Je poursuis ma lecture, à petites doses (Gilles a raison, il vaut mieux commencer par lire les nouvelles, en espaçant, parce que--loi du genre--ça apparaît un peu répétitif si on avale ça d'un coup).
Donc, fini les nouvelles, et je vais attaquer le roman.
Andersonien, disais-je, et telle était ma première impression. Mais c'est également proche de certains textes de Gordon R. Dickson, un écrivain un peu oublié de nos jours et qui n'hésitait pas à présenter des personnages "fêlés" confrontés à des choix difficiles.
Je vais recommander le bouquin à l'ami Nolane, grand fan de Dickson devant l'éternel.
JDB
Émissaires des Morts, Adam-Troy Castro
Re: Émissaires des Morts, Adam-Troy Castro
"Passablement rincé", qu'il dit.
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Re: Émissaires des Morts, Adam-Troy Castro
Gilles Dumay - Albin Michel Imaginaire a écrit :La mise en place est très décevante.
Voilà qui est décevant. Je pense que, sans être révolutionnaire, ce livre possède un gros potentiel auprès des lecteurs de SF. Il montre suffisamment de qualités pour pouvoir rencontrer un lectorat étendu, autant chez les novices que chez les vieux routards. Je sais qu'à force de lectures, il y a de moins en moins de choses qui me font frétiller et pourtant j'ai eu beaucoup de plaisir à le lire. J'ai habituellement des retours de libraires sur mes chroniques et c'est vrai que sur celui-là je n'en ai pas J'ignore pourquoi. Je n'ai pas non plus une grosse fréquentation sur ces chroniques (quelques centaines). En comparaison, à peu près à la même période, ma chro sur la BD L'Histoire de la SF en BD a attiré 1500 personnes en 24H et continue à vivre sa vie tranquillement. Est-ce que c'est trop tôt dans l'année ? Est-ce que le nom de l'auteur est trop inconnu ? Est-ce que, est-ce que, est-ce que ? Je ne sais pas. Où est-ce qu'on se plante dans la comm autour de ce livre ?
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Re: Émissaires des Morts, Adam-Troy Castro
FeydRautha a écrit :Gilles Dumay - Albin Michel Imaginaire a écrit :La mise en place est très décevante.
Est-ce que le nom de l'auteur est trop inconnu ?
Je ne pense pas. On a divers contre-exemples récents, des auteurs inconnus qui font un succès, y compris chez AMI.
Re: Émissaires des Morts, Adam-Troy Castro
Moi je ne vois rien de mystérieux là-dedans. Bouquin à 27 euros + 700 pages + de la SF pour adultes (genre qui fait clairement peur aux lecteurs jeunes / débutants venant du YA, d'après ce que je constate via de multiples canaux) + paraissant en collection spécialisée (contrairement au Livre de M, par exemple) + pas de raccord possible à une série / un film connu(e) du grand public + auteur inconnu de ce dernier + faible part de la lecture électronique (où le prix est bien plus accessible) en France = ça marchera sans doute, mais en poche.
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Re: Émissaires des Morts, Adam-Troy Castro
Oui je pense que le prix est un frein potentiel. C'est très dommage de se dire ça alors que la grande majorité des critiques confirment la pertinence d'avoir intégré les 4 nouvelles/novellas avant le roman.
Mais du coup ça ajoute 300 pages, ça fait un gros pavé qui en plus de peser son poids, pèse son prix. Mais je comprends : moi-même, dès que ça dépasse 25€ (ça semble être ma barrière psychologique), j'y réfléchis à deux fois.
Pourtant, le lecteur est gagnant sur le rapport prix/pages, mais passé un certain cap, ça bloque peut-être, surtout avec un auteur qui n'a pas de passé éditorial en France pour rassurer le lecteur.
Mais vu la qualité des textes (et les retours critiques), c'est très très dommage.
Mais du coup ça ajoute 300 pages, ça fait un gros pavé qui en plus de peser son poids, pèse son prix. Mais je comprends : moi-même, dès que ça dépasse 25€ (ça semble être ma barrière psychologique), j'y réfléchis à deux fois.
Pourtant, le lecteur est gagnant sur le rapport prix/pages, mais passé un certain cap, ça bloque peut-être, surtout avec un auteur qui n'a pas de passé éditorial en France pour rassurer le lecteur.
Mais vu la qualité des textes (et les retours critiques), c'est très très dommage.
