Serge Lehmann interviewé dans Le Monde

[Clément]

On voit éclore un grand nombre de textes qui n'appartiennent pas à la science-fiction classique, mais qui empruntent à ce genre certains de ses ressorts. Quel est leur point commun ?

Au départ, le mot "science-fiction" désignait essentiellement la fiction scientifique, mais le genre a vite regroupé des textes très hétérogènes. Le corpus classique s'est trouvé doté d'objets inclassables, relevant du fantastique, du réalisme magique ou de l'étrange. On y trouve finalement toute la littérature en réduction, avec en commun un effet de dépaysement ou d'étrangeté. C'est ce que le critique américain et théoricien de la science-fiction Darko Suvin a appelé l'effet de "cognitive estrangement", autrement dit de "distanciation cognitive".

Une interview à lire ici :
http://www.lemonde.fr/livres/article/20 ... _3260.html

[Don Lo]

Merci pour le lien !

La nouveauté, c'est peut-être ça : l'impression que l'apocalypse a déjà commencé. Sur le plan politique, on est passé des dystopies antitotalitaires à une vision plus diffuse où se mêlent surveillance, globalisation sauvage et hyperterrorisme. Superposez les deux registres et projetez le résultat à cinquante ans : vous obtiendrez une amplification des peurs contemporaines. La bonne science-fiction est celle qui parvient à aller au-delà.

Voilà, aller au-delà ou au moins viser au-delà... sinon, fermez vos livres de SF et allumez la télé : le 20heures fait tout le boulot.

[Thomas Day]

Viser pile dedans peut être aussi intéressant. Voire jouissif.

TD

[jicehem]

Ce qui est bien avec Le Monde, c'est que l'article sort un 30 septembre… daté du 1er octobre.
Comme quoi, aujourd'hui, c'est déjà demain - - - - >

[Thomas Day]

Je reproduis ici les dernières lignes de la critique de Encore un peu de verdure, par Fred Combo, récemment mise en ligne sur actusf :

"Finalement, ce sont peut-être les romans post-apocalyptiques qui vieillissent le mieux et il y a gros à parier que la fin du monde restera d’actualité jusqu’à son avènement..."

TD

[Don Lo]

Y'avait trois petits singes : un qui ne voulait pas voir, l'autre qui ne voulait pas entendre, et le troisième qui ne voulait pas dire, de peur que ça advienne.

[Travis]

Y'avait trois petits singes : un qui ne voulait pas voir, l'autre qui ne voulait pas entendre, et le troisième qui ne voulait pas dire, de peur que ça advienne.

Le quatrième c'est celui qui appuie sur le bouton.

[Caliban]

La bonne science-fiction est celle qui parvient à aller au-delà.

Viser pile dedans peut être aussi intéressant. Voire jouissif.

Il est certainement intéressant de proposer des solutions nouvelles ou un regard inédit sur les
problèmes actuels, ou d'en identifier de nouveaux, même si ça n'a pas grand chose de spéculatif.

Relire pour la millième fois un constat de pessimisme impuissant, en revanche, ça ne m'intéresse
pas beaucoup — ou alors, il y faut une sacrée plume...

Finalement, ce sont peut-être les romans post-apocalyptiques qui vieillissent le mieux

[/quote]
Mouais. J'ai plutôt l'impression que chaque génération traîne avec elle les angoisses de sa jeunesse,
et les trouve toujours actuelles un demi-siècle plus tard — mais qu'elle est souvent la seule. Les scénarios
de guerre nucléaire n'impressionnent plus les jeunes, alors que c'était une réalité omniprésente quand
j'étais ado (et que Giscard faisait vaillamment défiler sur les Champs-Elysées ses Pluton, un missile
nucléaire d'une portée de 350 km, donc conçu pour vitrifier l'Allemagne...). Et qui se souvient encore
du "syndrôme chinois" ?

A mon avis, les histoires d'amour vieillissent mieux — comme, puisqu'on parle de Serge, les questions
métaphysiques. Celle de la fin du monde en est une. Ses scénarios, non.

[Don Lo]

A mon avis, les histoires d'amour vieillissent mieux — comme, puisqu'on parle de Serge, les questions
métaphysiques. Celle de la fin du monde en est une. Ses scénarios, non.

Belle tentative d'exportation.

[Thomas Day]

Je ne suis pas sûr qu'on gagne à réduire la SF à une littérature à messages ; visiter un monde tout pété pour le seul plaisir esthétique me convient parfaitement en tant que lecteur. Lire Mad Max 2, ou son équivalent, peut aussi me plaire (on me rétorquera alors que c'est de la mauvaise science-fiction, certes, mais de la mauvaise SF qui me plaît).

Dire que la bonne science-fiction d'aujourd'hui c'est celle qui va au-delà du catastrophisme, c'est donner un coup de tranchoir au genre qui me semble, comme tous les coups de tranchoir, problématique.

TD