Je pense que le public est prêt pour la sf, dans sa tête, mais il ne se l'avoue pas. On peut voir des auteurs de blanche s'y essayer à la sf, Jean-Christophe Rufin avec Globalia, Marc Dugain avec Transparence, Hervé Le Tellier avec L'Anomalie, Laurent Gaudé avec Chien 51.
Le public est comme mon chien : pour lui faire avaler la pilule, il faut la fourrer dans un bon gros morceau de pâté. La sf, mais qui s'avoue pas comme telle. c'est ça qu'il aime, le public de blanche.
Donc je pense pas qu'elle disparaît complètement. Mais une partie se déguise.
La SF disparaît-elle des radars ?
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Re: La SF disparaît-elle des radars?
Gilles Dumay - Albin Michel Imaginaire a écrit :Pour moi (et je dis bien "pour moi") le vrai "test" ça va être Les Chants de Nüying d’Émilie Querbalec.
Parce que c'est un vrai roman de science-fiction.
Parce qu’Émilie s'est fait un nom très vite.
Parce que c'est une femme qui écrit de la science-fiction en français.
Parce qu'elle apporte quelque chose de typiquement asiatique au genre.
Je suis d'accord. C'est à désespérer si la presse ne parle pas de ce roman, qui restera sans doute dans l'histoire de la SF francophone, et qui en prime aura sans doute un beau succès public, comme Quitter les monts d'Automne (je lui souhaite, en tout cas, ne serait-ce que parce qu'Emilie Querbalec a réussi à rebondir brillamment après un premier succès - perso, j'avais peur d'être déçu, mais j'ai été bluffé).
JDB a écrit :Hugues Robert est un libraire généraliste qui aime la SF. Il me corrigera si je me trompe, mais je pense qu'il doit critiquer en majorité de la litgen pour Le Monde.
En fait, sur 3 recensions, il y en a 2 de pure SF (Tè Mawon et Nos futurs solidaires) contre 1 d'imaginaire infiltré en litgen (Sorrowland), et une quatrième chronique concerne la mort de Valerio Evangelisti...
FeydRautha a écrit :C'est un avis et je ne le partage pas. Non pas que le roman en question dans cet autre fil ne soit pas bon, il est au contraire excellent. Mais il ne constitue pas à mon sens le fer de lance de l'imaginaire. Si je devais faire un parallèle avec le monde académique, c'est un très bon livre de vulgarisation. (Oui, c'est mon côté élitiste qui parle.)
La Cité des nuages et des oiseaux, en sus d'être un excellent bouquin, est sans doute aussi un excellent cas d'école pour analyser ce qui se passe : est-ce que la litgen est en train d'incorporer la littim ? est-ce que la litgen copie sans vergogne la littim, quitte à l'édulcorer ? mode passagère ou tendance de fond ? etc.
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Re: La SF disparaît-elle des radars?
Weirdaholic a écrit :
La Cité des nuages et des oiseaux, en sus d'être un excellent bouquin, est sans doute aussi un excellent cas d'école pour analyser ce qui se passe : est-ce que la litgen est en train d'incorporer la littim ? est-ce que la litgen copie sans vergogne la littim, quitte à l'édulcorer ? mode passagère ou tendance de fond ? etc.
Je rebondis car j'en parle rapidement dans ma chronique du livre, la question ne se pose qu'en France et pas du tout pour la litgen américaine qui a montré depuis longtemps qu'elle n'en avait rien à battre des supposées frontières entre les genres. La SF est largement incorporée dans le corpus littéraire. Il y a là une différence culturelle majeure.
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Re: La SF disparaît-elle des radars?
FeydRautha a écrit :Je rebondis car j'en parle rapidement dans ma chronique du livre, la question ne se pose qu'en France et pas du tout pour la litgen américaine qui a montré depuis longtemps qu'elle n'en avait rien à battre des supposées frontières entre les genres. La SF est largement incorporée dans le corpus littéraire. Il y a là une différence culturelle majeure.
Ah oui, c'est vrai ! Il me semble que Gnomon, par exemple, a été publié en litgen par les anglophones, et chez nous, en AMI (ce qui m'a permis de ne pas passer à côté, donc je ne me plains pas ^_^).
