Je ne sais pas pourquoi, mais je ne peux m'empêcher de mettre en corrélation toutes ces interrogations sur le livre numérique et des articles comme celui-ci.
JDB
Le Haut-Lieu de Serge Lehman disponible en numérique
Re: Le Haut-Lieu de Serge Lehman disponible en numérique
"Passablement rincé", qu'il dit.
- Jean-Claude Dunyach
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Re: Le Haut-Lieu de Serge Lehman disponible en numérique
On peut aussi se poser la question de ce qui peut arriver pour les livres dont les auteurs (français) ont récupéré leurs droits (c'est le cas d'un certain nombre des miens, dont Etoiles Mortes et Etoiles Mourantes, par exemple, et beaucoup de collègues ont aussi une partie de leurs titres disponibles). Pour nous, une plate-forme type Amazon ou Apple eBookstore (ou un autre intervenant largement représenté sur le net, type Orange) pourrait être une solution, sachant qu'on court-circuiterait tout le circuit éditorial classique, ce qui permettrait à la fois un prix de vente bas et un pourcentage de rémunération des auteurs de l'ordre de 25%.
Et pour ce qui est des nouvelles (françaises, là aussi), on peut dire sans trop de risques qu'au moins 80% de ce qui a été publié depuis quinze ans appartient encore à l'auteur. Une coopérative de textes téléchargeables est donc envisageable... Je ne suis pas sûr qu'il y ait un vaste public pour ça mais une offre à 0.99 euros par nouvelle, sur le modèle d'Itunes Store, pourrait être viable.
La remarque de Gilles Dumay est exacte : il faut quand même un peu de temps pour préparer un manuscrit pour qu'il soit parfaitement adapté à une liseuse. Ça n'a rien de vraiment compliqué, ceci dit, et on est un certain nombre à pouvoir le faire, surtout si on s'oriente vers des fichiers PDF. Mais c'est un élément à prendre en compte.
En tout cas, je me demande ce qui se passera si un auteur (au hasard, Ayerdhal ou moi) place Etoiles Mortes, Etoiles Mourantes, etc. chez Amazon à 25% de droits et à prix de vente bas et se voit offrir par un grand groupe pour le bouquin d'après 10% sur les droits numériques pour des fichiers vendus à peine moins chers que le livre papier. La coexistence des deux mondes risque de montrer ses limites.
Nous allons vivre des temps intéressants...
Je vous poutoune,
Et pour ce qui est des nouvelles (françaises, là aussi), on peut dire sans trop de risques qu'au moins 80% de ce qui a été publié depuis quinze ans appartient encore à l'auteur. Une coopérative de textes téléchargeables est donc envisageable... Je ne suis pas sûr qu'il y ait un vaste public pour ça mais une offre à 0.99 euros par nouvelle, sur le modèle d'Itunes Store, pourrait être viable.
La remarque de Gilles Dumay est exacte : il faut quand même un peu de temps pour préparer un manuscrit pour qu'il soit parfaitement adapté à une liseuse. Ça n'a rien de vraiment compliqué, ceci dit, et on est un certain nombre à pouvoir le faire, surtout si on s'oriente vers des fichiers PDF. Mais c'est un élément à prendre en compte.
En tout cas, je me demande ce qui se passera si un auteur (au hasard, Ayerdhal ou moi) place Etoiles Mortes, Etoiles Mourantes, etc. chez Amazon à 25% de droits et à prix de vente bas et se voit offrir par un grand groupe pour le bouquin d'après 10% sur les droits numériques pour des fichiers vendus à peine moins chers que le livre papier. La coexistence des deux mondes risque de montrer ses limites.
Nous allons vivre des temps intéressants...
Je vous poutoune,
Re: Le Haut-Lieu de Serge Lehman disponible en numérique
Salut,
Ce que tu dis-là, Jean-Claude, est bougrement intéressant et ouvre plein de pistes. Mais cela sous-entend que toi, auteur, tu te transformes, soit directement, soit indirectement par le biais d'une coopérative, en auto-éditeur, ce statut si décrié.
Mais dans le cas d'une coop, quels seraient ses statuts? Qui choisirait les auteurs? Tous seraient-ils acceptés? Mais alors comment trier le bon grain de l'ivraie?
