(Vu cet après-midi en VO dans le très beau cinéma CGR de Périgueux).
Je ne me souviens pas de la dernière fois où je me suis autant ennuyé dans une salle de cinéma.
Ce mix de péplum et de film de SF philosophique, le tout nappé d'un lourdingue hommage fellinien, manque totalement de rythme, d'abattage, de scènes d'anthologie. Et de finesse. C'est du cinéma chaussé de bottes de SS plombées.
Il y a de jolis trouvailles de mise en scène et en même temps de nombreux fils narratifs qui ne mènent à rien.
Et si on commence à compter les scènes qui tangentent le ridicule (ou s'y vautrent - la scène de l'érection, par exemple, je vous laisse la surprise) on risque bien de s'endormir en sursaut.
Un truc m'a uppercuté le cerveau, toute une partie du scénario rappelle beaucoup Motherless Brooklyn de Jonathan Lethem. Ou le film d'Edward Norton, si vous préférez.
TD
Megalopolis, Francis Ford Coppola (2024)
- Thomas Day
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Re: Megalopolis, Francis Ford Coppola (2024)
Lors de sa projection à Cannes, un effet très particulier avait surpris le public... A un moment un spectateur (en fait un acteur) interpelle Adam Driver qui lui répond (dans le film). Coppola avait annoncé qu'il voulait voir cette séquence reproduite dans les salles où serait projeté le film. Vu que vous n'en faites pas mention, j'imagine que ce n'est pas le cas (du moins à Périgueux :-)
- Thomas Day
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Re: Megalopolis, Francis Ford Coppola (2024)
Personne ne s'est levé dans la salle pour discuter avec Adam Driver.
Je pense que ça m'aurait réveillé.
(PS : la salle de 400 et quelques places était quasiment vide et j'étais, il me semble, à part une spectatrice très jeune (et visiblement cinéphile), le plus jeune spectateur.)
Je pense que ça m'aurait réveillé.
(PS : la salle de 400 et quelques places était quasiment vide et j'étais, il me semble, à part une spectatrice très jeune (et visiblement cinéphile), le plus jeune spectateur.)
Re: Megalopolis, Francis Ford Coppola (2024)
Malgré (ou à cause de..., je peux parfois être contrariant) les mauvaises critiques, je suis allé le voir et j'ai beaucoup aimé. Certes, il faut accepter de ne pas tout comprendre au scénario, à ce qu'il sous-entend, bref, comme le fait Driver dans la scène d'ouverture, à avancer au-dessus du vide en espérant que ça ne va pas se casser la gueule.
Et, contre toute attente, ça tient, ça tient même très bien. Le film est flamboyant, osant tout (et parfois n'importe quoi, mais c'est tellement jubilatoire qu'on l'accepte) en matière de narration comme d'images, de trucages, d'effets... Chez n'importe quel réalisateur, l'accumulation de gadgets visuels, de décors énormes, de techniques de montage pourrait paraître lourdingue et creux ; chez Coppola, sans que je n'arrive à dire pourquoi, ça passe. Ça doit être ça, le génie.
Le plus frustrant dans ce film, c'est qu'on sent bien que tant le scénario, les dialogues, les décors, la musique... sont bourrés de références à tout ce qui nourrit le cinéma (l'Histoire, l'art, la pop-culture, la politique, les médias etc.) et qu'on n'arrive à en capter qu'une petite partie. Bref, c'est sûrement un film qu'il faut voir plusieurs fois pour en apprécier tout le sel. La première vision fait l'effet d'un long vidéo-clip talentueux, parfois déstabilisant mais toujours captivant, où l'on se sent à la fois en terrain familier et bousculé par quelque chose de totalement nouveau.
À noter que le talent de Driver se confirme (après ses excellentes prestations dans les deux derniers films de Scott) : comme quoi, il suffisait qu'il soit dirigé par de grands réalisateurs pour faire oublier le naufrage des derniers Star Wars.
Pour en revenir à Megalopolis, une chose m'a frappée : c'est la ressemblance entre le personnage joué par Driver, justement, et le héros de La fièvre d'Urbicande de Peeters et Schuiten. Je ne sais pas si ça fait partie des inspirations de Coppola.
C'est en tout cas un film à voir, pour peu qu'on accepte de se laisser emporter sans tout comprendre, et qu'on considère que les outrances du projet sont l'expression d'une intense jubilation, d'une envie presque puérile de tout montrer, tout dire, de la part d'un grand enfant de 85 ans à la liberté totale.
