Pour qui sonne le glas.
- Pierre-Paul Durastanti
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Re: Pour qui sonne le glas.
C'est clair que le prix unique, c'est mal. On le voit bien, d'ailleurs : les disquaires indépendants ont tous survécu (jusqu'à l'arrivée du numérique), à la différence des libraires indépendants...
Re: Pour qui sonne le glas.
Pierre-Paul a écrit :C'est clair que le prix unique, c'est mal. On le voit bien, d'ailleurs : les disquaires indépendants ont tous survécu (jusqu'à l'arrivée du numérique), à la différence des libraires indépendants...
Je peux te retourner ce genre d'argument : c'est tellement cool le prix unique que les libraires indépendants s'en sortent (mais non, personne ne met la clé sous la porte) et qu'Amazon n'est pas en train de s'installer en chef de marché sur le territoire.
Restons la tête dans le sable...
L'affaire Herbefol
Au sommaire : La pointe d'argent de Cook, Black Man de Morgan, Navigator de Baxter, Cheval de Troie de Wells & The Labyrinth Index de Stross.
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Re: Pour qui sonne le glas.
Herbefol a écrit :J'aurais plutôt tendance à penser que le prix unique c'est du pain béni pour Amazon.
Tu peux développer stp ?
Re: Pour qui sonne le glas.
Herbefol a écrit :J'aurais plutôt tendance à penser que le prix unique c'est du pain béni pour Amazon.
Non : le prix unique en France, c'est tout ce qui empêche Amazon d'écraser la concurrence en vendant à perte avant d'être en situation de monopole, d'avoir tout pouvoir pour imposer leurs conditions aux éditeurs et finalement augmenter les prix des livres pour faire enfin le bénéfice que réclament les actionnaires, comme ça commence à se faire aux US.
D'ailleurs personne ne dit que les libraires indépendants pêtent la santé, juste qu'ils vont mieux que les disquaires indépendants, tout comme un cancéreux en phase terminale va mieux qu'un mec qui est mort du cancer il y a 30 ans.
Re: Pour qui sonne le glas.
Herbefol a écrit :Je peux te retourner ce genre d'argument : c'est tellement cool le prix unique que les libraires indépendants s'en sortent (mais non, personne ne met la clé sous la porte) et qu'Amazon n'est pas en train de s'installer en chef de marché sur le territoire.
Là, j'ai du mal à te suivre : en quoi le fait que le livre soit au prix unique a-t-il fait en sorte qu'Amazon s'installe en chef de marché ?
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- Axiomatique
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Re: Pour qui sonne le glas.
Bruno a écrit :Herbefol a écrit :Je peux te retourner ce genre d'argument : c'est tellement cool le prix unique que les libraires indépendants s'en sortent (mais non, personne ne met la clé sous la porte) et qu'Amazon n'est pas en train de s'installer en chef de marché sur le territoire.
Là, j'ai du mal à te suivre : en quoi le fait que le livre soit au prix unique a-t-il fait en sorte qu'Amazon s'installe en chef de marché ?
D'autant que Amazon s'est bel et bien mis hors-la-loi en ignorant la Loi Lang à plusieurs reprises (dont la gratuité des frais de port, donc, qui ne respecte pas le prix unique, du coup).
Et de toute façon, s'il n'y avait eu la Loi Lang, il n'y aurait pas de débat là-dessus aujourd'hui, les libraires indés n'existeraient plus depuis belle lurette.
Re: Pour qui sonne le glas.
Clément a écrit :Non : le prix unique en France, c'est tout ce qui empêche Amazon d'écraser la concurrence en vendant à perte avant d'être en situation de monopole, d'avoir tout pouvoir pour imposer leurs conditions aux éditeurs et finalement augmenter les prix des livres pour faire enfin le bénéfice que réclament les actionnaires, comme ça commence à se faire aux US.
Le prix unique ralenti juste la mise en place de cette hégémonie. C'est plus long, mais ça coûte moins cher à Amazon du coup, qui a fait joyeusement trente-cinq pour cent de marge sur les montagnes de Harry Potter lors des lancements de ces derniers (alors que sur les VO de ces mêmes bouquins ça c'est fait à perte).
De plus, ça rend aussi plus difficile la tâche à tout autre grosse boutique qui voudrait se lancer sur le marché pour faire concurrence à Amazon (s'il en prenait l'envie à quelqu'un).
