Chicago, 1954. Quand son père, Montrose, est porté disparu, Atticus, jeune vétéran de la guerre de Corée, s'embarque dans une traversée des États-Unis aux côtés de son oncle George, grand
amateur de science-fiction, et d'une amie d'enfance. Pour ce groupe de citoyens noirs, il est déjà risqué de prendre la route. Mais des dangers plus terribles les attendent dans le Massachusetts, au manoir du terrible M. Braithwhite... Les trois comparses retrouvent en effet Montrose enchaîné, près d'être sacrifié par une secte esclavagiste qui communique avec des monstres venus d'un autre monde pour persécuter les Noirs. C'est la première de leurs péripéties... Dans l'Amérique ségrégationniste, Atticus et ses proches vont vivre des aventures effrayantes et échevelées, peuplées de créatures fantastiques et d'humains racistes non moins effroyables.
Signé par un maître du genre, encensé par la critique outre-Atlantique, Lovecraft Country est un hommage au pulp et à la science-fiction des années 1950, un roman électrique d'une actualité déconcertante. La société HBO ne s'y est pas trompée en décidant de l'adapter pour une série sous la houlette de Jordan Peele, le réalisateur de Get Out.
Lovecraft Country, roman de Matt Ruff traduit de l'anglais par Laurent Philibert-Caillat, sortira le 28 mars aux Presses de la cité.
La fiche du livre.
Lovecraft Country, Matt Ruff
Re: Lovecraft Country, Matt Ruff
Bon, déjà, vous pouvez oublier le titre.
Aucun rapport entre ce qui se passe dans le roman et les intrigues cosmiques d'un Lovecraft.
Nous ne sommes pas dans un hommage à la Derleth ou dans un pastiche.
En fait aucun rapport du tout avec Lovecraft... Je trouve d'ailleurs le titre très mal choisi, ça fait un peu opportuniste qui veut surfer sur la vague Lovecraft alors que ça n'a vraiment rien à voir.
Quand l'auteur parle de Lovecraft Country, il parle surtout de la perception des Noirs aux USA.
Et c'est le thème principal du roman.
Nous sommes en 1954 et il ne fait pas bon du tout être Noir aux USA, même dans le nord du pays.
Grâce à une série de petites histoires plutôt indépendantes (et de niveaux très variables...), basées sur le fantastique et la magie, (mais reliées par un fil commun qui se dénoue à la fin), l'auteur nous présente les difficultés énormes de vivre Noir aux USA à cette époque.
Je peux même dire que j'ai pris une claque sur ce sujet car même si on peut lire des articles sur le sujet (ou voir des films comme Missisippi Burning, qui se passe 10 ans plus tard, ce qui peut changer la donne), moi qui ne suis pas un expert, je n'avais pas réalisé à quel point cela pouvait être dur encore en 1954. On ne parle pas juste de racisme mais d'un racisme qui va jusqu’au meurtre, et au meurtre facile et "institutionnalisé".
Et on parle de personnes racistes qui ayant 15-20 ans en 1954 sont encore potentiellement en vie aujourd’hui et ont pu inculquer leur idées à leurs enfants et petits enfants. Cela permet de relativiser ce qui se passe aux USA aujourd'hui avec Black Matters par exemple.
Ca m'a fait du bien de me remettre en tête l'échelle de temps du ségrégationnisme aux USA, et ça fait aussi assez peur.
J'ai trouvé les personnages attachants et j'ai pris plaisir à suivre leurs histoires.
Le livre ne révolutionne rien sur le coté Fantastique, on a des pouvoirs magiques issus du langage d'Adam, des fantômes encore très bien conservés, des machines bizarres, rien de transcendant ou d'original. Et des intrigues de magiciens qui entraînent dans leur sillage une famille afro-américaine.
Et de toute façon le fantastique n'est pas le but de l'auteur, son but était clairement de montrer la vie des Noirs de l'époque dans un style de roman qui ne traite pas de ces sujets d'habitude.
Cela apporte parfois un peu de légèreté (ou de changement de cadre) et, avec un humour un peu présent et léger, ça permet dans doute de mieux faire passer les messages.
Ce n'est pas un grand roman, un must read, mais ce n'était pas désagréable et l'auteur a réussi son but, montrer à des gens qui ne vont pas lire des romans historiques ou journalistiques sur le sujet (comme moi), comment c'était il n'y a pas si longtemps dans la "plus grande démocratie du monde"...
Aucun rapport entre ce qui se passe dans le roman et les intrigues cosmiques d'un Lovecraft.
Nous ne sommes pas dans un hommage à la Derleth ou dans un pastiche.
En fait aucun rapport du tout avec Lovecraft... Je trouve d'ailleurs le titre très mal choisi, ça fait un peu opportuniste qui veut surfer sur la vague Lovecraft alors que ça n'a vraiment rien à voir.
Quand l'auteur parle de Lovecraft Country, il parle surtout de la perception des Noirs aux USA.
Et c'est le thème principal du roman.
Nous sommes en 1954 et il ne fait pas bon du tout être Noir aux USA, même dans le nord du pays.