Et, contre toute attente, ça tient, ça tient même très bien. Le film est flamboyant, osant tout (et parfois n'importe quoi, mais c'est tellement jubilatoire qu'on l'accepte) en matière de narration comme d'images, de trucages, d'effets... Chez n'importe quel réalisateur, l'accumulation de gadgets visuels, de décors énormes, de techniques de montage pourrait paraître lourdingue et creux ; chez Coppola, sans que je n'arrive à dire pourquoi, ça passe. Ça doit être ça, le génie.
Le plus frustrant dans ce film, c'est qu'on sent bien que tant le scénario, les dialogues, les décors, la musique... sont bourrés de références à tout ce qui nourrit le cinéma (l'Histoire, l'art, la pop-culture, la politique, les médias etc.) et qu'on n'arrive à en capter qu'une petite partie. Bref, c'est sûrement un film qu'il faut voir plusieurs fois pour en apprécier tout le sel. La première vision fait l'effet d'un long vidéo-clip talentueux, parfois déstabilisant mais toujours captivant, où l'on se sent à la fois en terrain familier et bousculé par quelque chose de totalement nouveau.
À noter que le talent de Driver se confirme (après ses excellentes prestations dans les deux derniers films de Scott) : comme quoi, il suffisait qu'il soit dirigé par de grands réalisateurs pour faire oublier le naufrage des derniers Star Wars.
Pour en revenir à Megalopolis, une chose m'a frappée : c'est la ressemblance entre le personnage joué par Driver, justement, et le héros de La fièvre d'Urbicande de Peeters et Schuiten. Je ne sais pas si ça fait partie des inspirations de Coppola.
C'est en tout cas un film à voir, pour peu qu'on accepte de se laisser emporter sans tout comprendre, et qu'on considère que les outrances du projet sont l'expression d'une intense jubilation, d'une envie presque puérile de tout montrer, tout dire, de la part d'un grand enfant de 85 ans à la liberté totale.
Jean-François.
Re: Megalopolis, Francis Ford Coppola (2024)
JFS a écrit :[...] C'est en tout cas un film à voir, pour peu qu'on accepte de se laisser emporter sans tout comprendre, et qu'on considère que les outrances du projet sont l'expression d'une intense jubilation, d'une envie presque puérile de tout montrer, tout dire, de la part d'un grand enfant de 85 ans à la liberté totale.
Je suis plutôt de l'avis de JFS.
Un brouillon de film plutôt... brouillon. Évidemment, et pêle-mêle, l'épisode Catilina-Cicéron, transposé tant bien que mal (jusqu'à reprendre l'inciput de l'un des fameux discours de Cicéron _Quousque tandem abutere, Catilina...", "Jusqu'à quand, Catilina, abuseras-tu...", dans la bouche du Cicéron joué par Esposito); les vestales, les saturnales, l'influence omniprésente, dans l'antiquité romaine, de la culture grecque (les élites de Rome se targuaient toutes de parler le grec classique couramment).
Je ne me suis pas ennuyé, non, seulement demandé où Coppola voulait en venir vraiment. Opposer la rigueur latine (la langue de Cicéron est pourtant, parole d'ancien latiniste, l'une des moins difficiles à traduire...), l'inclination maladive des romains à intriguer, à l'inventivité d'un Catilina revu et corrigé (alors que, historiquement, Cicéron fustigeait Catilina et ses velléités de renversement de la République, ce que César réussira finalement à faire)? Curieux. Fourre-tout au possible, ce film, à mon humble avis, ne reste qu'à la surface de son sujet. Sans doute qu'une heure de métrage supplémentaire n'aurait pas nui à l'ensemble.
Mais ce n'est que mon avis.
Tout notre raisonnement se réduit à céder au sentiment. (B. Pascal)
So little time! So much to know! (Jeremy, in Yellow Submarine)
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Re: Megalopolis, Francis Ford Coppola (2024)
Vu ce weekend. Ça m'a paru aussi beau que foutraque et prétentieux. Mais je n'ai pas détesté.
Je pense que ce film prouve aussi qu'avoir un producteur, ce n'est pas toujours aussi une mauvaise chose, ne serait-ce que pour cadrer un peu le nawak.
Je pense que ce film prouve aussi qu'avoir un producteur, ce n'est pas toujours aussi une mauvaise chose, ne serait-ce que pour cadrer un peu le nawak.
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