D'ailleurs personne ne dit que les libraires indépendants pêtent la santé, juste qu'ils vont mieux que les disquaires indépendants, tout comme un cancéreux en phase terminale va mieux qu'un mec qui est mort du cancer il y a 30 ans.
L'analogie est intéressante, merci de me la servir sur un plateau.
Ce que je perçois du secteur à l'heure actuelle, c'est une obsession autour d'Amazon. On croirait que c'est la source de tout les maux et que l'éliminer permettra de résoudre les problèmes, alors qu'il n'en est rien.
Le malade se meurt, on se bat pour lui injecter du palliatif en veux-tu en voila, mais au final, il mourra quand même de son cancer tant on s'acharne sur le palliatif sans chercher s'il existe une cure.
Le secteur du livre souffre d'un certain nombre de problèmes, et à mon avis Amazon n'en est pas le plus important par contre ça fait un très bon vilain.
Le problème qu'illustre bien la question du prix unique est l'incapacité des acteurs du secteur à s'affranchir de certains paradigmes pour réfléchir à des solutions autres. Je ne dis pas "éliminons le prix unique tout ira mieux", je dis qu'il faudra réfléchir à sa possible fin. Sérieusement. Pas se contenter de l'habituel "non, c'est hors de question". Parce que le secteur va avoir besoin de solutions vraiment innovantes, pas des rustines comme on en bricole sans cesse à coup de "faut interdire les frais de port gratuits (parce que ça fera chier Amazon)". Tout ce que je vois, ce sont des gens en train de se demander comment leur ligne Maginot peut bloquer des panzers qui ont déjà franchit la Meuse et cheminent tranquillement vers la mer. Les combats d'arrière-garde ça fait toujours de belles images, mais pour continuer la guerre faut savoir franchir la Manche et comprendre qu'il faut la faire autrement.
Ah oui, un autre point sur la musique, puisqu'on aime bien me servir du disquaire. Est-ce que ça manque à quelqu'un ? Je veux dire, la musique s'est-elle appauvrit ? Les auditeurs n'arrivent-ils plus à trouver ce qui leur convient ? Les artistes ont-ils vu leur condition empirer ?
Tout ce blablabla c'est bien mais des solutions, est-ce que j'en ai ? Non, sinon je vous les aurais déjà proposé. En même temps, je ne suis ni auteur, ni éditeur, ni libraire, ma survie ne dépendant pas du livre, je suis forcément un peu moins motivé à trouver des portes de sorties. Mais ce qui me parait assez évident c'est que tant qu'on se contentera de proposer des actions visant à maintenir le système existant alors qu'il faudrait le faire évoluer. Sérieusement.
J'avoue que quelque part j'en veux en particulier au secteur de la SF de ne pas être capable justement d'imaginer autre chose en la matière, de rester coincé dans une boite sans se demander comment on peut vivre à l'extérieur. Si je vous fait chier avec ça, c'est parce que j'aime bien le secteur et ses acteurs et que ça me gonflerait bien de voir tout ça finir par crever parce que ça a foncé droit dans le mur sans jamais se demander s'il était possible de franchement braquer d'un côté ou de l'autre (voire de sortir d'un plan et d'évoluer dans un espace en trois dimensions).
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Re: Pour qui sonne le glas.
Herbefol a écrit :Ah oui, un autre point sur la musique, puisqu'on aime bien me servir du disquaire. Est-ce que ça manque à quelqu'un ? Je veux dire, la musique s'est-elle appauvrit ? Les auditeurs n'arrivent-ils plus à trouver ce qui leur convient ? Les artistes ont-ils vu leur condition empirer ?
