Vesper Chronicles, Kristina Buožytė et Bruno Samper (2022)

[Erwann]

Dix ans après le très beau Vanishing Waves (dont on causait ici), Kristina Buožytė revient avec Vesper (aka Vesper Chronicles en français, des fois que ça soit plus vendeur), post-apo co-réalisé avec Bruno Samper (son scénariste pour Vanishing Waves).
Vesper est le nom d'une ado, vivant avec son père grabataire dans une Terre future devenue hostile, suite à des manipulations génétiques ayant mal tourné. Vivant hors des puissantes Citadelles, où résident les nantis, qui disposent des semences OGM adaptées, Vesper fait feu de tout bois pour survivre. Jusqu'au moment où un aéronef s'écrase non loin de sa demeure…
Vesper est typiquement le genre de film que j'aurais aimé adorer : une coproduction européenne de SF originale, ça n'est pas si courant. Le film se contente d'être vraiment pas mal, avec son esthétique organique volontiers crade et ses acteurs plutôt convaincants. Mais… je ne peux pas m'empêcher de faire la fin bouche sur l'aspect science-fictif du film. L'aspect très fantasy de la biologie m'a agacé, de même que tous les détails un peu gratuits (par exemple, la première scène montre Vesper avec un masque facial intégral plutôt stylé, mais dont l'usage est contredit par le fait que la jeune femme trifouille la boue main nue et qu'elle ne le remettra jamais entièrement — stylé mais inutile d'un point intradiégétique), les concepts pas poussés jusqu'au bout (le drone du père, qui pourrait lui permettre une sorte d'ubiquité). Une petite déception, donc.
(Ça n'a guère de rapport mais les toutes dernières images m'ont rappelé la toute fin de Terra Ignota.)

La fiche Allociné.

[JFS]

J'ai beaucoup aimé et si je comprends tes reproches, je ne les partage pas. Pour moi, ce ne sont pas tant des défauts que des sortes de licences poétiques. Le choix assumé de faire primer les images, l'ambiance, sur le réalisme. Autant en roman je peux aimer la hard-SF et être réticent vis-à-vis de la fantasy, autant dans ce genre de film je suis prêt à passer sur ce genre de détails pour apprécier la cohérence visuelle de l'ensemble !
Si j'avais quelque chose à reprocher, ce serait plutôt sur l'intrigue, le scénario dans son ensemble : ça n'est pas très novateur. Mais ça ne m'a pas gêné tant que ça. Je recommande vivement, d'autant que les bons films de SF produits en Europe et s'appuyant sur un scénario original plutôt qu'une adaptation se comptent sur les doigts d'une main de guitariste lépreux.

[Erwann]

Ah mais je m'en veux de faire la fine bouche, JFS. J'aurais en effet aimé un peu plus de réalisme, ou du moins que la cohérence interne soit un peu plus solide. Bon, je reste curieux de savoir ce que le tandem Buožytė / Samper fera ensuite — et si possible avant dix ans.