Grâce à une série de petites histoires plutôt indépendantes (et de niveaux très variables...), basées sur le fantastique et la magie, (mais reliées par un fil commun qui se dénoue à la fin), l'auteur nous présente les difficultés énormes de vivre Noir aux USA à cette époque.
Je peux même dire que j'ai pris une claque sur ce sujet car même si on peut lire des articles sur le sujet (ou voir des films comme Missisippi Burning, qui se passe 10 ans plus tard, ce qui peut changer la donne), moi qui ne suis pas un expert, je n'avais pas réalisé à quel point cela pouvait être dur encore en 1954. On ne parle pas juste de racisme mais d'un racisme qui va jusqu’au meurtre, et au meurtre facile et "institutionnalisé".
Et on parle de personnes racistes qui ayant 15-20 ans en 1954 sont encore potentiellement en vie aujourd’hui et ont pu inculquer leur idées à leurs enfants et petits enfants. Cela permet de relativiser ce qui se passe aux USA aujourd'hui avec Black Matters par exemple.
Ca m'a fait du bien de me remettre en tête l'échelle de temps du ségrégationnisme aux USA, et ça fait aussi assez peur.
J'ai trouvé les personnages attachants et j'ai pris plaisir à suivre leurs histoires.
Le livre ne révolutionne rien sur le coté Fantastique, on a des pouvoirs magiques issus du langage d'Adam, des fantômes encore très bien conservés, des machines bizarres, rien de transcendant ou d'original. Et des intrigues de magiciens qui entraînent dans leur sillage une famille afro-américaine.
Et de toute façon le fantastique n'est pas le but de l'auteur, son but était clairement de montrer la vie des Noirs de l'époque dans un style de roman qui ne traite pas de ces sujets d'habitude.
Cela apporte parfois un peu de légèreté (ou de changement de cadre) et, avec un humour un peu présent et léger, ça permet dans doute de mieux faire passer les messages.
Ce n'est pas un grand roman, un must read, mais ce n'était pas désagréable et l'auteur a réussi son but, montrer à des gens qui ne vont pas lire des romans historiques ou journalistiques sur le sujet (comme moi), comment c'était il n'y a pas si longtemps dans la "plus grande démocratie du monde"...
Re: Lovecraft Country, Matt Ruff
Jeffx, regarde le film "Green book", tu y trouveras le même thème du "guide du routard noir aux U.S."!
J'ai beaucoup aimé le côté pulp de ce roman qui, s'il ne casse pas trois tentacules à un calmar, est assez réjouissant à lire tout en nous décrivant cette période de lutte pour les droits civiques à la mode Kthulhu Klux Klan...
J'ai beaucoup aimé le côté pulp de ce roman qui, s'il ne casse pas trois tentacules à un calmar, est assez réjouissant à lire tout en nous décrivant cette période de lutte pour les droits civiques à la mode Kthulhu Klux Klan...
Re: Lovecraft Country, Matt Ruff
hrolf a écrit :à la mode Kthulhu Klux Klan...
Joli, très joli !
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Re: Lovecraft Country, Matt Ruff
En 1988, lorsque j'étais en séjour linguistique à Williamsburg, en Virginie, nous avions été voir le spectacle d'un conteur afro-américain (comme on dit de nos jours).
Il perpétuait les traditions orales et racontait au public une sorte de Racines version stand-up, des légendes et des histoires africaines, puis des anecdotes de la période esclavagiste et enfin de l'Amérique ségrégationniste, tour à tour enchanteur, nostalgique, ironique, triste ou grave, mais souvent franchement drôle.
Et jamais dans la rancœur ou le ressentiment.
Toutes ces histoires ou ces aventures, il les tenait de son père, qui les tenait de son père à lui, etc. Certaines étaient peut-être inventées ou enjolivées - ça fait partie du jeu - mais j'ai plus appris en 1h30 sur la vie des Noirs dans le Sud des États-Unis que les documentaires ou articles que j'avais pu consulter.
Il perpétuait les traditions orales et racontait au public une sorte de Racines version stand-up, des légendes et des histoires africaines, puis des anecdotes de la période esclavagiste et enfin de l'Amérique ségrégationniste, tour à tour enchanteur, nostalgique, ironique, triste ou grave, mais souvent franchement drôle.
Et jamais dans la rancœur ou le ressentiment.
Toutes ces histoires ou ces aventures, il les tenait de son père, qui les tenait de son père à lui, etc. Certaines étaient peut-être inventées ou enjolivées - ça fait partie du jeu - mais j'ai plus appris en 1h30 sur la vie des Noirs dans le Sud des États-Unis que les documentaires ou articles que j'avais pu consulter.
Re: Lovecraft Country, Matt Ruff
Vous êtes durs messieurs, je l'ai trouvé bien fichu et effrayant juste ce qu'il faut pour une lecture estivale. Et le titre est AMHA approprié moins en rapport avec l'univers de Cthulhu qu'avec Lovecraft lui-même et la difficulté d'une grande tranche de la population de l'époque d'aimer des pulps et de la SF franchement racistes ou sexistes (toute ressemblance avec les polémiques actuelles étant voulue).
De l'autre côté des livres
if wishes were fishes we'd all cast nets
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