Le Bélial' lance e-Bélial', sa plateforme numérique

[Don Lo]

Don, rien ne t'interdit de publier ton prochain roman ou un roman futur en passant par une personne extérieure au monde de l'édition?

(j'ai mis un ? je m'interroge, ne connaissant pas vraiment la législation dans le milieu éditorial)

Libre entreprise : j'écris, j'imprime (ou numérise), diffuse (distribue) et vends à qui je veux.
Mais quand un contrat est signé, c'est lui qui fait loi.
Les "gros éditeurs" protègent sans doute leur contrat type, avec - comme dit Caliban - une bonne grosse trouille de voir leurs auteurs rentables (passés, présents et futurs) aller rentabiliser ailleurs.
Pour l'instant, aucune loi contraignante dans ce domaine, à part celle du prix unique du livre : j'aurais sans doute ma Harley avant eux...

[Herbefol]

Je crois surtout que c'est en rapport avec l'agent américain qui avait vendu directement les droits numériques de certains auteurs à Amazon, sans passer par un éditeur "normal".

[Don Lo]

C'est ce que j'appelle "aller rentabiliser ailleurs".
Je comprends les craintes de certains éditeurs toujours dur le fil de la rentabilité, hésitant entre réinvestir sur des auteurs vendant moins et assurer l'avenir. Ces éditeurs-là savent que leur vraie valeur est dans la détection et le travail du texte, ils acceptent de négocier les droits numériques à part.
Mais ce ne sont pas ceux qui signent cette pétition.

[marypop]

*mode simpliste on*
Ce débat me semble très simple, un problème d'offre et de demande.
- Les éditeurs ont besoin d'acheter les droits numériques pour répondre à la demande du client, qui ne comprendrait pas que certains titres soient dispos en numérique et pas d'autres
- Les auteurs (et les agents) essaient de gagner le maximum d'argent sur un titre

A partir de là, je ne vois que 3 issues à cet affrontement d'intérêt.
1) Les auteurs/agents ont vendu les droits numériques à Amazone (ou ailleurs) et ils ne les vendront pas aux éditeurs papiers.
-> les auteurs vont peut-être ne pas être pénalisés, les lecteurs si, les éditeurs aussi
2) L'éditeur accepte d'acheter les droits numériques en pas-exclusivité, les auteurs/agents les vendent à la fois à Amazone et à l'éditeur, le livre sort en papier, et en numérique sous 2 "éditions" directement, avec potentiellement des droits d'auteur différents dans les deux cas
3) L'éditeur accepte de verser plus d'argent pour une vente numérique que pour une vente papier et le circuit de l'édition est conservée.

=> Les "gentils" signataires devraient parfois peut-être se poser les bonnes questions.

[Don Lo]

- Les auteurs (et les agents) essaient de gagner le maximum d'argent sur un titre

Yep, c'est nous les méchants grippe-sous !
Les éditeurs ne font que répondre à une demande légitime et unanimement exprimée en luttant contre les méchants grippe-sous.

(et là, gros smiley clin d'oeil, parce que je réagis à la forme mais je suis d'accord avec toi sur le fond)

[marypop]

- Les auteurs (et les agents) essaient de gagner le maximum d'argent sur un titre

Yep, c'est nous les méchants grippe-sous !
Les éditeurs ne font que répondre à une demande légitime et unanimement exprimée en luttant contre les méchants grippe-sous.

(et là, gros smiley clin d'oeil, parce que je réagis à la forme mais je suis d'accord avec toi sur le fond)

ah mais moi je ne sous-entend pas que c'est de droite ^^

Gagner le plus possible pour son travail c'est ce que tout le monde fait, et ce n'est pas sale.
Si on me propose plus cher dans une autre boîte, perso, j'y réfléchis aussi.

Je dresse un constat, je ne juge personne.

