Décès de Gardner Dozois

[Pierre-Paul Durastanti]

Gardner Dozois est mort. Avant de le croiser aux Utopiales, j'avais fait sa connaissance sur un tchat, puis je l'avais interviewé pour Bifrost. Je viens juste de finaliser Le fini des mers, sa belle novella, pour les éditions du Bélial'. Il avait dit, sur Facebook, très mal supporter le décès l'an dernier de sa femme, Susan Casper. Malgré mon agnosticisme viscéral, j'espère qu'ils se sont retrouvés. C'était un écrivain remarquable, un "editor" de tout premier plan qui aura marqué la SF américaine des trente dernières années, et un type adorable, un des rares dans la SF issu des milieux populaires, comme GRR Martin, son ami de plus de quarante-cinq ans. So long, Gard. Safe passage.

"C’est aussi à Washington [en 1971] que j’ai participé à ma première convention de science-fiction — près de sept ans après ma première convention de comics. Quand je suis entré dans le Sheraton Park Hotel avec mes pattes d’éph bordeaux et mon veston croisé jaune moutarde à fines rayures, le gonze derrière la table des inscriptions, un hippie émacié aux longs cheveux carotte et à la barbe hérissée peu fournie, a reconnu mon nom (personne n’oublie le R. R.) et m’a expliqué qu’il bossait comme lecteur chez Galaxy, où il avait extrait ma nouvelle de la pile des manuscrits non sollicités et incité Ejler Jakobsson à la lire. J’imagine donc que Gardner Dozois a fait de moi et un pro, et un fan (même si je me suis demandé ensuite s’il s’occupait vraiment des inscriptions ou s’il avait compris, en voyant la table inoccupée, qu’aller s’y asseoir lui vaudrait de recevoir de l’argent liquide. Lecteur professionnel chez Galaxy, ça ne payait pas lourd.)"
-- George R.R. Martin, R.R.étrospective

[Je sais, c'est déjà annoncé sur le fil du Fini des mers, mais il me paraît important de le formaliser.]

[Soleilvert]

Tristesse. L'occasion de relire L'étrangère