7 % pour le livre

[Lutin]

Autre chose qui se rajoute, depuis la sortie du Kindle français les ventes numériques ont, peut-être pas explosé, mais fait un bond en avant significatif. C'est une baisse de CA significative pour cette industrie...

GD

Au risque de paraître insensible, sur la TVA elle-même, acheter un bouquin 14,13 € ou 14€, ect... je ne vois pas trop l'importante différence : au niveau des librairies qui pratiquent la baisse des 5%, aucun prix n'est arrondi et le consommateur est franchement familiarisé à ce genre d'affichage (OK, je connais la théorie qui veut qu'à 9,99€ ça se vend mieux qu'à 10€)... J'ai encore vérifié, j'ai récemment acquis un bouquin 20,38€.

Ensuite, pour ce qui est de l'arrivée toujours aussi éminente du livre numérique (que l'on peut télécharger sur internet depuis environ 4 à 5 ans), ce constat de révolution n'est-il pas similaire à l'avènement de l'appareil photo numérique, les magasins des photographes sont toujours là, ils se sont adaptés à la nouvelle donne. C'était pas gagné d'avance, non?

La situation me paraît similaire, à moi lectrice lambda - crise actuelle mise à part- et sur un plan "technique" plus favorable qu'au monde de la photo.

Alors, certes, je me dis que tout ce qui est littérature/filon du moment , toute cette Bit-Lit, Shit-Lit ou Chick-lit au choix - a des chances de faire le bonheur des tablettes de style Kindle pour le plus grand bonheur des jeunes, mais, les lecteurs - j'oserai dire conservateurs - qui aiment lire, de la vrai littérature préféreront sans doute le support papier pour avoir le bonheur de tourner les pages, la joie de sentir un poids dans les main, l'ivresse d'humer l'encre et l'odeur du papier.
Et faut dire que c'est pénible de lire sur un écran.

Bref, je vous trouve alarmiste.

[Thomas Day]

Bref, je vous trouve alarmiste.

Je parle de ce que je connais...
Si Olivier Girard veut intervenir, il est chez lui, moi pas.
Denoël n'appartiendrait pas à un groupe, la marque aurait disparu il y a un ou deux ans.
Je ne me serai pas battu comme un lion sur des trucs très techniques de calculs de coût et de recettes, Lunes d'encre aurait disparu au premier janvier de cette année.
Tous les ans on licencie ou on "s'allège", cela dure depuis trois ou quatre ans maintenant. Et les résultats sont encore plus mauvais, malgré l'allègement de la charge salariale. Avec presque autant de salariés (aujourd'hui) on fait entre 2 et 3 fois moins de chiffre que Le Cherche-Midi qui a à peine plus de salariés que nous.
J'suis pas alarmiste, je crois juste être réaliste.
Je comprends que ça puisse pas sembler concret vu de l'extérieur, mais vu de l'intérieur quand on a 3 libraires au téléphone dans la journée qui savent plus quoi faire, c'est "plombant", quand votre commerciale vous dit à 8h23 "regarde pas les chiffres, c'est l'horreur", c'est plombant, quand on vous dit que vous faites trop de photocopies, alors que vous n'en faites jamais, etc.

Mon précédent patron avait une théorie de basculement irréversible, on bascule d'un paradigme à un autre, et on ne reviendra pas à l'édition d'avant le numérique (je schématise). J'espère qu'il se trompait, mais au jour aujourd'hui il ne travaille plus dans le monde du livre et j'ai de plus en plus l'impression que le basculement a effectivement eu lieu en septembre 2008. Je ne dis pas qu'on y survivra pas ; je dis juste que tout le monde n'y survivra pas. Et je pense que c'est pas forcément les plus intéressants qui vont rester.

GD

[Algernon]

Je ne dis pas qu'on y survivra pas ; je dis juste que tout le monde n'y survivra pas. Et je pense que c'est pas forcément les plus intéressants qui vont rester.

En même temps, j'ai l'impression que ça fait des années que tu dis ça. Je ne dis pas que tu as tort, que tu te trompes ou que tu mens : moi je n'y connais rien et je ne ferai pas semblant pour le plaisir de placer un avis à deux balles. Je veux juste dire qu'à force de t'entendre parler de la chute de plusieurs éditeurs et de ne rien voir venir, tes propos finissent par n'avoir peut-être pas autant d'impact qu'ils le méritent.

[Thomas Day]

Mais il y a plein d'éditeurs et de collections qui ont disparu. C'est déjà arrivé. Ils ont été remplacés par d'autres trucs, ailleurs, c'est tout.

