Sybille a écrit :Il y a... très longtemps, quand je postais sur les forums, c'était pour râler qu'on oppose Fantasy et SF.
J'ai mal vieilli, je crois que, maintenant, ce qui me fait râler, c'est qu'on reste dans l'idée qu'il y a une littérature "de genre".
Logiquement, s'il est possible de partitionner le champ narratif en zones bien délimitées (ce dont on peut douter), la littérature dite générale comprend elle aussi des genres... (Ce qui est drôle, c'est qu'historiquement parlant, le roman était considéré comme un genre méprisable, voire les querelles autour du romanzo dans l'Italie du XVIe et les disputes dans la France du XVIIe-XVIIIe ; quand le roman a enfin été légitimé comme forme, ç'a été pour se scinder de l'intérieur en genres, avec Sainte-Beuve et son opposition entre "littérature industrielle" et vraie littérature au XIXe.)
En fait, j'ai l'impression que subsiste dans l'esprit des gens l'idée qu'un chef d'oeuvre doit être forcément inclassable, donc que si on peut affecter un genre à un roman, il n'en vaut pas le coup.
Jibic'h a écrit :Mais pour la plupart 'homme dans l'espace' = 'technologie de pointe', et je pense que c'est un point de blocage pour beaucoup, et encore plus dans le milieu littéraire classique.
Et je pense qu'une des causes de ce problème est une opposition entre les filières littéraires et scientifiques dans le système d'éducation francais.
Certains sont assez ouverts d'esprit pour s'exposer à des domaines qui peuvent leur paraître difficile de prime abord, notamment sur la blogosphère, mais je ne pense pas que ce soit le cas de la critique littéraire de presse malheureusement
Hi, hi, je dois être une anomalie alors, avec ma culture mi-littéraire mi-scientifique... ^_^ mais effectivement dans mon parcours scolaire, j'ai regretté l'impossibilité de composer sa filière à la carte, en équilibrant les matières littéraires / scientifiques.
Pour avoir traîné mes guêtres sur un célèbre site de fact-checking à l'époque où aucun journaliste n'en faisait, je peux confirmer que beaucoup de journalistes manquaient de culture scientifique de base, ou simplement d'esprit critique (j'ai en tête le traitement par la presse des prétentions abracadabrantes d'un yogi indien) ; mais je pense qu'avec la montée en puissance des fake news, ils / elles ont été obligé.e.s de s'y coller, donc peut-être que ça évolue (l'école semble aussi aller dans ce sens).
Ceci dit, un roman comme
La Cité des nuages et des oiseaux ne réclame pas non plus des connaissances scientifiques pointues, même si
Anthony Doerr mène une réflexion sur la technologie au sens large - ben oui, le livre, qu'acclament tant de littéraires, moi le premier, c''est une technologie ! ^_^
Patrice2 a écrit :Autre résultat: durant le mois qui a suivi, cette critique n'a eu strictement aucun impact sur les ventes. Nous n'avons pas eu plus de commandes que d'ordinaire, toutes les ventes pour ce recueil ont été des ventes directes, auprès de lecteurs qui nous suivent sur les réseaux.
Moralité: je rejoins l'avis de Xavier Dollo, envoyer des SP à la grande presse, quand on est un micro-éditeur (pire: un micro-éditeur non diffusé), c'est une perte de temps et d'argent. Et si par miracle une critique paraît tout de même, ça ne change strictement rien aux ventes.
Je ne suis pas éditeur, mais il me semble que la blogosphère et la grande presse n'ont pas exactement le même effet à court et long terme (n'hésitez pas à me dire si je me trompe).
Je m'explique : à court terme, il est plus probable qu'un blog dédié à l'imaginaire, fréquenté donc par des internautes ayant de l'appétence en la matière, ait une influence directe sur les ventes, contrairement à un article sur un site de presse, qui sera lu par des internautes lambda (et encore, je doute que beaucoup d'internautes se ruent sur un site de vente en ligne juste après avoir lu une chronique, je pense plutôt qu'ils ou elles regarderont si le bouquin est chez leur libraire préféré.e à leur prochaine balade).
Par contre, à long terme, il me semble que l'article de presse sera aussi lu, comme les billets de blog, par des personnes hésitant à acheter après avoir entendu parler de l'ouvrage (encore faut-il qu'elles en aient entendu parler, j'admets)... et sans doute un extrait du bouquin sera-t-il l'argument décisif (c'est mon cas).
Donc la grande presse a sûrement son utilité, mais elle n'est sans doute pas immédiatement tangible (sauf à rajouter un bandeau sur le bouquin, bien sûr, du genre "plébiscité par Libération").