Prix Hugo 2023

[Gilles Dumay - Albin Michel Imaginaire]

Nous avons le même âge, Gilles. Nous avons vécu la fin de la guerre froide. Avant la chute du mur, nous vivions avec l’idée qu’on pouvait se prendre une bombe atomique sur la gueule à n’importe quel moment. (J’ai peut-être eu une enfance paranoïaque pour raisons familiales mais la Chanson Russians de Sting est sortie en 1985). On a eu le Sida, la première guerre du Golfe et la jeunesse emmerdait déjà le front national. Question peur collective sur l’avenir, nous n’étions pas moins bien servis.

Jusqu'à tard dans mon enfance, je n'avais pas accés à la télé et donc je n'ai pas du tout vécu cette époque comme ça, d'autant que je vivais à la campagne, au milieu des champs, des poulaillers et des arbres fruitiers.
Mes parents m'ont expliqué que les chocs pétroliers c'étaient super car l'emprunt de la maison coûtait peanuts après les dévaluations.
Je me souviens bien de la première Guerre du golfe, j'avais fait un colis de bouquins pour les soldats (j'étais visiblement inquiet qu'ils n'aient pas de quoi lire), quant au sida, il y avait les capotes.
Non vraiment, j'ai aucun souvenir "pré-apocalyptique" d'avant 1986, ou même d'avant 1992 qui sur le plan personnel est l'année de la mort de ma mère. Là ça a été l'apocalypse mais d'un autre genre.

Ce sentiment de crises qui s'enchaînent et se superposent, la Covid, l'Ukraine, Gaza et sans doute que ça inquiète moins les gens mais ce qui se passe dans l'ouest africain est pas tu tout feng shui, c'est assez récent, de mon point de vue.

J'ai beaucoup voyagé avant d'être père et depuis quelques années j'ai l'impression que le monde voyageable n'a de cesse de se réduire. Rétrécir.

[FeydRautha]

Jusqu'à tard dans mon enfance, je n'avais pas accés à la télé et donc je n'ai pas du tout vécu cette époque comme ça, d'autant que je vivais à la campagne, au milieu des champs, des poulaillers et des arbres fruitiers.

Ma compagne me raconte la même chose que toi. Originaire du fin fond de l'Ardèche, elle n'a rien vécu les choses comme moi. J'ai bien eu une enfance paranoïaque donc. Avec un père officer de carrière, la guerre froide etait une réalité quotidienne à la maison, d'autant plus qu'une partie de ma famille vivait dans cette "utopie" politique qui fait fantasmer certains encore aujourd'hui et qui s'appelait l'URSS.

J'ai beaucoup voyagé avant d'être père et depuis quelques années j'ai l'impression que le monde voyageable n'a de cesse de se réduire. Rétrécir.

Je te rejoins totalement là dessus.

[Aldaran]

De mon côté, je vivais en banlieue et il n'y a jamais eu de poste de télévision à la maison. En revanche, le journal et la radio, oui. Lu et écoutée par toute la famille avec une très grande attention. Le monde qu'on y décrivait alors ne présentait pas de si grandes différences avec celui d'aujourd'hui, il me semble (je peux me tromper).
Aujourd'hui, j'ai le même sentiment que Gilles pour ce qui est de la crainte du futur, elle semble plus répandue que pendant mon enfance. La différence que je vois, c'est que, auparavant, il fallait creuser pour s'informer un peu sérieusement et se rendre compte de l'état déplorable du monde. Aujourd'hui, qu'on le veuille ou non et où que l'on regarde, on se prend l'état déplorable du monde en pleine gueule, à une rapidité hallucinante. Je peux aisément comprendre que beaucoup de monde éprouve de plus en plus de mal à respirer normalement et trouver le sommeil. Bienvenue dans mon monde ! ^^ (Bon... de là à kiffer les licornes, faut pas pousser non plus...)
Même pas certain que ce soit le futur qui fasse peur, mais tout simplement le monde que nous avons laissé « construire ».

[Gromovar]

Puisqu'on en est à se raconter nos souvenirs d'enfance, j'ai grandi dans une ville dont je (nous ?) savais (vions ?) qu'une dizaine de missiles nucléaires soviétiques étaient programmés pour venir exploser au-dessus en cas de conflit. J'avais une conscience très claire de cette réalité ainsi que, pour être précis, des effets exacts d'une explosion en fonction de la distance au blast.
La crainte (je ne sais pas si c'est le bon mot) était une crainte du présent, pas du futur. Et c'est pour ça que je me rappellerai toujours de la phrase de Mitterrand lors de la crise des euromissiles « Les pacifistes sont à l'Ouest, et les missiles sont à l'Est »

Le futur est aujourd'hui inquiétant, certes, mais se réfugier dans les licornes est un réflexe d'enfants, pas une attitude d'adultes.

[Razheem L'insensé]

La romantasy, c'est la bitlitt des années précédentes, qui a fini par complètement se casser la gueule.
Et ça sera pareil, c'est un cycle, des effets de mode.
C'est atterrant sur le coup vu la qualité mais ça a toujours été comme ça.
J'espère qu'il en sera de même pour toute la hype militante qui ronge de plus en plus le milieu francophone au détriment de l'histoire, de la narration et, in fine, de la qualité littéraire.
Accessoirement, question prix, je n'ai plus aucun intérêt pour le Hugo depuis des années qui est un prix du public donc de popularité.

[FeydRautha]

Accessoirement, question prix, je n'ai plus aucun intérêt pour le Hugo depuis des années qui est un prix du public donc de popularité.

Cela étant dit, c'est ce qui fait son intérêt. Qu'on adhère aux attentes du fandom (américain) à un instant donné ou pas, il a le mérite d'être l'écho des goûts de lecteurs et non de professionnels.

[Razheem L'insensé]

Accessoirement, question prix, je n'ai plus aucun intérêt pour le Hugo depuis des années qui est un prix du public donc de popularité.

Cela étant dit, c'est ce qui fait son intérêt. Qu'on adhère aux attentes du fandom (américain) à un instant donné ou pas, il a le mérite d'être l'écho des goûts de lecteurs et non de professionnels.

Pris dans ce sens là, certainement.
Mais qualitativement, les prix du public, je m'en contrefiche, en littéraire comme au cinéma. Le public a très majoritairement des goûts de merde. Même s'il a toujours raison comme disait un certain éditeur.

[Soleilvert]

Non vraiment, j'ai aucun souvenir "pré-apocalyptique" d'avant 1986,

Idem, même en remontant plus haut; et là j'ai une année magique, 1969, la route du futur : premier homme sur la lune, vol d'essai du Concorde, naissance d' Ailleurs & Demain.

[Pyjam]

Si j’ai bien compris, pour voter pour le Hugo, il suffit de payer une souscription de 50$.
Mais… à quoi sert cet argent ?

[ubikD]

Heureusement, en France nous avons le Grand Prix de l'Imaginaire...
Ou pas.