Les fils de l'Homme, de P. D. James

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Joachim-28
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Les fils de l'Homme, de P. D. James

Messagepar Joachim-28 » 16 mars 2024 à 19:24

Pour celles & ceux qui ont suivi le cinéma américain des années 2000, et en particulier la science-fiction, il y a un film qui a peut-être retenu votre attention, et qui a eu un succès sur le long cours : Children of Men, de Alfonso Cuarón. Ce long métrage est en fait tiré d'un roman, de l'autrice P. D. James, et est paru en 1992.

Le roman (comme le film), prend place 25 ans après la dernière naissance sur Terre : l'ambiance est morose, l'humanité a perdu la foi, tous savent qu'ils sont la dernière génération. Certains groupes se réfèrent aux textes bibliques, arguant que nous vivons un châtiment divin. Que dit la science ? Rien. Elle qui a réponse à tout, se tait. On en est d'autant plus démunis. Un semblant de société se tient : il y a un Gouverneur, la vie continue.

Notre protagoniste est justement le cousin du Gouverneur, et à ce titre, il va être enrôlé (kidnappé dans le film), par des groupuscules, qui veulent changer les choses, et faire pression sur le Gouverneur. Oui, certains ont encore une volonté politique. Il veulent arrêter ces Quietus, qui ne sont ni plus ni moins que l'exécution, plus ou moins contre leur gré, des personnes les plus âgées (ce qui n'est pas dans le film). Ce groupuscule veut aussi plus de droits pour les Séjourneurs, sortes de personnes en transit. Des migrants, quoi.

Voilà pour la première partie.

Ce qui est remarquable dans ce roman, c'est de pénétrer la psychologie des personnages : si l'humanité court à son extinction inéluctable, à quoi bon se lever le matin ? Par habitude ? C'est une sorte de dystopie lente, d'anarchie latente, sans grand spectacle, si ce n'est celui du vieillissement, chaque seconde qui passe nous rapprochant de la fin, et de soi, et de toute l'espèce humaine.
La force de ce roman, est de faire écho à l'actualité : avec les problèmes écologiques que nous connaissons, nous sommes nous aussi devant une deadline, une échéance. Et pourtant, on fait comme si tout allait continuer.
C'est une profonde réflexion sur la fin : se sachant mourir, à l'échelle d'un individu comme à l'échelle d'une espèce, qu'est-ce qui nous donne la force de vivre encore, d'accomplir les gestes quotidiens ?
Il y a une phrase, en quatrième de couverture du roman La Route de Cormac McCarthy, qui dit ceci : Comment saurions-nous que nous sommes le dernier humain sur Terre ? Elle pourrait tout à fait résonner ici.

Pour la seconde partie, vous connaissez le film : l'Espoir est permis. Malgré le chaos, la vie peut peut-être reprendre ses droits.
En somme, la narration de ce roman, fait écho à l'actualité en science-fiction : après avoir exploré les avenirs les plus sombres, on a besoin d'une bouffée d'air frais, d'un espoir (Bright Mirror), on a besoin de respirer.

En somme, même si vous avez vu le film, je recommande la lecture du roman, qui est tout aussi bon ; avec quelques différences d'avec le film, mais aussi une psychologie très fouillée, en plus d'une ambiance de fin du monde d'autant plus oppressante qu'elle est moins spectaculaire que les blockbusters.

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