Ca serait intéressant de savoir comment ça se passe au niveau des achats de droit : est-ce que les agent.e.s des auteurs / autrices font de la prospection en ciblant tel.le éditeur / éditrice plutôt que tel.le autre, parce qu'ils / elles prennent en compte cette spécificité ? est-ce que dans la bataille pour acquérir les droits de traduction de tel ou tel ouvrage, il y a plus d'éditeurs de littim ou de litgen suivant la réputation du roman ? etc.
Re: La SF disparaît-elle des radars?
FeydRautha a écrit :Je rebondis car j'en parle rapidement dans ma chronique du livre, la question ne se pose qu'en France et pas du tout pour la litgen américaine qui a montré depuis longtemps qu'elle n'en avait rien à battre des supposées frontières entre les genres. La SF est largement incorporée dans le corpus littéraire. Il y a là une différence culturelle majeure.
Tout est dit, hélas. Et parfaitement dit.
“Tout notre raisonnement se réduit à céder au sentiment.” B. Pascal.
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Re: La SF disparaît-elle des radars ?
Pour l'instant le roman SF candidat au succès me parait être Chien 51.
Pourquoi ?
Je m'appuie sur la conclusion du compte-rendu de RMD :
"Chien 51 est un roman assis entre trois chaises: un décor de science-fiction générique pas réellement exploité, une intrigue policière peu surprenante et un fond politique qui aurait mérité d’être plus creusé. Alors le roman fonctionne tant bien que mal, mais tout cela manque de punch et de passages mémorables. Dommage."
Autrement dit du light partout : c'est le secret de L'Anomalie
Pourquoi ?
Je m'appuie sur la conclusion du compte-rendu de RMD :
"Chien 51 est un roman assis entre trois chaises: un décor de science-fiction générique pas réellement exploité, une intrigue policière peu surprenante et un fond politique qui aurait mérité d’être plus creusé. Alors le roman fonctionne tant bien que mal, mais tout cela manque de punch et de passages mémorables. Dommage."
Autrement dit du light partout : c'est le secret de L'Anomalie
Re: La SF disparaît-elle des radars ?
Soleilvert a écrit :Pour l'instant le roman SF candidat au succès me parait être Chien 51.
Pourquoi ?
Je m'appuie sur la conclusion du compte-rendu de RMD :
"Chien 51 est un roman assis entre trois chaises: un décor de science-fiction générique pas réellement exploité, une intrigue policière peu surprenante et un fond politique qui aurait mérité d’être plus creusé. Alors le roman fonctionne tant bien que mal, mais tout cela manque de punch et de passages mémorables. Dommage."
Autrement dit du light partout : c'est le secret de L'Anomalie
Et un auteur qui avait en son temps eu les honneurs d'une détestation des élèves passant le bac français. Franchement personnellement dans la famille Gaudé, je préfère la plume du grand frère qui au moins me fait rire sur Canard PC.
Modifié en dernier par Shibia le 08 septembre 2022 à 11:18, modifié 1 fois.
De l'autre côté des livres
if wishes were fishes we'd all cast nets
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Re: La SF disparaît-elle des radars?
FeydRautha a écrit :Je rebondis car j'en parle rapidement dans ma chronique du livre, la question ne se pose qu'en France et pas du tout pour la litgen américaine qui a montré depuis longtemps qu'elle n'en avait rien à battre des supposées frontières entre les genres. La SF est largement incorporée dans le corpus littéraire. Il y a là une différence culturelle majeure.
Là, je dépose un bémol.
Caveat: ça fait un bout de temps que je ne suis plus de près les débats agitant la SF (ou l'imaginaire au sens large, si vous préférez) en Anglosaxonnie, donc peut-être qu'il y a eu changement de paradigme, mais je garde le souvenir d'un "literary establishment" anglo-saxon cultivant son mépris pour les livres de genre estampillés comme tels et pratiquant allègrement ce que Gérard Klein appelle "le procès en dissolution".
A savoir: si c'est bon, ce n'est pas de l'imaginaire, c'est du réalisme magique, ou du fabulisme, take your pick.
Sinon, on fait comme si ça n'existait pas.