A+
Patrice
Ce que tu dis-là, Jean-Claude, est bougrement intéressant et ouvre plein de pistes. Mais cela sous-entend que toi, auteur, tu te transformes, soit directement, soit indirectement par le biais d'une coopérative, en auto-éditeur, ce statut si décrié.
Mais dans le cas d'une coop, quels seraient ses statuts? Qui choisirait les auteurs? Tous seraient-ils acceptés? Mais alors comment trier le bon grain de l'ivraie?
A+
Patrice
Re: Le Haut-Lieu de Serge Lehman disponible en numérique
Les boîtes comme Amazon, ça tue les libraires mais au niveau des éditeurs ça ne change pas grand chose, ou je suis dans l'erreur ?
- Jean-Claude Dunyach
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Re: Le Haut-Lieu de Serge Lehman disponible en numérique
Patrice a écrit :Ce que tu dis-là, Jean-Claude, est bougrement intéressant et ouvre plein de pistes. Mais cela sous-entend que toi, auteur, tu te transformes, soit directement, soit indirectement par le biais d'une coopérative, en auto-éditeur, ce statut si décrié.
Oui mais non...
Il s'agit simplement de rendre de nouveau disponible par d'autres moyens des livres (ou des textes) déjà édités professionnellement mais qui ne sont plus distribués. Il ne s'agit pas pour l'instant de prendre des textes inédits, ce qui serait une démarche tout à fait différente. Là, on ferait vivre le fond d'un certain nombre d'auteurs professionnels déjà un minimum connus du public, c'est tout.
Patrice a écrit :Mais dans le cas d'une coop, quels seraient ses statuts? Qui choisirait les auteurs? Tous seraient-ils acceptés? Mais alors comment trier le bon grain de l'ivraie?
Bonnes questions. On peut décider de ne prendre que des auteurs "professionnels" et des textes déjà publiés, pour commencer. Là, les critères de tri sont simples. On peut ensuite envisager d'inclure les textes inédits d'auteurs professionnels déjà inscrits - mais à ce moment-là se pose la question du filtre éditorial... Est-ce qu'on laisse l'auteur faire ce qu'il veut dans son espace personnel - c'est une possibilité, pourquoi pas ? Ou est-ce qu'on met en place un minimum de travail éditorial (auquel cas il faut quelqu'un à plein temps, suffisamment crédible et pro, ce qui pose la question de sa rémunération). Le modèle économique est à analyser dans tous les cas. Et on n'est même pas sûr que ça va vraiment décoller, ça peut juste représenter quelques euros par texte. Mais l'important est d'essayer, de mesurer sur des cas réels ce qui peut se passer.
Soyons clairs : nous vivons une phase transitoire d'expérimentation et de prototypage. Une coopérative comme celle que je décris ou une initiative de type "hébergement direct d'auteurs" par Amazon, Apple, etc., n'est envisageable que parce qu'il y a en ce moment sur le marché plein de textes professionnels qui ont déjà été édités (le boulot a été fait) et dont les droits appartiennent à l'auteur, qui peut négocier en son nom sans avoir à se soucier de ménager tel ou tel segment du marché. C'est temporaire et ça ne durera pas. Mais ça permet d'expérimenter des solutions qui ne seraient peut-être pas envisagées par les éditeurs traditionnels.
De même, j'ai découvert qu'on peut parfaitement, quand on possède les droits de ses romans, les faire publier à l'étranger et toucher 100% des droits... Il faut parler anglais, avoir un bon argumentaire desdits bouquins (en anglais), accepter parfois des conditions un peu draconiennes (personnellement je me contente d'avances réduites mais je garde des pourcentages corrects), voire utiliser diverses subventions pour aider à couvrir le prix de la traduction. Mais ça marche. Donc le travail d'auto-édition, ou d'auto-agent, ne m'est pas complètement étranger.
Je vous poutoune,
Re: Le Haut-Lieu de Serge Lehman disponible en numérique
Don Lo a écrit :thomasday a écrit :J'entends tout ce que disent les auteurs, 10% c'est un scandale, etc.
"les auteurs" je ne sais pas, mais à titre perso je n'y vois pas de scandale. Pas plus que dans le fait qu'on fasse tout pour protéger les circuits du livre alors qu'on n'a jamais rien fait (je ne parle pas de toi, mais plutôt des pouvoirs publiques qui continuent de distribuer des bourses à ceux qui n'en ont plus besoin, succès aidant) pour protéger l'ouvrier de base (l'auteur quoi).
