Le marché du livre électronique en panne ?

Herbefol
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Re: Le marché du livre électronique en panne ?

Messagepar Herbefol » 16 septembre 2012 à 19:58

thomasday a écrit :Tout ça se met en place, la position de Gallimard va forcément changer, s'adapter au marché, mais elle a une vertu qu'on ne peut pas lui enlever, c'est qu'elle protège la librairie indépendante d'un effondrement brutal du CA du livre. L'effondrement a lieu, - 30% pour certains éditeurs, mais ça pourrait être encore pire.

Mais cet effondrement du CA actuel n'est, a priori, pas du au numérique. Et puis protéger la librairie indépendante, d'accord, mais combien de temps et pour en faire quoi ? D'autant plus que je ne pense pas que l'objectif des maisons d'éditions soit de protéger les librairies, mais de garder un acteur que l'on peut continuer d'inonder de titres et d'office pour faire de la trésorerie.
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Jean-Claude Dunyach
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Re: Le marché du livre électronique en panne ?

Messagepar Jean-Claude Dunyach » 16 septembre 2012 à 21:04

J'aime beaucoup ce genre de discussion, en raison de la quantité effarante de trucs bizarres qui se dit.
Quelques remarques en vrac:
1) c'est l'éditeur qui décide du prix de ses ouvrages. Si Galligraseuil, et le cher Antoine, les maintient élevés, c'est une décision purement marketing (le surcoût de l'édition numérique d'un livre récent - dont on possède déjà le fichier de mise en page sous forme numérique - c'est quelques dizaines d'euros).
Cette décision de maintenir des prix élevés est annoncée partout commre "protégeant les librairies" (qui ne font pas partie du groupe Gallimard) alors qu'elles ont surtout pour but de protéger les distributeurs/diffuseurs (qui eux, appartiennent aux grands groupes et qui ne servent à rien avec le numérique).
2) la part que touche l'auteur dans une édition numérique de son livre dépend de deux choses : le prix de l'ouvrage numérique ET LE POURCENTAGE QU'IL TOUCHE SUR CE PRIX. Si l'éditeur me donne 8% du prix papier et 25% du prix numérique, il peut vendre le livre numérique trois fois moins cher, je touche pareil. Bragelonne, Le Bélial, l'Atalante (qui vise même plus haut), partent sur ce type de pourcentage. Gallimard/Folio m'a royalement proposé 5% de droits pour l'édition numérique (j'ai refusé :-). C'est sûr qu'avec ce pourcentage-là, il faut qu'ils vendent l'ouvrage au prix du caviar pour que je touche quelque chose de conséquent... Et l'éditeur, lui, se goinfrera.
3) Vendre des objets trop chers alors qu'ils sont librement et facilement copiable a un effet immédiat : il y a des tas de pirates qui apparaissent. Aussi bien des bénévoles qui font ça pour protester contre le principe même du truc - ne sous-estimez pas la puissance de quelques centaines de geeks motivés, ça donne 5000 ouvrages pirates de bonne qualité disponibles sur des sites français - que des mafias ! On est en train, en France, d'habituer les utilisateurs à piquer tout ce qu'ils peuvent parce que, de toute façon, les vilains éditeurs millionnaires exagèrent.
Et ça, on a vu ce que ça donne avec la musique, les partitions musicales, les livres scientifiques, etc. On sait quels effets pervers ça peut avoir, surtout si on continue ce genre de politique suffisamment longtemps pour que ça rentre dans les moeurs. L'industrie musicale ne s'en est jamais remise et il n'existe tout simplement pas de parade technique. Il y a de bons informaticiens des deux côtés de la barrière.
4) Il y a un grand absent dans toutes les discussions sur l'évolution de la chaîne du livre et les drames engendrés par la crise, le numérique et le reste... Cet absent, c'est l'auteur. Celui qui est en bout de chaîne et qui a du mal à survivre, alors que rien ne se fait sans lui. Or le numérique offre justement à l'auteur des possibilités de liberté et de gains particulièrement intéressantes, et pas vraiment difficile techniquement. Vous croyez qu'on va se priver, franchement ?

Bref, l'attitude de certains gros éditeurs français est dommageable et suicidaire, y compris pour leurs collègues. Mais je renonce à essayer de discuter avec eux. Au contraire, j'encourage mes copains auteurs à se prendre en main et à faire eux même le travail - simple - de publication de leurs ouvrages en numérique. J'ai fêté dernièrement le 100ième bouquin numérique mis en ligne sur Amazon grâce à mon tutoriel (et je suis sûr qu'il y en a d'autres dont j'ignore l'existence). Une goutte d'eau, certes, mais le bouche à oreille fonctionne.
On n'a pas fini de rigoler...
Je compte pour un. Comme chacun de vous.

