Weirdaholic a écrit :[le problème, c'est que la vision de l'oeuvre de Robbe-Grillet qui s'est imposée dans la tête des gens, c'est celle, erronée, de Barthes et sa littérature blanche ; en vrai, il ressemble plus au Ballard de La Foire aux atrocités, et visiblement, il n'y a que les écrivains anglo-saxons qui s'en rendent compte - Nicholas Royle est fan lui aussi].
Je me réponds à moi-même, et en prime, je vais faire du hors-sujet, sur cette question de savoir pourquoi les anglo-saxons ont l'air d'apprécier Robbe-Grillet (et plus généralement le "Nouveau Roman", qui n'a jamais été aussi unifié que le prétendent les mauvais manuels de littérature), alors que nous, non.
La faute en revient, comme je le disais, à une image erronée, véhiculée non seulement par les critiques, mais par les écrivains eux-même, un comble - voyez par exemple ceci, qui est un contresens absolu :
Lionel Davoust a écrit :Rappelons-nous que, comme tous les arts narratifs, la littérature n’est pas appelée à représenter le réel tel qu’il est (sauf si tu fais du Nouveau roman, et dans ce cas, je prie pour ton âme), mais à proposer des effets de réel.
Contresens, parce que pour ne prendre que le seul cas de Robbe-Grillet, il préférait très clairement Flaubert à Balzac, autrement dit il n'ambitionnait pas du tout de recopier servilement le réel, au contraire. Voyez cet extrait de Pour un nouveau roman page 175 (article de 1955 revu en 1963) :
Alain Robbe-Grillet a écrit :L'écriture romanesque ne vise pas à informer, comme le fait la chronique, le témoignage, ou la relation scientifique, elle constitue la réalité.
(Quitte bien sûr à effacer la réalité créée juste après, un peu comme les TFI de Tom Sweterlitsch s'annulent les unes les autres.) D'où cette autre affirmation, page 148, dans un article de 1961 :
Alain Robbe-Grillet a écrit :Le Nouveau Roman ne vise qu'à une subjectivité totale.
Ici le HS atteint - heureusement - son Terminus. ^_^