Bruno a écrit : Et, du coup, le changement de diffuseur ne serait pas si risqué que ça.
Sans doute, oui. En tout cas c’est manifestement le pari fait par Brage avec Milady ; jouer la carte des grandes surfaces. Brage rejoignant la diff de Milady, l’idée est de profiter de la brèche ouverte par Milady (à grands coups d’investissements) au profit de Bragelonne. C’est d’une logique implacable. Bragelonne/Milady, c’est le Fleuve Noir d’avant le 21e siècle. Un éditeur qui se veut avant tout populaire ; une ambition étayée par l’achat d’un nombre croissant de franchises, la plupart venant d’ailleurs du Fleuve Noir qui les a abandonnées. Or, ce type de littérature se vend beaucoup en grande surface. Pas étonnant que ce niveau de vente soit donc un enjeu majeur pour Bragelonne/Milady. D’autant qu’à part certains gros points de vente de premier niveau (comme manifestement le Sauramps de Nolive…), je pense que la très grande majorité d’entre eux, à commencer par les Fnac, continueront à vendre cet éditeur exactement de la même manière. Bragelonne/Milady pratique la politique du coucou. J’y suis, j’y reste, je grossis, je pousse les autres en-dehors du nid jusqu’à ce qu’il ne reste plus que moi. Il faut pour cela privilégier la quantité et l’exposition. Ou qu’il se rende, le client potentiel ne doit voir plus que du Bragelonne/Milady. L’éditeur s’est appuyé pour cela, avec beaucoup d’habilité, sur quelques succès colossaux à l’échelle de nos domaines. Et l’ordinateur centralisateur des Fnac ne se pose pas de question. Ça marche, on commende. Et si ça ça marche, ça ça marchera peut-être aussi… Je pense que les grosses chaînes de libraires en général et les Fnac en particulier ont beaucoup fait pour le succès de Brage/Milady. C’est d’abord dans les Fnac que j’ai vu des tables de nouveautés totalement couvertes de titres Bragelonne. Bien avant celles des libraires indépendants importants. Et que ce soit avec MDL ou Harmonia, à mon sens ça ne changera pas… Bragelonne sera toujours énormément présent chez ces gros libraires de premier niveau, et désormais davantage en super marché. C’est gagnant/gagnant.
Reste que je suis convaincu qu’outre les Fnac, les gros éditeurs historiques (Editis, Hachette, Flammarion et Gallimard) ont également beaucoup aidés Bragelonne. D’abord par condescendance (« qu’est-ce que c’est que ces petits branleurs arrogants ? »), et aussi parce que finalement, d’une manière générale, ils se cognent de la SF et de la fantasy. Ou en tout cas ils s’en cognaient… C’est peut-être moins vrai maintenant, encore que j’en doute sérieusement… En définitive, Brage/Milady aura eu le mérite de montrer à toutes ces maisons historiques qu’il est finalement possible de bâtir quelque chose avec les littératures de genre. Bien sûr, cette démonstration n’est pas sans faire des dégâts dans le nid des éditeurs et collections spécialisées, mais elle n’en est pas moins exemplaire. Le coucou casse des œufs ? Et alors ?
Fin de la transmission.