Re: Émissaires des Morts, Adam-Troy Castro
Ah oui, je suis tout à fait d'accord, il était tout à fait pertinent d'ajouter les nouvelles au roman, et de même, en valeur relative, le consommateur n'est pas volé, le prix de 26.90 euros est tout à fait raisonnable pour 720 pages représentant 4 nouvelles et 1 roman, tous très intéressants. Le problème est, comme tu le soulignes, la valeur absolue, et le fait qu'elle dépasse le seuil psychologique des 25 euros (qui est aussi le mien, d'ailleurs). Je vois de plus en plus de gens dire de bouquins à 22-24 euros "il m'intéresse énormément, mais j'attendrai qu'il sorte en poche", alors à pratiquement 27, et avec les incertitudes sur les finances ou l'emploi de chacun liées aux confinements...
- Gilles Dumay - Albin Michel Imaginaire
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Re: Émissaires des Morts, Adam-Troy Castro
La mise en place ne fait pas le succès d'un livre. L'exemple de Quitter les monts d'automne est tout à fait pertinent à ce sujet pour rester chez AMI. Certains livres mettent des mois à démarrer (d'autres ne démarrent jamais). Lundi je devrais avoir les chiffres de réassorts de la première semaine de ventes complète, je n'ai pas eu les GFK jeudi car le livre n'est pas dans les 300 premières ventes fiction grand format du panel.
Le prix est un frein, c'est sûr, mais il n'a pas empêché American Elsewhere, 29 euros, de se vendre à un peu moins de 4000 ex, numérique non compris. La couverture est un frein aussi auprès de certains lecteurs, mais je l'assume à 100%.
Après, il faut être réaliste, s'il n'y a pas de presse, de radio, de booktubeurs influents c'est compliqué de nos jours, voire compromis pour rester dans les mots en com".
Le Livre de M est ma meilleure vente 2020, mais c'est aussi ma "meilleur presse" et de loin. Quitter les monts d'automne a démarré suite à deux articles (le point.fr ; Usbek&Rica) , publiés de façon très rapprochée. Quand on regarde les dates de parution des articles et l'augmentation des réassorts journaliers c'est limpide.
Si le livre Émissaires des morts est bien identifié dans le milieu, ou "notre club", en presse on n'a rien de prévu et on n'aura probablement pas grand chose (et pourtant on a fait le job). Par contre, j'ai pas mal d'accroches sur Gnomon qui intéresse plus les journalistes visiblement : fils de John Le Carré, société de surveillance, "1984 de notre époque", "élu un des livres de l'année par The Guardian".
Ça marche (aussi) comme ça.
La commercialisation d'un livre c'est comme une tache d'huile qui s'étend, il y a des accélérateurs, beaucoup de choses sont possibles avec les blogueurs / influenceurs / FB, mais après pour sortir des 1000-1500 ventes il faut que les libraires (ou les médias) prennent le relais. En tout cas, c'est ce que j'observe à mon échelle.
Par ailleurs, on parle d'une époque où il n'y a pas de signatures / rencontres / festivals ; c'est sûr que ça a beaucoup pesé sur le retard au démarrage du roman d’Émilie Querbalec.
GD
Le prix est un frein, c'est sûr, mais il n'a pas empêché American Elsewhere, 29 euros, de se vendre à un peu moins de 4000 ex, numérique non compris. La couverture est un frein aussi auprès de certains lecteurs, mais je l'assume à 100%.
Après, il faut être réaliste, s'il n'y a pas de presse, de radio, de booktubeurs influents c'est compliqué de nos jours, voire compromis pour rester dans les mots en com".
Le Livre de M est ma meilleure vente 2020, mais c'est aussi ma "meilleur presse" et de loin. Quitter les monts d'automne a démarré suite à deux articles (le point.fr ; Usbek&Rica) , publiés de façon très rapprochée. Quand on regarde les dates de parution des articles et l'augmentation des réassorts journaliers c'est limpide.
Si le livre Émissaires des morts est bien identifié dans le milieu, ou "notre club", en presse on n'a rien de prévu et on n'aura probablement pas grand chose (et pourtant on a fait le job). Par contre, j'ai pas mal d'accroches sur Gnomon qui intéresse plus les journalistes visiblement : fils de John Le Carré, société de surveillance, "1984 de notre époque", "élu un des livres de l'année par The Guardian".
Ça marche (aussi) comme ça.
La commercialisation d'un livre c'est comme une tache d'huile qui s'étend, il y a des accélérateurs, beaucoup de choses sont possibles avec les blogueurs / influenceurs / FB, mais après pour sortir des 1000-1500 ventes il faut que les libraires (ou les médias) prennent le relais. En tout cas, c'est ce que j'observe à mon échelle.
Par ailleurs, on parle d'une époque où il n'y a pas de signatures / rencontres / festivals ; c'est sûr que ça a beaucoup pesé sur le retard au démarrage du roman d’Émilie Querbalec.
