La trilogie Chronolythique, de Michel Jeury

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Clément
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La trilogie Chronolythique, de Michel Jeury

Messagepar Clément » 28 avril 2009 à 15:13

De juin 2008 à février 2009, la collection Ailleurs & Demain a réédité La trilogie Chronolythique de Michel Jeury, composée des romans : Le Temps incertain, Les Singes du temps et Soleil chaud poisson des profondeurs.

A cette occasion, l'émission Salle 101 de Fréquence Paris Plurielle a consacré une émission spéciale à ce grand monsieur de la SF française, et la revue Bifrost a publié un long article de Sylvie Denis sur le sujet dans son numéro 54.

L'intervention de Jules Abdaloff dans la Salle 101 :



Un extrait de l'article de Sylvie Denis :

Un classique, dit mon Petit Larousse, est un « auteur, ouvrage, œuvre, qui peuvent servir de modèle, dont la valeur est universellement reconnue ».

De ce point de vue, il n’y a aucune difficulté à qualifier Le Temps incertain de classique la critique pourrait s’arrêter là : roman majeur d’un auteur majeur de la science-fiction française, salué par la critique à sa sortie, il a également été le premier à se voir décerner ce qui était à l’époque le Grand Prix de la Science-Fiction Française (avant de devenir le Grand Prix de l’Imaginaire). En clair, toute personne qui se pique de connaître un tant soit peut le genre dans notre beau pays devrait l’avoir lu et plutôt deux fois qu’une.

Mais un classique est aussi un livre qui, tout en exprimant de façon magistrale l’esprit de son temps, n’en est pas moins intemporel en ce sens qu’il continue à parler à des lecteurs bien après sa publication.

Un classique dans un genre satisfait aux critères dudit genre et, d’une manière où d’une autre, le fait avancer. Dans tous les cas, il ne le « transcende » pas, il ne cesse pas d’y appartenir. Un bon livre de science-fiction est un livre de science-fiction de la même façon que le meilleur pain que vous ayez mangé dans votre vie demeure du pain, quel que soit le nombre d’étoiles attribué à la table où il est servi… Si Le Temps incertain et peut-être, surtout, Les Singes du temps ne figurent pas au sommaire des histoires de la littérature du vingtième siècle, cela ne signifie pas qu’ils n’y ont pas leur place, mais pour reprendre les termes d’analyse de Gérard Klein, que la culture dominante n’a toujours pas compris et encore moins intégré ce que la science-fiction a à dire sur la civilisation moderne.

Il semblerait, à lire certains critiques contemporains, qu’on ait oublié que la science-fiction est une littérature collective et qu’un auteur ne perd rien en inscrivant son œuvre dans une tradition, en reprenant à son compte et en prolongeant les idées et les réflexions d’un autre, bien au contraire. Dans cette perspective, Le Temps incertain, que l’auteur à l’époque a placé sous l’égide de Philip K. Dick en le citant, est une variation magistrale sur le thème classique du voyage dans le temps. Il est aussi un roman dans la droite ligne de l’exploration de l’espace intérieur qui faisait florès en convergence avec la New Wave anglo-américaine

Et un livre dickien, va-t-on me dire ? Certes, au sens où on y interroge la nature de la réalité — mais c’est bien tout. Michel Jeury, comme tout auteur de S-F, s’est nourri de l’œuvre de ses collègues et donc de celle de Dick. Une variation n’est pas une pâle copie. Quiconque connaît un peu l’histoire sait que l’originalité consiste bien souvent à apporter une minuscule pierre à un édifice dont la construction a commencé bien avant soi.

Je le répète, la S-F est une littérature collective qui se construit dans le partage, l’échange et la confrontation des idées d’une manière que ne connaît absolument pas la littérature générale.

Le voyage dans le temps est ce que j’appelle une idée de première instance. Elle apparaît tôt dans l’histoire du genre et a par la suite généré d’innombrables variations sur le thème. Elle découle d’une compréhension moderne de la notion de temps comme un principe linéaire, une droite, et comme un espace, une dimension dans laquelle on peut se déplacer. L’auteur, prenant en compte la capacité de l’homme à comprendre les lois de la physique et à les appliquer, peut postuler l’existence d’une « machine à voyager dans le temps » et écrire un récit de fiction ex-trapolative appelé La Machine à voyager dans le temps où le personnage principal devient témoin de l’évolution de l’humanité jusqu’à son plus lointain futur.

La suite de l'article est à lire dans Bifrost n°54...

Bonus :

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