Je crois qu'on écoute davantage ceux qui disent "C'est un scandale" que les autres. Et pour cause : les petits nouveaux comme toi et moi arrivons là en toute conscience du fait qu'on a 99% de chance (en étant optimiste) de ne jamais vivre de notre plume. Donc, être payés un peu plus ou un peu moins... bof, quoi.
Mais ceux qui sont "déjà installés" ne veulent pas perdre ce qu'ils ont (une part du gâteau qui n'est déjà pas bien grosse). D'autant que ceux qui se sont "fait un nom" peuvent toujours essayer d'amortir en vendant eux-mêmes des oeuvres dont ils auront récupéré les droits (voire en s'auto-éditant maintenant qu'ils sont connus). Ce système-là ne peut fonctionner que pour ceux qui ont "bénéficié" de l'ancien système pour se faire connaître.
On a donc des libraires qui ne veulent pas disparaître même s'ils ne sont plus utiles (c'est normal qu'ils se défendent).
Des écrivains reconnus qui usent de leur poids (le négociation sur les droits numériques) pour garder des revenus décents et n'acceptent pas d'y perdre non plus (logique)
D'éventuels futurs auteurs prêts à faire des concessions sur des sommes qu'ils ne gagnent pas encore (ce qui est tout de même plus facile) dans l'espoir que le système survive et leur donne leur chance.
Des diffuseurs qui veulent aussi garder leur place (normal aussi)
Des lecteurs qui veulent des livres moins chers puisque le tarif normal d'un support virtuel devrait être moins élevé qu'un support physique...
En bref, tout un tas de gens qui tirent la couverture pour ne pas avoir froid aux pieds... Et qui vont finir par la déchirer.
Toute l'histoire de l'humanité, quoi...
Re: Le Haut-Lieu de Serge Lehman disponible en numérique
Isa a écrit :En bref, tout un tas de gens qui tirent la couverture pour ne pas avoir froid aux pieds... Et qui vont finir par la déchirer.
Très belle métaphore qui résume, à mon sens, très bien la situation.
- Jean-Claude Dunyach
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Re: Le Haut-Lieu de Serge Lehman disponible en numérique
Isa a écrit :Des écrivains reconnus qui usent de leur poids (le négociation sur les droits numériques) pour garder des revenus décents et n'acceptent pas d'y perdre non plus (logique).
Les écrivains reconnus ne risquent pas d'y perdre puisque les droits numériques s'ajoutent aux droits existants pour les livres papier. Un certain nombre d'entre eux se foutent du numérique, qui représente un gain marginal pour eux, d'autres attendent que la situation se décante pour se positionner, d'autres enfin utilisent leur notoriété pour essayer de soutenir des pratiques générales qu'ils estiment plus équitables que ce qui est proposé en ce moment. C'est comme dans tout milieu, il y a des gens qui jouent perso ou non, des syndicalistes et des individualistes.
A titre personnel je trouve important que l'info circule, que les débats soient portés en place publique. Quand j'ai commencé à publier, au début des années 80, personne ne disait publiquement combien il touchait pour ses livres, et les chiffres de vente annoncés par les éditeurs, les attaché(e)s de presse ou les auteurs étaient souvent fantaisistes. Aujourd'hui, on a des chiffres de vente estimés via Edistat ou autres, qui permettent de savoir ce qu'est réellement le marché (entre éditeurs on ne se bluffe plus), on communique entre nous sur nos chiffres, et même s'il subsiste des zones d'ombre la situation s'est quand même clarifiée.
Le problème n'est pas de tirer la couverture à soi, il est de savoir gérer le passage d'un état du système à un autre, avec le cortège de morts ou de success stories que cela va entraîner. Essayer de ne pas mourir est une chose... Essayer de rendre le système plus équilibré, ou équitable, en est une autre.
Re: Le Haut-Lieu de Serge Lehman disponible en numérique
Jean-Claude Dunyach a écrit :Une coopérative comme celle que je décris ou une initiative de type "hébergement direct d'auteurs" par Amazon, Apple, etc., n'est envisageable que parce qu'il y a en ce moment sur le marché plein de textes professionnels qui ont déjà été édités (le boulot a été fait) et dont les droits appartiennent à l'auteur, qui peut négocier en son nom sans avoir à se soucier de ménager tel ou tel segment du marché.
