Anatèm, Neal Stephenson

[Gilles Dumay - Albin Michel Imaginaire]

Et pour l’œuvre précédente de Stephenson Seveneves un éditeur français est-il sur les rangs, sachant qu'une adaptation ciné par Ron Howard (misère!) est prévue ?

Alors là, c'est un problème 1/ que je connais bien 2/ qui me semble insoluble à cause de la structure même du roman.
Il y a trois parties, la lune explose (1), on met ce qui reste de l'humanité sur orbite(s) (2), on revient sur Terre beaucoup plus tard (3).
(1 et 2) vont clairement ensemble, mais sont si longues que ça ferait un bouquin français de mille pages à 50 euros. 3 est trop courte pour faire un livre à poser à côté du tome 1 de mille pages.
Par ailleurs, j'ai trouvé le roman très en dessous d'Anatèm ou du cycle baroque. Son sujet - les mécaniques orbitales - ne m'intéresse pas des masses, je le reconnais sans fard.
Jacques Collin qui a traduit Anatèm (et vous allez voir le boulot que ça représente) était tout à fait près à se lancer dans l'aventure ; on en a parlé avec Alexis Esmenard (mon supérieur hiérarchique direct), j'ai fait des calculs rigolos : on pourrait le fabriquer en 24x15,6, 1000 pages, c'est-à-dire le même objet que 22/11/63 de Stephen King, mais faudrait en tirer 50 000 ex.

C'est infaisable, sauf à ce que Neal Stephenson devienne Stephen King en France...

GD

[Gilles Dumay - Albin Michel Imaginaire]

je me demande quand même quel impact un bandeau comme celui-ci peut avoir sur l'acheteur français.

Je pense faire partie du cercle des "gens déjà informés" dont parle Gilles Dumay, mais les sorties sont nombreuses, de qualité très variable, et il faut bien choisir d'une manière ou d'une autre ses achats. Un bandeau attire mon attention. Je suis toujours preneur d'un argument tel un prix, une nomination ou un succès de vente. Et franchement, N°1 des ventes du NWT, ce n'est pas naze comme argument. Il y a de très bons livres, fiction ou essai, qui se sont retrouvés dans cette liste. De la même manière, il y a des livres que je n'ai pas aimés qui ont reçu un Hugo ou autre. Ce n'est donc jamais un argument de qualité, mais cela éveille mon intérêt.

Oui mais non (désolé...). Trois très bonnes critiques de blogueurs que tu respectes éveilleront davantage ton intérêt, me semble-t-il.
(Cela dit, je serais très heureux que tu me contredises.)

GD

[Laurent Queyssi]

Donc il faut sortir de ce premier cercle déjà informé (1500), toucher très largement le deuxième (5000-10 000, les ventes GdF de The Expanse) et toucher aussi le troisième (30 000, les ventes GdF de Silo - tome 1).

Je sais que c'est un choix fort et assumé de ta part, mais j'ai l'impression, peut-être naïve, que ce genre de couvertures s'adresse essentiellement au premier cercle des lecteurs que tu cites. Je n'ai aucune autre donnée que mon intuition là-dessus, mais j'ai l'impression que le succès de Silo, par exemple, doit pas mal à ces couvertures un peu plus neutres. Mais visiblement, ce n'est pas du tout ton cas. ;)
Et tu dois avoir plus d'infos là-dessus que moi.

[FeydRautha]

Je ne vais certes pas te contredire sur le '' davantage''. :-)

[Erwann]

La couverture de Gaëlle Marco n'est pas très typée SF pour le coup, non ? Sur ce premier pan : un type en habits de moine, des vitraux gothiques (choix curieux vu que l'action se déroule dans une sorte de monastère qui n'a rien de religieux) : ça me paraît plutôt lorgner du côté des couves US et du Cantique pour Leibowtiz.

[Laurent Queyssi]

La couverture de Gaëlle Marco n'est pas très typée SF pour le coup, non ? Sur ce premier pan : un type en habits de moine, des vitraux gothiques (choix curieux vu que l'action se déroule dans une sorte de monastère qui n'a rien de religieux) : ça me paraît plutôt lorgner du côté des couves US et du Cantique pour Leibowtiz.

Le simple fait qu'il s'agisse d'une couverture illustrée avec ce type de peinture photoshop et dans ces tonalités la type immédiatement, à mon avis. Pas forcément SF, mais "imaginaire" à défaut d'un autre mot (Ou SF&F, alors).
Je ne parlais pas de ce que représente l'illustration, mais du genre d'illustration.

[Gilles Dumay - Albin Michel Imaginaire]

Donc il faut sortir de ce premier cercle déjà informé (1500), toucher très largement le deuxième (5000-10 000, les ventes GdF de The Expanse) et toucher aussi le troisième (30 000, les ventes GdF de Silo - tome 1).

