Le billet de F. Colin sur le CC

[Bruno78]

Moi, je retiens au moins deux choses:

"Au sein de Notre Club, en revanche, le sérieux prédomine : tel auteur est « à couper le souffle », tel éditeur est baptisé Dieu, tel roman est « inoubliable », telle nouvelle sera encore lue dans cinquante ans ou devrait être étudiée dans les écoles, il ne s’agit plus d’aimer les livres mais de les adorer, « génial » ou « fabuleux » sont devenus des adjectifs d’une tristesse banale, le désir d’immortalité n’est pas loin, celui de transcendance nous étouffe déjà."

C'est marrant, ça m'est arrivé pas plus tard qu'aux Utopiales, où quelqu'un qui avait lu une de mes critiques pour nooSFere (celle du McDonald, dans laquelle je crois qu'il n'y a aucun « génial », ni « fabuleux », ni « inoubliable »...) en a déduit que le livre n'avait "strictement rien d'exceptionnel", et ne méritait donc nullement le GPI. Ça m'a fait bizarre, je dois l'avouer. Je ne peux donc qu'être entièrement d'accord avec Fabrice sur ce point-là.

[M]

Juste pour savoir, c'est bien le même Fabrice Colin qui a créé la ligue Deu, ligue qui défend corps et âmes les genres de l'imaginaire ?

[rmd]

Bien sur.

[M]

Alors il n'y pas comme une contradiction entre la création de la ligue il y a 6 mois et ce billet ?

[rmd]

Au contraire. (ne me dis pas que tu n'as pas vu le coté parodique de la ligue deu ?)

[ubikD]

On rebondit.
Hop

Et hop

Personnellement, j'ai surtout le sentiment d'une incompréhension mutuelle qui dure depuis longtemps.
Toutefois, pour un genre mort, il bouge bien le cadavre.

[Tyrell]

Perso je trouve ce genre de "coup de pied au cul" très salutaire;
Tout fandom a une tendance naturelle à vite devenir réactionnaire et rabougri et celui de la SF n'echappe pas à la rêgle.
L'intransigence et les oeillères de certains sur les nouvelles formes et nouveaux auteurs de litterature blanche, Dellilo,Murakami,Mitchell,Diaz, pour en citer, est proprement déprimante et n'augure rien de bon concernant l'evolution du genre.
Je comprends très bien qu'un ecrivain se sente à l'etroit entouré d'un tel conformisme et d'une telle inculture, après, cette révolte n'est pas la première dans l'histoire du genre et nombre d'auteurs ont essayé,sans grand succès,de faire evoluer les limites de la Sf.
La carrière d'un Silverberg en est un triste exemple,parti du commercial pour evoluer jusqu'au limites acceptées par ses lecteurs il est cyniquement revenu aux mediocres standarts demandés par ses fans après l'echec de ses meilleurs romans.

[M]

ne me dis pas que tu n'as pas vu le coté parodique de la ligue deu ?

Si car la façon de faire était trop grosse. Mais ça me paraît surprenant. Pourquoi ne pas avoir écrit un billet de ce type il y a 6 mois plutôt que de ce lancer dans un croisade parodique ? Ou alors ces 6 mois ont été nécessaire pour en arriver à ce billet ?

J'aime bien l'article de Daylon (tout comme c'est couverture d'ailleurs)

[Pierre-Paul Durastanti]

Il y a quand même dans cette amorce de polémique bien des choses qui me laissent perplexe.

1. Fabrice Colin "quitte la SF" (je paraphrase). Ah? Fabrice écrivait de la SF? De la fantasy (plutôt au début de sa carrière), des fables, des choses transgenres (et je dis ça sans aucune animosité), voire des romans historico-lovecraftiens, bref, il me semblait surtout écrire du Colin, et je n'ai pas vu grand-monde le lui reprocher, moi le dernier. (Je viens de vérifier, je possède une bonne vingtaine de ses bouquins, y compris en jeunesse, dans tous les genres qu'il a pu aborder. Tous lus, si si.)

2. Il y a toute une génération de trentenaires, auteurs, éditeurs, dont beaucoup de gens que je considère pourtant comme des amis très chers, qui mènent leur barque dans l'Imaginaire comme s'ils avaient honte de ce qu'ils font ou sont. Ma foi, la solution est simple : faire autre chose. C'est le choix qu'un Benoît Cousin a eu l'élégance d'effectuer. Fabrice Colin me laisse plus perplexe dans sa démarche, je le répète, parce qu'il ne m'a jamais paru se ranger (ni même être rangé) sous la bannière de la SF. Ou alors c'est qu'il emploie le terme dans un sens très large qui me paraît un tantinet abusif.

3. La dramatisation (ou : syndrome de la diva) tend de plus en plus à remplacer le débat d'idées. C'en est presque sarkozyste. Le pire, c'est que c'est involontaire.

4. Corollaire de 3 : la dramatisation tend aussi à remplacer la critique. Oui, il y a surabondance de superlatifs. Marrant, d'ailleurs, mais quand une revue... disons Bifrost, pour ne pas la nommer... s'arroge le droit de descendre un bouquin en flammes, il se trouve plein d'âmes bien pensantes pour le lui reprocher.

5. Quelqu'un a emprunté une machine temporelle et décidé de nous rejouer le coup des néoformalistes, des new-waveux, des post-surréalistes, bref, de tous ceux qui, à un moment ou à un autre, ont reproché à la SF d'être ce qu'elle était à un moment donné et non ce vers quoi ils voulaient alors la voir évoluer? Parce que ces gens, désolé d'être brutal, ont soit trouvé de plus verts paturages, soit décidé qu'en fin de compte, ils n'étaient pas si mal de ce côté-ci de la barrière...

Bref, avant de se traiter de plein de noms d'oiseau, de supposer, comme Daylon semble le faire de son côté, que tous les fans même endurcis de SF ne lisent que ça en sombres réactionnaires qu'ils sont, merci de peser un peu sa plume virtuelle...

[JDB]

Pierre-Paul, je n'aurais pas mieux dit.
D'ailleurs, je n'ai pas mieux dit.
Et je ne dirai plus rien sur le sujet.
JDB