Aldaran a écrit :(...)On me dira que c'est sans rapport mais j'ai prêté récemment ma collection de Pratchett (entre autres bouquins) à un jeune (moins de 25) qui voulait tout d'abord les pirater pour découvrir ce que c'était depuis le temps qu'il en entendait parler... Il a adoré et a finalement décidé de se les payer. "Pas tous mais ceux que je préfère... ce sont vraiment de chouettes bouquins. Et beaux, avec ça !"
Mon prêt était assez semblable à un acte pirate comme on l'entend aujourd'hui.
Faut-il :
- se réjouir des ventes que cela génère ?
- chouiner parce que ce jeune a lu certains volumes de la collection sans payer (et qu'il ne les achètera pas puisqu'ils lui ont moins plu) (mais alors quel salaud de délinquant faudrait le pendre !) (et pendre ceux qui prêtent par la même occasion) ?
- continuer de croire que l'acte de piratage est considéré uniquement comme un dû par ceux qui le commettent ?
- continuer de croire qu'un téléchargement illégal équivaut à une vente perdue ?
En vrac :
1. Le prêt de livres papier n'est pas exactement comparable. Tu n'as qu'un exemplaire du livre et tu ne peux le prêter qu'à une personne à la fois ; par ailleurs, cette personne mettra un certain temps à le lire et ne pourra pas te le rendre (ou le filer à quelqu'un d'autre) tout de suite. Donc, en admettant que tu veuilles faire du prosélytisme, il faudra beaucoup plus de temps (et peut-être même un peu d'argent) pour toucher un nombre donné de personnes que si tu diffusais un livre numérique lisible sur ordinateur, liseuse, tablette ou smartphone.
2. Un téléchargement illégal équivaut-il à une vente perdue ? Honnêtement, je ne le crois pas. Il faudrait mesurer tout ça (mais avec quels outils ?), mais je pense que la personne qui acquiert un livre pirate gratuit d'un clic, d'un seul, n'aurait pas nécessairement acheté le même livre (imprimé ou numérique). Certes, il faudrait nuancer, en tenant compte par exemple du prix du livre légal.
Par ailleurs, j'ai l'impression que certains téléchargent parfois des dizaines, voire des centaines de titres, pour n'en lire au final que quelques-uns. C'est d'ailleurs mon cas (mais, je le précise, je ne télécharge que des livres tombés dans le domaine public et que je trouve gratis sur des sites parfaitement légaux)
3. "continuer de croire que l'acte de piratage est considéré uniquement comme un dû par ceux qui le commettent ?" Si je comprends bien ce que tu veux dire, tu signifies par là que, selon le discours des pirates, le livre doit être disponible pour tous et gratis -- c'est cela qui constituerait un "dû" (pardon si j'ai mal compris). Personnellement, je m'en remets à la loi. A mon sens, la mise à disposition gratis des oeuvres de Molière, Balzac, Hugo, bref, de tous les classiques (et pourquoi pas de tous les écrivains) tombés dans le domaine public devrait relever du service public. Pour les oeuvres encore protégées par le droit d'auteur, la loi s'applique, point.
Et puisque je suis vieux, moi aussi, j'ajoute que tout ça me fait irrésistiblement penser à une nouvelle de Damon Knight intitulée "Tout avoir". (Il en a par la suite tiré un roman, Tout et n'importe quoi, mais je ne l'ai pas lu.
JDB