Un article de Cédric Fabre à lire sur le site d'Usbek&Rica
GD
« La fiction postapocalyptique permet de regarder l’histoire depuis des ruines »
- Gilles Dumay - Albin Michel Imaginaire
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Re: « La fiction postapocalyptique permet de regarder l’histoire depuis des ruines »
Merci ! Un article très intéressant et de circonstance...
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- Prince-Marchand
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Re: « La fiction postapocalyptique permet de regarder l’histoire depuis des ruines »
Regarder l'histoire depuis les ruines.
Oui pour le titre, oui-mais pour la suite.
Ma cousine, grande lectrice de Sepulveda - et inconsolable depuis sa disparition - est réfractaire à la lecture de science-fiction. Or elle ne cesse de me dire au téléphone "Mais nous sommes dans un univers de science-fiction". En effet, du changement climatique à la pandémie, nous sommes non pas dans une situation apocalyptique (ou pas encore diront les pessimistes) mais dans une situation tendue.
L'article développe, avec force argumentation l'idée de scénario-repoussoir, des scénarii conçus dans des temps plus apaisés, même si leurs auteurs ont connu la guerre etc.
Mon idée est que nous sommes pratiquement DANS le scénario-repoussoir. Les études à mener devront cerner les productions littéraires et artistiques de ces temps nouveaux, confinés. Un petit exemple : des programmations TV ont été modifiées. Des productions récentes ont été remplacées par des rediffusions, accréditant peut-être l'idée non plus du scénario-repoussoir mais du scénario-apaisant. A suivre donc.
Oui pour le titre, oui-mais pour la suite.
Ma cousine, grande lectrice de Sepulveda - et inconsolable depuis sa disparition - est réfractaire à la lecture de science-fiction. Or elle ne cesse de me dire au téléphone "Mais nous sommes dans un univers de science-fiction". En effet, du changement climatique à la pandémie, nous sommes non pas dans une situation apocalyptique (ou pas encore diront les pessimistes) mais dans une situation tendue.
L'article développe, avec force argumentation l'idée de scénario-repoussoir, des scénarii conçus dans des temps plus apaisés, même si leurs auteurs ont connu la guerre etc.
Mon idée est que nous sommes pratiquement DANS le scénario-repoussoir. Les études à mener devront cerner les productions littéraires et artistiques de ces temps nouveaux, confinés. Un petit exemple : des programmations TV ont été modifiées. Des productions récentes ont été remplacées par des rediffusions, accréditant peut-être l'idée non plus du scénario-repoussoir mais du scénario-apaisant. A suivre donc.
- Gilles Dumay - Albin Michel Imaginaire
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Re: « La fiction postapocalyptique permet de regarder l’histoire depuis des ruines »
Soleilvert a écrit :Mon idée est que nous sommes pratiquement DANS le scénario-repoussoir. Les études à mener devront cerner les productions littéraires et artistiques de ces temps nouveaux, confinés. Un petit exemple : des programmations TV ont été modifiées. Des productions récentes ont été remplacées par des rediffusions, accréditant peut-être l'idée non plus du scénario-repoussoir mais du scénario-apaisant. A suivre donc.
A mon sens, la généralisation ne fonctionne pas.
Pendant le confinement, j'ai regardé Virus de Kinji Fukasaku, Le Pont de Cassandra de George Pan Cosmatos et j'aurais volontiers regardé Contagion de Soderbergh, mais je ne l'ai pas.
Depuis le début du confinement, je ne lis quasiment que du Stephen King (en sus évidemment des manuscrits, mais ils se sont raréfiés à un point presque incroyable, je suis passé de deux par jour en moyenne à deux par semaine et quasiment rien en VO). King c'est plutôt "angoissant".
Le lecteur de science-fiction est globalement un lecteur qui veut "comprendre" ou du moins s'interroger. Et qui s'interroge
en permanence. Il y a une vraie corrélation entre philosophie et succès en SF. La Horde du contrevent, bien sûr, mais pas que...
Il y a évidemment des tas de lecteurs qui sont "pour le moment / depuis un bon moment" allergiques à une littérature qui les re-plongerait dans une angoisse qui est devenue quotidienne / tangible, mais rien ne dit qu'après ils ne vont pas y revenir (pour débriefer ce qu'ils ont vécu). Rien de dit que ceux qui ont bouffé du post-apo pendant le confinement continueront après.
Je trouve notable que les seuls billets FB que j'ai publiés sur le FB d'AMI et qui aient dépassé les 1000 vues soient tous liés au covid19 ou à la littérature post-apocalyptique. Ils ont été beaucoup partagés.
