Entre réalisme et culture de l’absurde, cette novella est un petit bijou d’Anticipation. Un des meilleurs titre de la collection Une Heure Lumière pour moi.
Le résultat est très efficace. On ne peut que recommander la lecture de cette novella, nouvelle démonstration de l’utilité de ce qu’on appelait dans les années 70 la « Speculative-Fiction ».
Robert Jackson Bennett signe avec Vigilance un roman coup de poing qui nous dépeint une Amérique futuriste glaçante de familiarité. Avec cruauté et lucidité, l’auteur nous plonge au cœur de la violence de cette société en pleine déliquescence, plus obsédée par l’idée de se protéger d’un péril imaginaire que de se pencher sur les véritables dangers qui causeront leur perte. A lire absolument !
"Distributeur officiel des claques de lecture les plus cinglantes et coruscantes des imaginaires en France, la collection "Une heure-lumière" du Bélial' fait aussi dans le coup de boule." Ca, c'est le blurb pour le Hors-série UHL 2021! JDB
Vigilance est ainsi un roman qui prend aux tripes, presque insoutenable par moments car tellement réaliste. C’est le portrait sans fard de l’Amérique de demain, d’un pays où la seule loi est l’argent, la manipulation est reine, et dans lequel la vie humaine n’a plus vraiment de valeur. Sans conteste, un roman brillant et un grand cru dans la collection Une-heure lumière.
Oué ! C'en est un bon ! Je suis ravi qu'autant de lecteurs aient « aimé ». De mon côté, ça n'a pas été la révélation ni une lecture plaisante mais je crois que Vigilance est simplement nécessaire.
En revanche, à l'instar d'Apophis, je n'y ai pas vu une anticipation et même tout juste de la SF. Certes, Bennett balance deux ou trois machines et éléments de contexte qui inscrivent son texte dans la SF mais, à mes yeux, il ne fait que décrire ce qui est notre quotidien depuis des dizaines d'années.
De mon côté, dès les premières pages, j'ai pensé au regretté Robert Sheckley, auteur de la nouvelle Le Prix du danger (publiée en 58 dans le n°57 de Fiction) et qui a en effet été adaptée à l'écran en France, mais aussi de la série Victime qui me semble être proche du roman de Bennett par certains côtés.
J'ai tout de même l'impression que, même s'il situe son récit aux États-Unis, Bennett nous cause d'un truc qui existe partout dans le monde : la peur et l'immense compétence de tout un tas de personnes qui s'emploient à l'instaurer, la diffuser et la cultiver. Je ne crois pas une seconde que l'ennemi du peuple américain soit le peuple américain. Maintenir les foules dans une peur constante, en effet, c'est loin d'être nouveau. Le très médiatisé et maintenant bien connu La Stratégie du choc en cause depuis 2007, ainsi que d'autres essais et deux ou trois wagons d'auteurs de SF. Mike Davis en cause également, même si son propos recouvre d'autres sujets. Je crois qu'on a déjà parlé de ce Monsieur et d'un extrait de ses textes (Au-delà de Blade Runner) quelques part dans cette maison.
Pour revenir à Bennett et Vigilance, le titre du bouquin me « turlupinait » mais ce n'est qu'à la moitié que j'ai fini par faire le lien (peut-être à tort ? ce ne serait pas la première fois...) avec le Neighborhood Watch et maintenant Vigilance (dont j'ignorais l’existence avant quelques recherches sur le net aujourd'hui et de multiples feintes pour passer indemne entre les alertes « Vigilance Météo » et autres liens vers le même type de sites). Au-delà, de la vente d'armes (qui est loin d'être une spécificité États-Unienne) et du danger que peuvent être certaines utilisations des nouvelles technologies, j'ai eu le sentiment que c'est surtout cette distillation et culture de la peur que dénonce l'auteur ici. Comme dit plus haut et par d'autres lecteurs : rien de nouveau. Pour s'en persuader, il faut jeter un œil sur les textes de et sur Hannah Arendt (que je n'ai pas lus mais je me suis renseigné).
Quant à la fin, pour peu qu'on ait lu le roman avec le bon filtre, elle est irresistible d'humour. Ben oui, comème, si les armes et la technologie « malveillante » jouent leur rôle dans cette chute éclair, cette dernière est tout de même principalement due au fait que John McDean a manqué... de vigilance, tellement occupé qu'il était à se laisser mener par le bout du gland par Tabitha. Paradoxalement, son attention s'est... relâchée. C'est drôle, non ? Non ? Z'êtes sûrs, c'est pas drôle ?On dirait presque du Dufour, pourtant...
Par ailleurs, comme j'ai lu aussi, cette fois avec grand plaisir, les propos de nos ami(e)s traductrices et traducteurs dans le HSUHL, je serais très intéressé par l'avis de Gilles Goullet sur ce texte. D'autant plus que, même s'il ne semble pas être un grand bavard, il dit à coup-sûr les choses telles qu'il les pense. Ce que je trouve cool.
Allez zou, je vais tenter de trouver une lecture plus « délassante ». Le Monde selon Zuckerberg, au hasard. Avec ces premières lignes qui annoncent « Dans son esprit, il s'agissait moins de s'efforcer d'effrayer à tort que d'alerter à temps. Mais il était incapable de savoir dans quelle proportion l'un pouvait aller sans l'autre », pour sûr, ça va me détendre et me dépayser.
Modifié en dernier par Aldaran le 09 octobre 2020 à 16:23, modifié 2 fois.