GD
- Olivier Girard
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Re: Émissaires des Morts, Adam-Troy Castro
Je rebondis (un peu ; je rebondis assez mal le dimanche matin).
L'époque covidienne accélère une baisse systémique des mises en place, en tout cas au Bélial'. Mathias Echenay, aujourd'hui connu pour être le boss de La Volte, mais qui a aussi longtemps été le patron du CDE, la diffusion du Bélial' (et de "Lunes d'encre" à l'époque, ou encore de l'Atalante) le prophétisait il y a plusieurs années : nous sommes en train de passer d'une économie de mises en place à une économie de réassorts. Personnellement, ça me va très bien. Mais le phénomène a été considérablement accentué par le Covid, qui semble légitimer une certaine incurie des chaînes types Fnac, chaînes qui nous travaillent à l'heure actuelle de moins en moins, et presque uniquement par pilotage centralisé (au détriment des commandes des libraires en rayons, qui perdent la mains sur le travail des nouveautés). J'ignore si ce constat perdurera post Covid, mais c'est à craindre. Du coup, on est passé de mises en place déjà très basses à clairement faméliques (pas toujours, mais souvent) sur des titres supposés "difficiles", à commencer par les recueils. Je rejoins Gilles sur l'ensemble de son intervention, notamment sur le fait que la MeP ne fait pas le succès d'un livre. Mais il y a un seuil minimum de visibilité en dessous duquel ça devient très difficile (je pense à Rich Larson, par exemple).
J'ai toujours été pour un travail sur le temps long, le travail de/du fond(s). Qui sous-entend bien entendu une trésorerie en conséquence. Sauf qu'aujourd'hui, sur certains bouquins, on passe clairement dans la zone rouge, et il est à craindre qu'à terme, tout une frange de projets, réputés plus difficiles, plus exigeants, se paupérise de plus en plus et passe à l'as, même pour des structures motivées.
Bon, j'arrête là mon intervention un brin hors-sujet ; j'ai du Shepard à relire.
L'époque covidienne accélère une baisse systémique des mises en place, en tout cas au Bélial'. Mathias Echenay, aujourd'hui connu pour être le boss de La Volte, mais qui a aussi longtemps été le patron du CDE, la diffusion du Bélial' (et de "Lunes d'encre" à l'époque, ou encore de l'Atalante) le prophétisait il y a plusieurs années : nous sommes en train de passer d'une économie de mises en place à une économie de réassorts. Personnellement, ça me va très bien. Mais le phénomène a été considérablement accentué par le Covid, qui semble légitimer une certaine incurie des chaînes types Fnac, chaînes qui nous travaillent à l'heure actuelle de moins en moins, et presque uniquement par pilotage centralisé (au détriment des commandes des libraires en rayons, qui perdent la mains sur le travail des nouveautés). J'ignore si ce constat perdurera post Covid, mais c'est à craindre. Du coup, on est passé de mises en place déjà très basses à clairement faméliques (pas toujours, mais souvent) sur des titres supposés "difficiles", à commencer par les recueils. Je rejoins Gilles sur l'ensemble de son intervention, notamment sur le fait que la MeP ne fait pas le succès d'un livre. Mais il y a un seuil minimum de visibilité en dessous duquel ça devient très difficile (je pense à Rich Larson, par exemple).
J'ai toujours été pour un travail sur le temps long, le travail de/du fond(s). Qui sous-entend bien entendu une trésorerie en conséquence. Sauf qu'aujourd'hui, sur certains bouquins, on passe clairement dans la zone rouge, et il est à craindre qu'à terme, tout une frange de projets, réputés plus difficiles, plus exigeants, se paupérise de plus en plus et passe à l'as, même pour des structures motivées.
Bon, j'arrête là mon intervention un brin hors-sujet ; j'ai du Shepard à relire.
Re: Émissaires des Morts, Adam-Troy Castro
Olivier Girard a écrit :Sauf qu'aujourd'hui, sur certains bouquins, on passe clairement dans la zone rouge, et il est à craindre qu'à terme, tout une frange de projets, réputés plus difficiles, plus exigeants, se paupérise de plus en plus et passe à l'as, même pour des structures motivées.
Le crowdfunding pourrait être une solution pour ce genre de projet pointu, non ?
- Olivier Girard
- Modérateur
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Re: Émissaires des Morts, Adam-Troy Castro
Parfaitement. C'est une solution à ne pas négliger. Mais j'ai surtout l'impression que pour l'heure, le CF amplifie/cristallise des projets voués au succès et tournant autour d'auteur hyper installés, voire rebattus. En ce qui concerne les "projets pointus", j'ai comme un doute.Apophis a écrit :Le crowdfunding pourrait être une solution pour ce genre de projet pointu, non ?
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