Je citerai toutefois une idée forte retenue d'une formation professionnelle sur "Apprendre à négocier"

L'échec d'une négociation, pour les deux parties, c'est quand on ne signe rien. Il vaut mieux signer un compromis même désavantageux que rien

Et pour le moment c'est ce que je ressens : un point de blocage qui ne profite pas à grand monde.

[Don Lo]

Et pour le moment c'est ce que je ressens : un point de blocage qui ne profite pas à grand monde.

Ce n'est pas mon ressenti : tous les éditeurs avec lesquels j'ai travaillé ont accepté de sortir les droits d'exploitation numériques du contrat papier, pour négocier à part le moment venu.
Le blocage ne vient que d'une partie de l'éditorat qui fait croire qu'il y a un problème là où il n'y a que volonté de s'entendre.

[Jean-Claude Dunyach]

Je crois surtout que c'est en rapport avec l'agent américain qui avait vendu directement les droits numériques de certains auteurs à Amazon, sans passer par un éditeur "normal".

Exact. Et les éditeurs français pètent les plombs. Ceci dit, il ne faut pas oublier deux choses :

1) aux USA, une partie non négligeable du travail éditorial littéraire (faire retravailler le manuscrit pour qu'il devienne un livre abouti) est fait par l'agent. Les éditeurs américains choisissent, mais font peu retravailler, faute de temps. Donc le contenu du livre appartient "moralement" plutôt aux agents qu'aux éditeurs...

2) Transformer un fichier Word en ebook et l'envoyer sur Amazon, Apple ou autre ne demande aucune infrastructure particulière - faut juste un PC et divers logiciels en général gratuits, facilement trouvables. La mise en page n'a rien à voir avec celle du livre, on repart du fichier Word et pas du fichier Indesign ou Quark Xpress (je suis en train de préparer un article expliquant comment on fait, d'ailleurs, je le posterai sur divers sites quand il sera fini - vous verrez, c'est facile). Bref, un agent peut très bien faire de son côté la préparation et la mise en ligne des ebooks sans rien demander à personne. Et il choisit lui-même le prix de commercialisation de son ebook sans se soucier de la politique éditoriale de la grosse maison d'édition qui a publié le livre papier.
Et, bien entendu, il n'a rien à partager avec quiconque en dehors de l'auteur.

En France, il n'y a pas d'agents, ou très peu. Le travail littéraire d'aboutissement du manuscrit est fait par l'éditeur, donc la situation est plus compliquée. Ceci dit, il y a des éditeurs qui font retravailler, d'autres non. Et il y a des auteurs qui veulent publier en ebook la version non retravalllée (ou retravaillée différemment) de leurs livres, l'équivalent d'un director's cut !

Le jour où Amazon.fr acceptera directement les ebooks fournis par les auteurs eux-mêmes, il y aura des guerres de contrat sanglantes. Et je recommande à tous les auteurs qui ont des livres non exploités de reprendre en urgence leurs droits. Ca leur servira !

[Caliban]

On fera des bilans après la fin de l'opération quand on aura plus de recul.

Tu nous disais, quelques jours après l'annonce, que la fréquentation du site avait pratiquement
doublé. S'est-elle maintenue à ce niveau, trois mois plus tard ? Avez-vous un flux raisonnablement
constant de téléchargements payants, ou est-il retombé après les achats "de soutien" initiaux ?

[Clément]

En ce qui concerne la fréquentation du site, elle a baissé depuis (le pic étant le 1er septembre avec 1500 visites), mais elle reste plus haute qu'elle ne l'était autrefois et continue à augmenter régulièrement. On peut dire qu'on a un flux raisonnablement constant d'achats, mais il est beaucoup moindre que pendant la période "buzz" avec l'opération Day / Wagner ou même le mois de septembre avec le lancement de la plateforme. En gros, on vend surtout beaucoup de titres des livres qu'on ajoute en numérique au moment où on les ajoute et ça retombe après (comme pour le papier en fait). Notre nombre de téléchargement dépend donc directement du nombre de nouveaux livres numériques qu'on ajoute au catalogue.