Ubik a écrit :J'employais "historique" dans le sens de "qu'on peut, en droit, inscrire dans une chronologie", pas
au sens des historiens.
Les historiens se fichent-ils de la chronologie ?
Non. Mais il y a des chronologies qui ne sont pas employées par les historiens (celle des cosmologistes,
par exemple), et d'aucuns tiennent à distinguer temps "historiques" et "préhistoriques", etc.
Ce n'est pas moi qui tiens à la nuance...
lutin a écrit : Moi qui croyais que le temps avait eu un commencement avec le Big-Bang ???!!!
Le "Big Bang" est un modèle cosmologique (ou plutôt une famille de modèles), basé sur l'idée qu'à un moment
donné, l'univers était tout petit et très dense, avant de subir une expansion considérable. Mais les physiciens
sont gens prudents, qui évitent de parler de ce qui leur est totalement inaccessible. Un théoricien peut s'amuser
à décrire "les trois premières minutes de l'univers" (ou plutôt de cette expansion), pour reprendre un titre
fameux,voire les trois premières nanosecondes, mais aucun ne s'aventurera très en-deça du temps du temps
de Planck, où aucun de nos outils conceptuels ne marche plus, pour faire simple.
La notion de "commencement", ou de "temps zéro", est basée sur une vision linéaire du temps, représenté
sur une droite graduée, avec une origine. Dans une représentation de ce genre, il est très naturel de se
placer à l'origine, voire de se demander ce qu'il y avait "avant" — sauf que ça n'a pas grand sens, du point
de vue de la mesure. En pratique, c'est tout un travail de gagner quelques ordres de grandeur : tu peux
probablement compter les secondes sans instruments ; pour le millième de seconde, il te faut un bon chrono ;
pour le millionième, tu ne le feras peut-être pas toi-même ; au milliardième (10-^-9 s), il faut un pro, avec
du bon matériel ; certaines expériences de laboratoire descendent à l'attoseconde (milliardième de milliardième,
soit 10^-18 s) ; 10^-24, on en reparlera dans trente ans ; 10^-42, un jour peut-être.... et on est encore
au-dessus du temps de Planck que j'évoquais plus haut (10^-44 s) ; mais continuons... 10^-50, 10^-100,
10^-1000.... on n'est toujours pas à "zéro", qui se présente dans cette représentation "logarithmique"
comme un horizon inatteignable, "10 puissance moins l'infini".
Bref : affirmer l'existence d'un "commencement," ce n'est pas une banalité mathématique, encore moins
physique, c'est énoncer un préjugé métaphysique sur la nature du temps (je ne dis pas que c'est
nécessairement faux...).