je le remercie.

[Casse-bonbon]

Journal de nuit, c'est de la balle.

Je ne fais que passer...

[Isa]

Journal de nuit, c'est de la balle.

Je trouve aussi. Et je me demandais si ça faisait partie de ces livres "qui vendent" ou bien de ceux qu'on édite par conviction quitte à prendre des risques.

[Thomas Day]

Je regarde avec attention les photos et soudain je m'interroge. Si Monsieur Dumay tenait le stand de Denoël au salon du livre 2006 (quelqu'un s'en rappelle-t-il ?) ce serait lui la seule personne à avoir réussi à me vendre un truc que je n'étais pas venue acheter, de toute ma vie (on est fauché ou on ne l'est pas). En temps normal, je n'achète jamais sur les conseils d'une personne que je peux considérer comme "intéressée par la vente" (oui, je suis une très très mauvaise cliente). Je prends l'avis de tiers, de magazines, etc... Mais là, la personne qui tenait le stand avait l'air de tellement penser que ce livre me plairait et m'en a fait une telle description (sans spoiler parce que je déteste ça) que je l'ai pris.
Alors comme je suis physionomiste comme une taupe borgne, je suis bien incapable de savoir s'il s'agit de M. Dumay ou non. Si c'est bien lui, je m'inquiète moins pour la collection. Je pense que c'est vraiment quelqu'un qui doit pouvoir vendre la lune ^^


Accessoirement, le livre était Journal de Nuit, j'ai eu un mal fou à entrer dedans et j'ai finalement adoré. C'est lui qui a fait naître mon intérêt pour Denoël parce que c'était vraiment un roman à part (du moins par rapport à ce que j'avais lu jusqu'ici).
Donc quelle que soit la personne qui me l'a vendu, je le remercie.

Il n'y a que moi qui aie pu te vendre Journal de nuit sur le stand Denoël (personne d'autre dans la maison a une quelconque idée de la valeur de ce titre) ; c'est un des titres que je vends le mieux sur le Salon, j'en fais 10 à 15 chaque année.

GD

[Thomas Day]

En tout cas, il y a une chose dont on ne peut pas douter, c'est de l'intégrité de Gilles Dumay.

Bof...

L'intégrité par rapport à qui, à quoi ?
Aux choix ?
Si c'était aussi simple.

En mars 2010, je publie H2G2 : Encore une chose de Eoin Colfer...
Il y a quelques années, j'ai publié la novélisation de Resident Evil que j'ai, par ailleur$, écrite...
J'ai réédité le cycle de Fondation, alors que...

Il est plus intéressant de réfléchir en termes de bilan, plutôt qu'en terme d'intégrité, si être intègre à tout prix c'est partir avec le prochain "rang de dominos", quel intérêt ? Le premier enjeu 2010 pour Lunes d'encre, c'est qu'il y ait une année 2011. J'y travaille...

En 2009, le nombre de titres publiés en imaginaire a progressé de 23% et le CA du domaine a progressé de 6%, d'après mes sources. Derrière cette double progression se cache une vérité bonne à dire, les parts de gâteaux sont de plus en plus petites, et seuls ceux qui ont les reins solides (bonne trésorerie, programme prudent et irréprochable, appartenance à un groupe bienveillant) survivront.

GD

PS : Sinon, Isa, entre février 2010 et février 2011, j'aurais publié trois premiers romans francophones arrivés par la poste : Jean-Philippe Depottte, Jean-Claude Marguerite et un troisième auteur dont j'aurais plaisir à révéler l'identité dès qu'il aura signé son contrat.

[Jean-Claude Dunyach]

PS : Sinon, Isa, entre février 2010 et février 2011, j'aurais publié trois premiers romans francophones arrivés par la poste : Jean-Philippe Depottte, Jean-Claude Marguerite et un troisième auteur dont j'aurais plaisir à révéler l'identité dès qu'il aura signé son contrat.

Respect. Chapeau bas et tout ça.
Je viens de lire le Depotte qui est passionnant et remarquable. J'attends les autres avec impatience.

[Wicker_Man]

L'intégrité par rapport à qui, à quoi ?
Aux choix ?
Si c'était aussi simple.
[...]
PS : Sinon, Isa, entre février 2010 et février 2011, j'aurais publié trois premiers romans francophones arrivés par la poste : Jean-Philippe Depottte, Jean-Claude Marguerite et un troisième auteur dont j'aurais plaisir à révéler l'identité dès qu'il aura signé son contrat.

Ben pour moi, l'intégrité c'est ça: ne pas penser qu'au chiffre d'affaire, mais aussi publier en restant en accord avec ses gouts.
Je connais un (tout petit) peu le milieu de l'édition et de la librairie et je sais parfaitement que l'idéalisme ou les bonnes intentions ne font pas vivre une maison.
Simplement, si on peut ménager la chèvre financière et le chou du coup de cœur ou de la passion, je pense que tu/vous y arrives(ez) plutôt bien.
Maintenant, ce que j'en dis...

[Isa]

PS : Sinon, Isa, entre février 2010 et février 2011, j'aurais publié trois premiers romans francophones arrivés par la poste : Jean-Philippe Depottte, Jean-Claude Marguerite et un troisième auteur dont j'aurais plaisir à révéler l'identité dès qu'il aura signé son contrat.

Au moins je sais quels romans je vais acheter l'année prochaine. Faut être cohérent avec ses espérances. Si on n'achète pas les auteurs inconnus, faut pas s'étonner que les éditeurs n'en prennent pas.
En tout cas, c'est un choix courageux que je salue.

Et l'intégrité quand on est éditeur, c'est de faire des choix courageux ET de faire du commerce derrière pour que ces choix survivent (et à mon avis, la deuxième partie n'est pas celle que vous faites avec le plus de plaisir, c'est donc de l'intégrité de s'y coller pour la bonne cause). Pour finir, quand on prend la peine de faire des refus comme les vôtres, on mérite de finir par trouver quelques pépites dans ce flot de manus intarissables (l'inconvénient c'est qu'on encourage aussi les manus à se multiplier :/)

PS
Merci d'avoir répondu à ma question sur Journal de Nuit. Je ne pensais pas vous interpeler directement ^^