GD

[Travis]

Olivier, Gilles et tous les éditeurs que l'on soutient, bon courage à vous pour la suite.

[christian]

Tous les ans on licencie ou on "s'allège", cela dure depuis trois ou quatre ans maintenant. Et les résultats sont encore plus mauvais, malgré l'allègement de la charge salariale.

...quand votre commerciale vous dit à 8h23 "regarde pas les chiffres, c'est l'horreur", c'est plombant, quand on vous dit que vous faites trop de photocopies, alors que vous n'en faites jamais, etc.

C'est marrant, si on ne garde que ça, c'est le discours que j'entends régulièrement dans mon entreprise... qui n'édite pas de livres et n'est pas victime du "numérique", bien au contraire.

En fait, non, ce n'est pas marrant, c'est juste la fin inéluctable de cette socièté qui a tout misé sur le fric.

[Ceir]

Ce que j'ai un peu de mal à comprendre, c'est qu'à côté de ça il y a régulièrement de nouveaux éditeurs qui se lancent dans l'aventure du livre. L'offre est très large (n'a jamais été aussi vaste ?), alors que la situation est risquée finalement.

J'ai vraiment cette impression de crise imminente (les propos de Thomas, j'ai lu les mêmes pour la BD ou le cinéma) alors que la demande est là puisqu'il y a de nouveaux groupes pour se lancer dans l'aventure. Et le numérique ajoute à tout ça une incertitude.

[Thomas Day]

Je veux juste dire qu'à force de t'entendre parler de la chute de plusieurs éditeurs et de ne rien voir venir, tes propos finissent par n'avoir peut-être pas autant d'impact qu'ils le méritent.

Evidemment ce sont des collections qui tombent, bougent ou sont mises au congélo, pas des éditeurs (qu'on transforment volontiers en collection en France, comme Verticales, devenu collection de Gallimard), mais...

Intervista 15-20 (dernier titre : octobre 2009)
Mango autremondes (dernier titre :septembre 2010)
Mélis (dernier titre SF : fin 2010)
Ukronie (dernier titre : août 2010)
Club Van Helsing
Terre de brume "poussière de lune"
Calmann-Lévy "Interstices" (encore un titre à paraître, si j'ai bien compris)
Bragelonne "Trésors de la SF" (encore un titre à paraître, si j'ai bien compris)
J'ai Lu "Fantasy"

Et je ne remonte pas à la chute de Rivages Fantasy, Payot SF, ISF, Pocket Terreur, Points fantasy, Millénaires, Imagine (Flammarion), Quark Noir...

Chaque fois ou presque, c'est quand même des gens, directeurs de collection et auteurs, qui restent sur le carreau ou qui perdent des plumes. Il y a une espèce de mercato SF permanent, mais tout le monde ne se recase pas et certains auteurs (talentueux) jettent l'éponge.
Evidemment, c'est moins impressionnant que la disparition subite d'un acteur majeur du marché. Mais c'est très probablement pire. Certaines boîtes ont été récemment recapitalisées alors qu'elles auraient dû disparaître, c'est ça aussi le jeu du capitalisme, y'a rien à dire. Et même tant mieux, tant qu'il y a des mécènes, l'aventure continue.

Néanmoins faut rester lucide : toute cette mobilité d'auteurs, de collections, de directeurs de collection, c'est de la vie, ça bouge c'est vivant, mais c'est aussi beaucoup d'agitation de surface car on a plus pied et on commence à se noyer.

GD

[nolive]

Face à tous ces mastodontes, le ­libraire indépendant se sent bien seul, et si les grandes librairies (Sauramps à Montpellier, Ombres blan­ches à Toulouse, Mollat à Bordeaux, Dialogues à Brest, etc.) se maintiennent sans trop de heurts

AHAHAH. Ben voyons.

[Thomas Day]

On pourrait ajouter à ce constat l'abandon de Air de Geoff Ryman et Anathem de Neal Stephenson par Bragelonne, ainsi que l'abandon d'une tripotée de projets Lunes d'encre, qui seront remplacés par des omnibus style L'intégrale H2G2 qui, dans l'ensemble, rapporte beaucoup plus qu'ils ne coûtent. Un succès comme le volume H2G2, c'est 3 ou 4 gamelles entièrement payées. On est à 10 000 de tirage et les réassorts hebdos sont supérieurs en ce moment à ceux de Julian (Noël approche).

GD