Je sais que c'est un choix fort et assumé de ta part, mais j'ai l'impression, peut-être naïve, que ce genre de couvertures s'adresse essentiellement au premier cercle des lecteurs que tu cites. Je n'ai aucune autre donnée que mon intuition là-dessus, mais j'ai l'impression que le succès de Silo, par exemple, doit pas mal à ces couvertures un peu plus neutres. Mais visiblement, ce n'est pas du tout ton cas. ;)
Et tu dois avoir plus d'infos là-dessus que moi.

Ah l'éternelle discussion sur les couvertures.

Prenons Silo. On part de ça en 2013



Pour arriver à ça, en 2017



Prenons Corey, on part de ça, à parution



Pour arriver à ça, chez le même éditeur



(Je vous épargne la couverture du Livre de poche.)

Mon sentiment c'est que imaginaire = illustration et que photo retouchée = catastrophe économique annoncée. Il y a évidemment des contre-exemple, etc. J'avais un patron chez Denoël fort sympathique qui ne jurait que par la couverture typo, sobre, etc. Chaque fois que j'ai abondé dans son sens pour "toucher un nouveau public", j'ai pris une gamelle homérique. Les plus grands succès de Lunes d'encre ce sont des couvertures de Manchu, Philippe Gady et Sorel.

Chez Albin, il n'y a pas eu de vraie discussion à ce sujet. J'ai vu Guillaume Dervieux et je lui ai dit je veux des couvertures assumées, avec des liens forts avec la BD, le jeu de rôles et le jeu vidéo, en lui montrant du Manchu, entre autre, et il m'a répondu : "bien sûr, c'est ça qu'il faut faire".

GD

[Laurent Queyssi]

J'imagine qu'une fois la collection identifiée avec un certain types de couvertures, il est casse-gueule de changer (l'exemple que tu cites chez Lune d'encres, sans doute).
Après, au-delà des considérations commerciales, il y a des histoires de goûts. Et j'avoue que les miens me poussent de plus en plus vers des trucs moins figuratifs, plus graphiques (lorsque c'est bien fait).
Et malgré sa couverture en coloscopie de Martien, Silo s'est quand même bien vendu.

Sinon, rien à voir, mais j'ai beaucoup aimé Seveneves moi aussi.

[M]

je me demande quand même quel impact un bandeau comme celui-ci peut avoir sur l'acheteur français.

Je pense faire partie du cercle des "gens déjà informés" dont parle Gilles Dumay, mais les sorties sont nombreuses, de qualité très variable, et il faut bien choisir d'une manière ou d'une autre ses achats. Un bandeau attire mon attention. Je suis toujours preneur d'un argument tel un prix, une nomination ou un succès de vente. Et franchement, N°1 des ventes du NWT, ce n'est pas naze comme argument. Il y a de très bons livres, fiction ou essai, qui se sont retrouvés dans cette liste. De la même manière, il y a des livres que je n'ai pas aimés qui ont reçu un Hugo ou autre. Ce n'est donc jamais un argument de qualité, mais cela éveille mon intérêt.

Oui mais non (désolé...). Trois très bonnes critiques de blogueurs que tu respectes éveilleront davantage ton intérêt, me semble-t-il.
(Cela dit, je serais très heureux que tu me contredises.)

GD

Je te rejoins. Je fais partie du lectorat cible et en étant bien informé, tres clairement les chroniques de blogueurs m interessent davantage.
Par contre quand je vais faire un retour à mon libraire (qui a rayon SFF pas très grand et pas trop de temps pour l animer) le bandeau à de l importance.

[Gilles Dumay - Albin Michel Imaginaire]

J'imagine qu'une fois la collection identifiée avec un certain types de couvertures, il est casse-gueule de changer (l'exemple que tu cites chez Lune d'encres, sans doute).
Après, au-delà des considérations commerciales, il y a des histoires de goûts. Et j'avoue que les miens me poussent de plus en plus vers des trucs moins figuratifs, plus graphiques (lorsque c'est bien fait).
Et malgré sa couverture en coloscopie de Martien, Silo s'est quand même bien vendu.

"Au-delà des considérations commerciales, il y a des histoires de goûts" résume tout le problème.
Moi, en vieillissant, je les aime de plus en plus "nos" couvertures criardes ; (je leur trouve des qualités politiques que je ne leur trouvais pas il y a dix ans). Je m'explique : je pense qu'on sous-estime la nature contre-culturelle de l'imaginaire, et que ce n'est pas en faisant ressembler l'imaginaire à de la culture / Littérature avec un L majuscule qu'on communique le mieux avec les lecteurs.
Ce "besoin de reconnaissance", cette "envie de légitimation" me fatigue un peu.
C'est une littérature punk (dans le sens voyou) qui s'adresse à des gens qui peuvent lire de la philo-SF à la Damasio comme regarder Mad Max Fury Road en kiffant à mort la guitare qui crache des flammes.
C'est un des derniers grands espaces de liberté. Faut que ça reste foutraque et éjaculatoire par certains côtés.

GD