Lors de notre dernière réunion générale Albin Michel (en audio-conférence) il a été question du succès actuel d'ouvrages comme La Peste de Camus. Plusieurs personnes se sont demandées comment il était possible de lire un livre sur ce sujet en ce moment. Ça leur semblait inconcevable.
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- FeydRautha
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Re: « La fiction postapocalyptique permet de regarder l’histoire depuis des ruines »
Soleilvert a écrit :"Mais nous sommes dans un univers de science-fiction"
C'est amusant cette expression, que par ailleurs j'ai beaucoup entendue ces temps-ci sur les plateaux TV en mode "nous sommes dans un scénario de SF". C'est d'une banalité crasse ce que je vais dire, mais c'est précisément l'inverse : c'est la SF qui s'inspire de notre univers. Pour moi, c'est le signe d'une rupture avec le réel. Nous vivons dans la culture d'un monde fantasmé qui se refuse à voir la réalité. A se demander si, finalement, plutôt qu'une littérature de l'imaginaire, la SF n'est pas une littérature de l'hyperréalisme.
"Scientifiquement, c'est un immense bordel la réalité."
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Re: « La fiction postapocalyptique permet de regarder l’histoire depuis des ruines »
Gilles Dumay - Albin Michel Imaginaire a écrit :Plusieurs personnes se sont demandées comment il était possible de lire un livre sur ce sujet en ce moment. Ça leur semblait inconcevable.
GD
Parce que dans la cacophonie des communications officielles à l'échelle mondiale, la fiction offre une pensée plus structurée ? Si même une maison d'édition perd confiance dans la puissance des livres, nous sommes foutus ! ;)
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Re: « La fiction postapocalyptique permet de regarder l’histoire depuis des ruines »
Robert Charles Wilson a écrit :décrire un futur où il n’y a pas d’espoir, c’est écrire un livre sur un aveu d’échec
Si ça c'est pas d'un réalisme et d'un pragmatisme total !
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Re: « La fiction postapocalyptique permet de regarder l’histoire depuis des ruines »
FeydRautha a écrit :Gilles Dumay - Albin Michel Imaginaire a écrit :Plusieurs personnes se sont demandées comment il était possible de lire un livre sur ce sujet en ce moment. Ça leur semblait inconcevable.
GD
Parce que dans la cacophonie des communications officielles à l'échelle mondiale, la fiction offre une pensée plus structurée ? Si même une maison d'édition perd confiance dans la puissance des livres, nous sommes foutus ! ;)
Je ne l'ai pas du tout interprété comme ça (ça ne veut pas dire que j'ai raison), mais plutôt comme une interrogation "pourquoi rajouter de la peur à la peur ?".
GD
- FeydRautha
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Re: « La fiction postapocalyptique permet de regarder l’histoire depuis des ruines »
Gilles Dumay - Albin Michel Imaginaire a écrit :"pourquoi rajouter de la peur à la peur ?".
GD
Alors, parce que la plus grande peur c'est l'inconnu* ? Tout comme mettre un nom sur sa maladie est une première étape rassurante pour la personne affectée, lire une histoire de la pandémie flèche le chemin sur lequel on se trouve et enlève une partie de l'angoisse ?
*C'est la base de l'indicible lovecraftien, la terreur de ce qui ne peut pas être exprimé. Si on peut le dire, alors on allume une chandelle dans le noir (comme dirait Carl Sagan).
Modifié en dernier par FeydRautha le 24 avril 2020 à 10:47, modifié 1 fois.
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Re: « La fiction postapocalyptique permet de regarder l’histoire depuis des ruines »
> FeydRautha: "C'est amusant cette expression, que par ailleurs j'ai beaucoup entendue ces temps-ci sur les plateaux TV en mode "nous sommes dans un scénario de SF".
Fascinant et bien vu. Venant de personnes (comme ma cousine) qui lisent pas ou peu de SF, cela veut dire, je n'ai pas de représentation pour comprendre le réel, la SF ici étant catégorisée comme un hors champ. Au bout du compte ça peut s'analyser comme un refus du réel.
>Gilles Dumay . Dont acte mais j'ai parlé aussi de création littéraire.
Fascinant et bien vu. Venant de personnes (comme ma cousine) qui lisent pas ou peu de SF, cela veut dire, je n'ai pas de représentation pour comprendre le réel, la SF ici étant catégorisée comme un hors champ. Au bout du compte ça peut s'analyser comme un refus du réel.
>Gilles Dumay . Dont acte mais j'ai parlé aussi de création littéraire.
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