Et d'ailleurs (bon, faudrait que je retrouve les citations, ce qui demanderait des recherches), nombre des auteurs.trices d'émergence récente--et publiés.ées sous le label SF/fantasy/imaginaire--se réclament du "fabulisme".
Ce qui, à mes yeux, caractérise cette appellation, c'est (entre autres choses) qu'il n'y a plus aucune prise en compte de la dimension spéculative de la SF--le fameux "what if", i.e. "que se passerait-il si?...
Autrement dit, "tout ceci n'est que métaphore", comme le disait depuis longtemps (si ma mémoire est bonne) quelqu'un comme Christopher Priest.
Alors, avant que vous me traitiez de vieux con puriste, je ne nie pas à ce courant le droit d'exister. Je le trouve un peu envahissant, c'est tout.
D'un autre côté--je sais que c''est compliqué, et d'ailleurs j'ai besoin de paracétamol pour tenir le coup--, tous les auteurs qui se sont démenés pour écrire des "fables d'avertissement" ("cautionary tales") ont été si superbement ignorés durant leur période d'activité qu'on (moi, en vérité, mais peut-être ne suis-je pas seul) est amené à se demander si ça vaut la peine de signaler poliment que la maison brûle et que nous regardons ailleurs.
En attendant, je crois que je vais me consacrer à la lecture ou à la relecture de la SF des années 1950. C'est parfois fabuleux... et même fabuliste (les robots de surveillance qui plantent chez Dick ou Sheckley, ça ne vous dit rien?).
JDB
"Passablement rincé", qu'il dit.
Re: La SF disparaît-elle des radars ?
Pour ce que ca vaut (je suis tombe dessus en zappant et je n'avais pas le temps de regarder), hier dans la Grande Librairie, Laurent Gaude etait invite pour "Chien 51". Le bandeau mentionnait clairement "SF". Alors que l'article de franceinfo parle d'anticipation et de dystopie. Je suppose que pour le grand public, "dystopie" passe beaucoup mieux que "science-fiction" qui traine une bien sale image de geekitude.
J'ai personnellement depuis longtemps renonce a expliquer ce que le terme de science-fiction peut recouvrir, meme quand on me regarde bizarrement lorsque je dis que je ne lis que ca ; parfois ca me demange de retorquer que meme si c'etait vraiment si enfantin/geek/whatever que ca, ca resterait toujours mieux que de passer sa journee a lire des aneries sur Facebook, mais je me fiche de convaincre les gens (je demande tout au plus s'ils ont lu l'Anomalie par exemple). Au final le seul probleme que je vois la-dedans est que le mepris pour la litterature de science-fiction, trop repandu dans le grand public, empeche certains livres d'avoir un succes plus large et de rendre perenne certaines collections/series et autoriser plus de prises de risque pour la traduction et la publications de certaines oeuvres.
J'ai personnellement depuis longtemps renonce a expliquer ce que le terme de science-fiction peut recouvrir, meme quand on me regarde bizarrement lorsque je dis que je ne lis que ca ; parfois ca me demange de retorquer que meme si c'etait vraiment si enfantin/geek/whatever que ca, ca resterait toujours mieux que de passer sa journee a lire des aneries sur Facebook, mais je me fiche de convaincre les gens (je demande tout au plus s'ils ont lu l'Anomalie par exemple). Au final le seul probleme que je vois la-dedans est que le mepris pour la litterature de science-fiction, trop repandu dans le grand public, empeche certains livres d'avoir un succes plus large et de rendre perenne certaines collections/series et autoriser plus de prises de risque pour la traduction et la publications de certaines oeuvres.
Re: La SF disparaît-elle des radars ?
LD a écrit : Au final le seul probleme que je vois la-dedans est que le mepris pour la litterature de science-fiction, trop repandu dans le grand public, empeche certains livres d'avoir un succes plus large et de rendre perenne certaines collections/series et autoriser plus de prises de risque pour la traduction et la publications de certaines oeuvres.
Tout à fait d'accord. Et j'irai même plus loin: ça empêche certains livres d'être publiés.
Heureusement que le Bélial' est là. (Non, je ne suis pas fayot, je constate.)
JDB
"Passablement rincé", qu'il dit.
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