Après, il y a des éditeurs pour dire que tout le travail éditorial effectué sur un manuscrit, (relecture, réécriture, correction, mise en page, etc.) appartient à l'éditeur, et que techniquement, ce que possède l'auteur et qu'il aurait le droit de publier directement en numérique, c'est le manuscrit original qu'il a soumis à l'éditeur. J'imagine que ça marche comme pour les reprises en poche, un auteur ne peut pas négocier ça directement avec un éditeur poche sans passer par son éditeur original, si ? Qu'en est-il légalement ? Ça dépend des contrats ?
- Jean-Claude Dunyach
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Re: Le Haut-Lieu de Serge Lehman disponible en numérique
Clément a écrit :Jean-Claude Dunyach a écrit :Une coopérative comme celle que je décris ou une initiative de type "hébergement direct d'auteurs" par Amazon, Apple, etc., n'est envisageable que parce qu'il y a en ce moment sur le marché plein de textes professionnels qui ont déjà été édités (le boulot a été fait) et dont les droits appartiennent à l'auteur, qui peut négocier en son nom sans avoir à se soucier de ménager tel ou tel segment du marché.
Après, il y a des éditeurs pour dire que tout le travail éditorial effectué sur un manuscrit, (relecture, réécriture, correction, mise en page, etc.) appartient à l'éditeur, et que techniquement, ce que possède l'auteur et qu'il aurait le droit de publier directement en numérique, c'est le manuscrit original qu'il a soumis à l'éditeur. J'imagine que ça marche comme pour les reprises en poche, un auteur ne peut pas négocier ça directement avec un éditeur poche sans passer par son éditeur original, si ? Qu'en est-il légalement ? Ça dépend des contrats ?
Bonne question, à laquelle il n'y a pas de réponse simple.
Quand un auteur a corrigé lui-même son manuscrit en fonction des remarques de son éditeur, le résultat lui appartient (il y a une jurisprudence là-dessus). Par contre, quand l'éditeur a réécrit lui-même (ou fait réécrire) des passages significatifs du texte (significatif veut dire "d'une envergure certaine", pas une phrase par-ci par-là) ça se discute... Mais c'est un cas assez rare et, en l'absence d'un contrat écrit qui fixe les responsabilités de chacun, le texte est supposé appartenir à l'auteur.
La mise en page appartient à l'éditeur. Mais la mise en page d'un fichier téléchargeable diffère de celle d'un livre, donc on doit la refaire, ce qui fait que le problème ne se pose pas, en principe.
Bien sûr, on parle du fichier texte seul, pas de la couverture, ni même du quatrième de couverture qu'il faudra sans doute réécrire (il appartient à l'éditeur, je crois, même quand c'est l'auteur qui le suggère).
Dans tous les cas, si j'en crois la jurisprudence en vigueur, quand un auteur a récupéré ses droits, il les a récupéré sur le texte publié, donc y compris sur les corrections effectuées par rapport au manuscrit d'origine, sauf s'il y a explicitement et par contrat un autre auteur qui s'y est rajouté - il y a d'innombrables cas de rééditions de livres chez un éditeur concurrent sans que l'éditeur original ne puisse réclamer quoi que ce soit.
De plus, Clément, un auteur peut parfaitement négocier avec un éditeur poche directement s'il n'a pas cédé les droits poches de son livre... ou s'il a récupéré ses droits. Si je négocie avec un éditeur poche les droits d'Etoiles Mortes, l'éditeur original (j'ai lu) ne pourra pas s'en mêler puisque j'ai récupéré mes droits.
D'ailleurs, depuis longtemps, les agents d'écrivains étrangers cèdent les droits par morceaux (les droits grand format à l'un, les droits poche à l'autre, les droits d'exploitation pour une période donnée et pas "à vie", etc.). Avec le numérique, on commence à se rendre compte que nous, les auteurs, avons intérêt à généraliser ce principe... Il est devenu aberrant de céder les droits d'un certain type d'exploitation à un éditeur qui n'en fera rien parce qu'il n'est pas équipé pour. Pour donner un exemple, céder les droits d'exploitation cinématographique à un micro-éditeur qui n'a aucun contact dans ce milieu et qui vend uniquement ses livres sur son stand dans des salons est une absurdité. Autant les garder.
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