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Re: Le marché du livre électronique en panne ?

Messagepar Algernon » 16 septembre 2012 à 22:45

*lève les yeux de son livre*
*regarde la discussion en cours*
*tourne la tête et jette un coup d’œil rapide sur son iPad qui prend la poussière sur une armoire*
*regarde à nouveau la discussion*
*replonge dans son livre*
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Re: Le marché du livre électronique en panne ?

Messagepar Herbefol » 16 septembre 2012 à 22:51

Jean-Claude Dunyach a écrit :Et ça, on a vu ce que ça donne avec la musique, les partitions musicales, les livres scientifiques, etc.

C'est surtout ce point-là qui moi m'agace dans toute cette affaire. Le fait que l'on sait déjà quelques sont les mauvaises idées et que pourtant les grands groupes donnent l'impression de suivre exactement le même cheminement que les maisons de musique. D'un côté, je les comprends, elles protègent leurs filiales diffusion/distribution qui sont menacées par le numérique. Mais c'est faire une digue de sable contre la marée. Beaucoup d'efforts dans la mauvaise et à la fin, la vague passe quand même et ceux qui ne se sont pas préparés à la chevaucher finissent noyés.
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Re: Le marché du livre électronique en panne ?

Messagepar JDB » 17 septembre 2012 à 08:09

Un aspect du développement du livre numérique qui n'est pas abordé dans les discussions (ou alors j'ai mal vu), c'est le rôle que peuvent jouer les ouvrages du domaine public.
Je m'explique.
En livre papier, un ouvrage de Balzac, Stendhal, Hugo, etc., coûte le même prix au format poche (ou un peu moins) qu'un roman de Nothomb, Angot, etc.
En livre électronique, un ouvrage du domaine public peut être proposé gratis, et ce de façon parfaitement légale.
En France, comme semblent le montrer les listes des meilleures ventes, de nombreux lecteurs continuent de lire et de relire les classiques, qu'ils paient donc en papier au même prix que des ouvrages contemporains. Que va-t-il se passer lorsqu'ils comprendront qu'à condition d'acheter une liseuse ils ont accès gratuitement à tout Balzac, tout Stendhal, tout Hugo, etc ?
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"Passablement rincé", qu'il dit.
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Re: Le marché du livre électronique en panne ?

Messagepar drimchal » 17 septembre 2012 à 09:28

Farfadet a écrit :
Drimchal a écrit :Franchement, le piratage, j'y ai pensé aussi. Mais bon, déjà c'est pas trop ma tasse de thé, et puis acheter une liseuse grosso-modo juste pour lire des livres piratés... Ca me semble assez malhonnête.

Les livres piratés ne représentent que la minorité du contenu de ma liseuse. Le plus gros c'est le Bélial'/Bragelonne et livres libres de droits.


Je ne parlais que pour moi, là ^^
Si effectivement, ces livres que je trouve trop cher représentait une minorité de ce que je veux en liseuse, ça m'embêterait moins. Mais en l'état, je n'acheterais une liseuse que pour mettre des livres piratés dessus et ça, je m'y refuse.
Et j'ai encore trop de livres dans ma pile de livres à lire (une trentaine, j'ai réussi à la diminuer par deux ces derneirs mois) pour que les livres libres de droit m'intéressent. Plus tard, je me (re)ferais bien certains classiques mais pas pour le moment.

yogo a écrit :Je ne comprends pas ton calcul, comment tu passes de 7 livres papier à 22 livres numériques ?


Ce sont des éditions "intégrales", sorties bien après les éditions simples, qui contiennent toutes 3 bouquins par livre (sauf le dernier tome qui en contient 4) donc 7*3+1 donne 22 bouquins. Ce qui est bien la raison pour laquelle les lire en numérique soulagerait mon dos dans les transports (chaque bouquin faisant pratiquement 1000 pages, en grand format...)
Or, les éditions numériques ne prennent en compte que les livres simples, donc il faudra bien en payer 22.

Je peux comprendre que sur des livres récents, les prix soient plus chers. Mais là, ce sont des livres sorties une fois en grand format, une fois en intégrale et une fois aussi en poche, qui commencent à dater puisque mes deux premières intégrales ont un prix en franc.
Pourquoi continuer dans ce cas-là à baser le prix du numérique par rapport au prix du grand format unitaire et pas par rapport aux deux autres formats?

