Caliban a écrit :Je n'ai pas (encore) visité l'expo, et je peux très bien avoir mal compris la simulation proposée
Toujours pas (il fait quand même meilleur à Nice...), mais il semble en effet que j'aie mal compris sinon le
dispositif, du moins ce qu'il prétend représenter. C'est plutôt pire que ce que j'imaginais. Si j'en crois
l'itinéraire de découverte, document pédagogique officiel d'accompagnement de l'expo :
La cabine spatio temporelle (Multimédia) a écrit :Montez dans le vaisseau. Vous allez faire un aller-retour entre la Terre et Jupiter à une vitesse proche de
celle de la lumière, soit près de 300 000 kilomètres par seconde. C’est parti ! Attention les secousses.
A votre retour, votre horloge de vaisseau indique que vous avez voyagé 3 minutes tandis que l’horloge
restée sur Terre indique une durée de voyage…
[réponse : ...supérieure à 3 minutes. Dans les conditions propres au voyage que vous venez de réaliser
dans l’espace (accélération, décélération), le temps écoulé sur Terre a été de 1h 10 minutes environ.]
On n'a donc pas comme je le pensais deux horloges solidaires du vaisseau, observées par un occupant
du dit vaisseau dans le référentiel d'icelui, dont l'une affiche le temps du vaisseau et l'autre un temps calculé,
mais deux horloges situées dans deux référentiels différents, l'une dans le vaisseau et l'autre restée sur Terre,
mesurant chacune le temps écoulé dans deux référentiels distincts et mystérieusement
observables simultanément depuis la cabine du vaisseau.
(L'état du voyageur après un aller-retour Jupiter en 1h est laissé en exercice pour les étudiants.)Or :
- Ce qu'on appelle "principe de relativité", depuis Poincaré, c'est le fait qu'il n'existe pas de référentiel privilégié.
Corollaire immédiat : il est essentiel de savoir dans quel référentiel on décrit le monde, et de ne jamais les
mélanger (ce qui n'empêche pas de passer de l'un à l'autre par des opérations mathématiques, mais qui
cessent d'être simples dans le cas explicitement considéré ici, avec vitesses quasi-luminiques et accélérations)
- la première conséquence de la relativité einsteinienne, c'est de faire exploser la notion de simultanéité,
certains événements simultanés dans un référentiel pouvant ne pas l'être dans un autre, etc.
Telle qu'elle est présentée dans le document d'accompagnement, la simulation semble soigneusement
conçue pour embrouiller la tête des gamins, en cautionnant et en
mettant en scène à grand frais une erreur
de raisonnement classique (la comparaison simultanée par un même observateur de deux horloges
distantes).
Caliban a écrit :C'est juste un contresens.
Rectificatif donc : c'est juste une escroquerie intellectuelle.
(et oui, ça me met en rogne !
On n'est pas obligé de ne faire que de la
hard SF mais, s''il y avait un lieu et un moment pour faire un peu
attention à ce qu'on raconte du point de vue scientifique, c'était bien une exposition "science et fiction" à la Cité
des Sciences. Au lieu de profiter de cette occasion exceptionnelle pour légitimer un peu la science-fiction, on
aboutit à conforter les préjugés de ses contempteurs — SF = grand n'importe quoi, antiproductif sinon nuisible
du point de vue pédagogique.)