Attention, ce n'est pas une attaque et je trouve intéressant ce que tu dis, mais sur ce point-là, désolée, en dehors de ces considérations générales, oui, les disquaires me manquent. Énormément. Avant, j'essayais des trucs, j'avais deux disquaires intéressants dans ma ville, un plus mainstream, un pour les trucs plus anciens ou différents. Un pour trouver Muse, l'autre pour trouver King Crimson. C'est d'ailleurs grâce au second que j'ai "In the court of the Crimson King" (que je n'ai plus jamais recroisé ailleurs en Belgique - en Angleterre bien par contre, mais je l'avais déjà)(je le sais parce que je cherche d'autres albums du groupe et que les deux seuls que j'ai jamais pu trouver, je les ai eus grâce à un vieux disquaire en Italie). A l'époque, je testais des trucs, je pouvais les écouter un peu avant d'acheter, je pouvais demander conseil à quelqu'un qui pouvait surprendre. Maintenant, j'avoue que je ne découvre plus grand chose. J'écoute des trucs sur Youtube de temps en temps, bien sûr. Mais j'écoute rarement de la musique chez moi. La musique, c'est pour dehors, pour quand je marche, pour quand je fais mes courses, pour quand je prends le train et, surtout, pour quand je conduis. Sauf qu'à la radio, on ne passe plus rien qui me plaise et que dans ma voiture et dans mon lecteur MP3 tournent les mêmes vieux albums parce que depuis 2-3 ans, je ne découvre plus grand chose de nouveau. Si je veux aller dans un endroit pour trouver des trucs autres que la musique édulcorée qui passe à la radio (j'en ai marre des balades pop-jazzy et des boysbands, ou encore des nouveaux albums de groupes ayant débuté quand j'étais ado et qui finissent par faire encore et toujours la même chose), je dois aller à Bruxelles, chez moi j'ai un Free Record Shop qui n'a que les derniers gros succès qui me courent sur le haricot et qui a encore réduit sa surface d'exposition. Et, non, je n'achète toujours pas sur internet, j'ai toujours mes raisons pour ne pas le faire et ça ne risque pas de changer tant que je ne gagnerai pas mieux ma vie, c'est-à-dire certainement jamais.
Donc, oui, les disquaires me manquent, et pas qu'un peu. La musique me manque parce que je ne peux plus la consommer comme je veux, comme j'en ai envie, comme je le faisais avant. Je ne fais que ressasser mes vieux goûts et, à la fin, ça me retire même l'envie d'écouter de la musique, j'en viens à préférer les radios blablateuses et les audiobooks à la place. Pourtant j'adorais découvrir des trucs. Mais là, je n'ai plus de quoi me ressourcer et même si je trouvais quelque chose me plaisant, je ne pourrais l'acheter qu'à Lille ou à Bruxelles, villes dans lesquelles je vais qu'une ou deux fois par an. Mais encore une fois, on va me dire que je suis un dinosaure et que je n'ai qu'à me débrouiller avec les infinies possibilités d'internet. Mais personne n'a l'impression qu'il y en a tellement qu'il devient impossible à quelqu'un qui ne s'y connaît pas trop au départ comme moi de savoir vers quoi creuser?
Alors la musique ne s'est peut-être pas appauvrie (quoique, sérieusement, je trouve que si, comme je le disais ailleurs dans le forum, je m'étonne de ne voir émerger aucun groupe populaire qui fasse autre chose que de la musique préformatée du type boysband ou jazzy doux et sage)(où sont les Nirvanas, Korn ou Blur de notre époque? Pourquoi ne retrouve-t-on que les groupes de mon adolescence à faire de la musique "différente" dans groupes qui ont du succès - et qu'on peut donc trouver plus facilement?). Donc encore une fois, les disquaires me manquent. Et si les libraires disparaissent, une grosse partie de ce qui me donne du plaisir dans ma vie disparaîtra aussi. J'ai certes une vie triste, je n'en doute pas, mais ça ne change rien à la chose. Est-ce que je suis vraiment la seule à être dans ce cas?
D'où l'intérêt que je porte à ce sujet que je ne maîtrise pas du tout. Et j'avoue que j'ai l'impression d'encore moins comprendre la chose maintenant... o_O
Re: Pour qui sonne le glas.
Une chose m'échappe. Si Amazon (ou la Fnac d'ailleurs qui fait les 5% et la livraison gratuite) est hors la loi avec son système, comment est-ce possible quece même système se pratique depuis des années ?
"Sauvez un arbre, mangez un castor"
Re: Pour qui sonne le glas.
Farfadet a écrit :Une chose m'échappe. Si Amazon (ou la Fnac d'ailleurs qui fait les 5% et la livraison gratuite) est hors la loi avec son système, comment est-ce possible quece même système se pratique depuis des années ?
Je crois que sur la question de la gratuité des frais de port, il y a surtout un problème d'interprétation de la loi.
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