Et je comprendrais aussi qu'il y ait un prix plus élevé pour garder un bon pourcentage pour l'auteur, mais j'ai bien compris que ce n'était malheureusement pas vraiment le cas.

La politique d'éditeurs comme Le Belial, qui propose des prix raisonnables pour les livres numériques et des combos papier/numérique, ou d'auteurs comme Jean-Claude Dunyach, qui mettent leurs propres livres en numériques, est vraiment représentatif de ce qui m'inciterait à prendre une liseuse. Et quand j'en aurais une (car je pense que je finirais bien par en avoir une), je suis sûre que je suivrais avec intérêt ce genre de chose.
Il y a quelques années, j'étais ce qu'on peut appeler une lectrice/acheteuse limite compulsive. Mes copines du lycées savaient qu'elles pouvaient me laisser au rayon Fantasy/SF de la Fnac pendant des heures pour regarder leurs propres trucs et me retrouver au même endroit, un mètre plus loin, les bras chargés de bouquins. Les années passant, un bébé, une maison et un copain travaillant à son compte plus tard, je suis obligée de n'acheter que des bouquins dont je suis sûre au moins à 80% qu'il vont me plaire d'après diverses critiques.
Mais avec le numérique et des prix "attractifs", je me dit que je pourrais retrouver cet envie de "flâner", de piquer un bouquin juste comme ça, parce que la couv ou le descriptif m'a plu. S'il ne me plait pas, ce n'est pas grave, il ne m'aura pas coûté un bras et ça ne fera pas un livre à se débarrasser de plus. Je n'hésiterais plus à acheter un livre "à la mode" que je sais que je ne garderais pas à la fin, mais juste pour me rendre compte de moi-même ce qu'il vaut et pouvoir en parler en sachant de quoi je parle et pas juste par "on-dit"...
Tout en continuant à acheter en papier certains bouquins, ceux que je suis sûre de garder, voir des livres numériques qui m'auront finalement bien plu...

Enfin, ça, ce serait vraiment un monde idéal...
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Re: Le marché du livre électronique en panne ?

Messagepar kris » 21 septembre 2012 à 10:37

Comme le sujet du piratage d'e-book a été abordé, j'en profite pour poser une question qui me turlupine depuis un ptit bout de temps .... Comment un site de piratage de bouquins comme teamalexandriz (leader du marché FR je pense ;)) est encore online ???
Quand je vois qu'un bouquin comme "black out de willis" se trouve déjà sur le site alors que je l'ai acheté à 1€ pendant la promo bragelonne, je me dis qu'il y a quand même un gros problème ... alors OK pour des bouquins pas connus ou bien qui ne seront jamais "rediffusés" mais pas pour des bouquins récents nom de tchieuuuuuuuu ;) !!
Comment se fait-il que des maisons comme bragelonne/belial & co ne s'associent pas pour faire fermer des sites comme cela ???

Merci d'avance pour les éclaircissements que vous m'apporterez :D

(nb : je ne prétend pas qu'en fermant des sites comme cela, la vente des e-books explosera ;))
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Re: Le marché du livre électronique en panne ?

Messagepar christian » 21 septembre 2012 à 11:38

jdb a écrit :Un aspect du développement du livre numérique qui n'est pas abordé dans les discussions (ou alors j'ai mal vu), c'est le rôle que peuvent jouer les ouvrages du domaine public.
Que va-t-il se passer lorsqu'ils comprendront qu'à condition d'acheter une liseuse ils ont accès gratuitement à tout Balzac, tout Stendhal, tout Hugo, etc ?
JDB


C'est vrai que c'est impressionnant ! et même en payant un peu.

Au lieu d'offrir un dico Larousse aux collégiens à leur entrée en 6ème, il faut leur donner une liseuse.
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Re: Le marché du livre électronique en panne ?

Messagepar Sybille » 21 septembre 2012 à 22:10

christian a écrit :Au lieu d'offrir un dico Larousse aux collégiens à leur entrée en 6ème, il faut leur donner une liseuse.


C'est déjà le cas : petit à petit, les collégiens sont équipés de livres numériques à la place des lourds volumes qui leur pourrissent le dos.
Une fois adultes, pas sure que le livre papier leur semble le plus naturel des deux formats.
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Re: Le marché du livre électronique en panne ?

Messagepar ubikD » 22 septembre 2012 à 10:19

C'est déjà le cas : petit à petit, les collégiens sont équipés de livres numériques à la place des lourds volumes qui leur pourrissent le dos.

Une statistique là-dessus ?

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