Lhisbei a écrit :Et c'est aussi une affaire de budget. Caser des salariés dans un open space coûte moins cher en m2 (et en loyer) que de leur donner accès à des bureaux individuels. Le bureau individuel devient aussi un marqueur hiérarchique, un signe extérieur de pouvoir. Et l'espace de l'open space se réaménage plus facilement et pour moins cher quand il y a des variations du nombre de salariés (télétravail, augmentation ou diminution de la taille de l'équipe).
La décision de prendre des bureaux en open-space est toujours financière (c'est la contrôleuse de gestion qui parle). L'économie en m2, et donc en loyer, est significative (surtout pour les bureaux dans les agglomérations où les prix sont élevés). Pour faire passer la pilule auprès des syndicats, la Direction construit un discours axé sur les ressources humaines et la communication interne, mais c'est une démarche
a posteriori pour justifier le nouveau environnement de travail : "meilleure communication entre les équipes", "travail collaboratif", "vous aurez un baby-foot" et tutti quanti.
Albumine Tagada a écrit :Oui, tu as parfaitement raison : c'est un espace semi rationalisé, dont la souplesse permet de faciliter la gestion des "ressources humaines" ! La logique de l'open space est aussi intéressante en ce qu'elle est profondément liée à l'informatique et, par conséquent, à la problématique du câblage élec et réseau.
C'est un des loupés de la série Severance, je trouve, de ne pas avoir réussi à faire ressentir ni à expliquer l'aliénation très particulière qu'induit l'open space^^
Disons plutôt que la décision d'avoir des bureaux en open-space est financière (plus de salariés dans moins d'espace), et toute l'entreprise doit s'adapter à une nouvelle donne, l'informatique y compris. S'il était beaucoup plus intéressant de revenir à des bureaux classiques, on demanderait à la direction informatique de revoir ses plans, sans qu'elle ait son mot à dire.
Les travaux des psychologues du travail mettant en lumière les impacts négatifs sur les salariés ont obligé les entreprises à revoir les agencements pour atténuer une partie des inconvénients, mais c'est à la marge (sentiment de dépossession de son espace de travail et de déshumanisation, bruit, etc). On pose des cloisons à mi-hauteur pour évoquer des pièces à taille humaine, on met des revêtements anti-bruit, on soigne un peu la décoration. L'impression de "contrôle" de la part de la direction avait été soulignée... et ça revient en boomerang avec le télétravail : les nouveaux outils bureautiques permettent de voir qui a allumé son PC et qui est connecté (Aaaah Teams). Aux USA, on a maintenant des logiciels qui vérifient que les salariés travaillent réellement sur le PC (au lieu de l'allumer et de faire autre chose en même temps) (c'est beau, la technologie). J'ai lu des témoignages de salariés américains vraiment flippés par cette intrusion, car ces logiciels alertent quand l'écran n'a pas bougé pendant x minutes. Cependant, je ne suis pas sûre que ce type d'instrument de contrôle soit légal en France sans un accord avec les syndicats.
Albumine Tagada a écrit :L'open space, c'est une affaire de surveillance et de contrôle avant tout - pas très éloignée du panoptique, d'ailleurs. Et vous noterez aussi que les patrons ont généralement un bureau qui se ferme, eux ;^p
Pour les bureaux particuliers des patrons, c'est la même logique que la voiture de fonction : c'est pour le statut. On met souvent en avant la nécessité de la confidentialité des discussions, mais sur mes dernières missions j'ai vu que les membres du comité de direction n'en avaient pas et réservaient des salles en cas de nécessité, comme tout le monde. Comme quoi, les entreprises qui conservent cette tradition le font vraiment pour le statut.