La Nuit Nanarland Trois

[Erwann]

Héritière de la Nuit excentrique, la Nuit Nanarland est revenue au Grand Rex ce 23 septembre pour sa troisième édition. Un sommet d'amour du cinéma tellement mauvais qu'il en devient incroyable, placé subtilement cette année sous le signe du nombre 3.
Film aux trois titres, White Fire (1984), alias Vivre pour survivre alias Le Diamant, a introduit la soirée. Cette coproduction franco-turque signée Jean-Michel Pallardy raconte l’histoire d’un frère et une sœur embarqué dans une aventure pour mettre la main sur le « White Fire », le plus gros diamant du monde. Sauf que la sœur est tuée. Sauf que le frère rencontre par hasard un sosie de sa sœur, dont il tombe amoureux… Le film mélange allègrement les genres : action avec un zeste de SF, de gore et d’érotisme, avec plein de faux raccords et de non-sens scénaristiques. C’est l'occasion d'entendre une réplique telle que : « Dommage que tu sois ma sœur… » en conclusion d'une scène où le frangin chipe la serviette de sa plantureuse frangine, qui a fait plongette à poil dans la piscine. Tout de même, en dépit de tous les passages salement ambigus du film, semblant célébrer l’inceste, le moment le plus malaisant reste la venue sur scène du réalisateur qui, très vite, laisse tomber le masque de gentil papy pour arborer celui de pervers pépère. Les vieux, faut pas les laisser parler trop longtemps.
A suivi Force Noire (1979) (en VO : Die Brut des Bösen, « l’engeance du mal »), ego trip mené par Christian Anders, individu aux trois casquettes. Producteur, scénariste et acteur principal du film, Anders est un Claude François teuton aux faux airs d’Owen Wilson qui se prend pour Bruce Lee. L’histoire raconte celle d’un prof de karaté qui tatanne des méchants, menés par l’acteur Deep Roy (les Oompa Loompas de Charlie et la Chocolaterie version Tim Burton, c’est lui). Roy a compris qu’il jouait dans un nanard ; pas Anders, qui ne parvient qu'à être gentiment embarrassant au mieux, notamment lors d’une fameuse scène où on le voit faire des pompes avec ses abdos. Pour le plaisir des oreilles.
Zombi 3 est un film-frankenstein, commencé par Lucio Fulci et terminé par Bruno Mattei, avec des interventions de Claudio Fragasso. Le résultat est renié par Fulci. Bon, j’ai un peu dormi devant ce film. Il y a des zombies aux bubons bigarrés, des fumigènes, les palmiers des Philippines et un scientifique en blouse blanche qui s'exclame face à un militaire : « Mais tout ceci est de la science-fiction ! »
Dernier film : un tonique mélange de film de ninja, d'horreur, d'exorcisme et d'aérobic titré Ninja III The Domination. Parce qu’il faut bien un film de ninja dans une Nuit Nanarland. Dans cette production de la Cannon (pour resituer le truc), une prof d’aérobic se retrouve possédée par l’âme d’un ninja, tatanne des méchants, et sort avec un flic qui a la tronche d’un agent immobilier. J’ai dormi.
Entre chaque film étaient projetés des bandes-annonces datant des 70s et 80s, des cuts Nanarland et des épisodes de la série documentaire Nanaroscope diffusée sur Arte. Et comme à l’accoutumée, la Nuit Nanarland s’est terminée avec la projection de bandes-annonces de films de boules des années 70 : rien de tel pour se réveiller…
En somme, une programmation d'aussi bonne qualité que les années précédentes. Vivement l'année prochaine.