Bon, on a pas mal parlé du film - que je n'ai pas vu et que je n'ai plus envie de voir -, mais moins de la BD.
Pourtant - hop ! - elle mérite amplement qu'on s'y attarde.
A ma gauche (...), Mark Millar, à mon sens un des tout meilleurs scénaristes pour tapettes en collants du moment, comme il l'a montré notamment sur The Authority, Superman: Red Son ou encore Ultimates. Un auteur politique, lucide, drôle, réaliste... bref, avec Warren Ellis et Garth Ennis, un des très bons de la vague post-Watchmen.
A ma droite, John Romita, Jr., digne fils de son père, excellent dessinateur au style anguleux toujours très lisible qu'on a pu apprécier sur de très nombreuses BD, mais que je considère pour ma part avoir été à son sommet sur Daredevil : l'homme sans peur, sur un scénario de Frank Miller.
Les deux associés, ça donne donc Kick-Ass, visiblement un très très gros carton puisque quasi immédiatement adapté par Hollywood.
Le pitch est d'une évidence surprenante. Dave Lizewski, seize ans, est un ado ordinaire, sans rien pour le distinguer. Sa mère est morte d’une rupture d’anévrisme. Son père est attentionné. C’est un geek, pas très doué avec les filles, mais ce n’est pas pour autant le dernier des gringalets non plus, ou la tête de Turc de la classe. Par contre, c’est un vrai dingue de comics. Et une question se met à lui trotter dans la tête : comment ça se fait, avec toutes ces BD, que personne, jamais, n’ait essayé, au moins essayé, de devenir un super-héros ?
Lui, finalement, décide de s’y mettre. Il s’achète un costume de plongeur, et sort en ville. Évidemment, sa première virée tourne mal… très mal. Mais ça ne l’empêche pas de s’y remettre. Et, un jour, un quidam le filme avec son téléphone portable en train de se battre ; la vidéo file sur YouTube : et c’est la gloire. Il a désormais un nom : Kick-Ass. Et plein de fans. Et il suscite même des imitateurs.
… pas forcément aussi « gentils » que lui. C’est ainsi qu’il fait la rencontre de Hit-Girl, tout juste dix ans, et Big-Daddy, deux psychopathes qui éradiquent tout sur leur passage. Et ça, ça lui fout les glandes, à Kick-Ass.
Sans compter que la vie de super-héros, en vrai, ça fait mal. Très mal. Et que, identité secrète oblige, ça n’améliore pas pour autant ses relations avec le beau sexe. Pour fréquenter celle qu’il aime, il va jusqu’à se faire passer pour gay, et donc « non sexuellement menaçant »…
Au final, tout ça donne une réjouissante satire des comics super-héroïques, couillue et politiquement très incorrecte, mettant le réalisme au premier plan et salement gore. Sur le plan du scénario comme sur celui du graphisme, c'est irréprochable. A n'en pas douter un des meilleurs comics du moment.
Et j'ai encore moins envie d'aller voir le film.
Mark MILLAR & John ROMITA, Jr. - Kick-Ass
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