La science-fiction est un de vos terrains de jeu favoris. Comment y avez-vous atterri ?
Grâce à mon père. Mes parents ont divorcé lorsque j'avais 3 ans, mais ils n'habitaient pas loin l'un de l'autre. A mes yeux, mon père était quelqu'un d'un peu mythique, un fils de famille en rupture avec son milieu, un type qui brassait beaucoup et parlait bien. Je passais le voir quand j'en avais envie, « à la demande ». Un jour, j'avais 14 ans, il m'a mis une revue dans les mains en me disant : « Tu vas voir, c'est nouveau, ça révolutionne la pensée, ça va te plaire. » Comme moi, il avait cet emballement pour la nouveauté et l'écume des choses plutôt que l'érudition. Effectivement, cela m'a beaucoup plu, et j'étais content d'aimer quelque chose qu'il aimait. La SF est un genre essentiellement littéraire où, malheureusement, il ne se passe plus grand-chose. Le merveilleux, la fantasy ont pris le dessus et les grands auteurs Philip José Farmer, Jack Vance, Philip K. Dick ou Asimov ont quitté la scène. Il n'y a plus guère de Dean Koontz qui m'excite encore. Le cinéma adapte, recycle, et il n'y a qu'en BD que la SF vivote encore. Mais je dois avouer qu'aujourd'hui les seules BD qui me plaisent en matière de SF, ce sont les miennes. Les autres sont trop sérieuses ou trop sarcastiques : ça dénonce, ça prévient, ça maudit et c'est très vite chiant.
Une interview à lire sur Télérama.fr :
http://www.telerama.fr/livre/moebius-j- ... ,60801.php