Disgaea 2: Dark Hero Days
Les tactical-RPG, hélas assez rares de par chez nous, ont de tout temps ou presque fait partie de mes jeux vidéos favoris. J’ai en effet passé des heures et des heures, à l’époque, sur ma vieille Megadrive, à me régaler tout au long des excellentissimes jeux de la série Shining Force (en l’occurrence Shining Force, Shining Force 2 et Shining Force CD), jeux que j’ai retrouvé plus tard en émulation avec un plaisir intact, les années et la technologie n’y ayant rien changé. De même, quand je me suis décidé à acheter une PSP, le premier jeu que je me suis procuré pour cette console fut l’indispensable Final Fantasy Tactics: The War Of The Lions, qui reste encore aujourd’hui, à n’en pas douter, un des meilleurs titres de la portable de Sony ; un jeu que je n’ai par ailleurs jamais réussi à terminer (faudrait peut-être que je m’y réessaye, tiens)… J’ai également pris beaucoup de plaisir, après un certain temps d’adaptation, avec le méconnu Wild Arms XF, qui n’est certes pas sans défauts, mais vaut à mon sens le détour pour les amateurs du genre. Et puis j’avais entendu parler de Disgaea: Afternoon Of Darkness. Mais le jeu n’était disponible qu’en import… Et ce n’est donc finalement qu’avec la sortie de ce deuxième opus intitulé Dark Hero Days que j’ai pu découvrir cet autre titre phare du genre.
L’action se situe dans les Netherworlds, des mondes corrompus dominés par des démons appelés Overlords. Plus précisément, nous sommes dans le monde de Veldime, qui était il y a peu encore un havre de paix… mais qui est récemment tombé sous la coupe du plus puissant des Overlords, Zenon. Et la malédiction de Zenon, en s’abattant sur Veldime, a transformé tous ses habitants en démons.
Tous ?
Non !
Un jeune homme du nom d’Adell, pour des raisons inconnues, n’a pas subi de transformation. Il a juré de vaincre Zenon afin de rendre à sa famille (adoptive) sa forme humaine. Mais quand sa mère tente d’invoquer Zenon… c’est la fille de l’Overlord, Rozalin, qui apparaît à sa place. Qu’à cela ne tienne ! Adell, qui a un sens de l’honneur pour le moins exacerbé, considère que Rozalin sera le meilleur des guides pour le conduire à Zenon… même si celle-ci ne pense bien évidemment qu’à le trahir à tout bout de champ. Commence alors une quête hautement improbable, comme vous pouvez vous en douter avec un duo pareil, et qui se révèle bien vite tout simplement hilarante. L’humour est en effet une donnée fondamentale de Disgaea, qui lui donne une saveur toute particulière, lorgnant vers l’absurde et l’amoralisme, bien éloignée des clichés habituels de la fantasy vidéo-ludique, qui en prend pour son grade… Ce n’est pas là un des moindres atouts de ce titre qui – autant le dire de suite – est aussi excellent que l’on pouvait le penser, et rejoint Final Fantasy Tactics au panthéon des meilleurs jeux sur PSP.
La richesse de ce software est en effet proprement ahurissante, garantissant des dizaines, voire des centaines, d’heures de jeu. Tout, jusqu’au moindre détail, y a été pensé, et les options ne se comptent pas. Et si certains aspects du jeu sont « classiques », typiques du genre, d’autres font réellement preuve d’originalité : ainsi, par exemple, dans le village où les personnages se retrouvent entre les batailles, « l’item world », générateur de donjons aléatoires qui permet d’améliorer des objets, mais aussi de réclamer des sentences de la Cour pour ses personnages, les « mauvaises » actions étant considérées de manière positive… lesquelles sentences doivent d’abord être reçues par la poste. C’est également au village, bien sûr, que l’on crée les personnages, le choix devenant de plus en plus vaste au fur et à mesure de la progression dans le jeu, et se partageant entre humains et monstres. Il existe également une assemblée élue, devant laquelle il peut être utile d’intervenir pour obtenir un certain avantage ; évidemment, tous les coups sont permis : corruption, ivresse, endormissement, etc. Ce n’est là qu’un aperçu des possibilités offertes en dehors du champ de bataille.
Mais l’essentiel du jeu, bien entendu, est constitué par les combats. Le but est toujours le même : détruire tous les ennemis. Mais cela ne rend pas le jeu répétitif pour autant, dans la mesure où les cartes, en trois dimensions, ont été très bien pensées, notamment en faisant intervenir la géomancie. Des géosymboles sont en effet souvent placés sur la carte, qui produisent un effet spécial sur les cases de la même couleur que celle sur laquelle ils se trouvent. Ces effets sont très variés, et peuvent être positifs ou négatifs : bonus ou malus d’expérience, de défense, d’attaque, de feu, etc., mais aussi clone, téléportation, dégâts automatiques aux alliés, augmentation du niveau des ennemis, interdiction de passage, interdiction de soulever, interdiction d’attaquer à distance ou au contraire au corps à corps, etc. Au fur et à mesure que le jeu progresse, non seulement les adversaires deviennent de plus en plus puissants, mais aussi les cartes deviennent de plus en plus vicieuses, les géosymboles (parfois mobiles) constituant de véritables pièges dont il n’est pas toujours évident de se dépatouiller… D’autant que, lorsque l’on détruit un géosymbole, il se produit une réaction en chaîne modifiant les couleurs du terrain et faisant des dégâts selon des principes assez complexes. Il y a à l’occasion de vrais casse-têtes à résoudre, tout en menant la bataille contre l’ennemi…
Chaque carte présente un point d’insertion : c’est l’endroit où l’on fait apparaître ses personnages (jusqu’à dix en même temps ; il est possible pour un personnage de sortir par ce point et d’être remplacé par un autre). À partir de là, un fait important à noter : les tours sont globaux (le joueur joue pour tous ses personnages, puis la console joue pour tous les autres), et, par voie de conséquence, les personnages ne sont pas affectés par une quelconque initiative. On peut donc les faire agir dans l’ordre que l’on veut et au moment où on le souhaite (par exemple, on peut décider de déplacer tous ses personnages et les faire agir tous ensemble, ou en déplacer un, le faire agir, puis déplacer et faire agir les autres, ou encore en faire agir deux, les déplacer avec les autres, faire agir les autres, etc.), ce qui est d’une grande importance pour les combos (les personnages bénéficient de soutien entre eux et peuvent attaquer à plusieurs un même ennemi, ce qui confère un bonus sans coûter d’action supplémentaire) et les aires d’effet (nombre de sorts ou de techniques de combat ont une aire d’effet, qui peut affecter les personnages alliés, en bien comme en mal…). On trouve bien évidemment un paquet d’actions classiques (attaquer au corps à corps, attaquer à distance, se défendre, jeter un sort, utiliser une technique de combat…), mais aussi quelques autres plus originales, comme par exemple la possibilité (pour les personnages humains uniquement) de soulever un personnage ou un objet et de le jeter sur une certaine distance (ce qui peut être indispensable pour atteindre un endroit inaccessible ou pour résoudre une énigme de géomancie… ou se révéler simplement utile, par exemple pour combattre les prinnies, ces pingouins de combat explosant comme des grenades quand ils sont jetés !).
Et quand y’en a plus, y’en a encore ! Une fois le jeu terminé, des niveaux bonus deviennent accessibles, dans lesquels on incarne Axel, le « Dark Hero » du titre, insupportable tête à claques que l’on avait croisé régulièrement jusqu’alors. Et de nouvelles capacités sont alors disponibles, comme le « throw & pass » : on jette un personnage ou un objet sur un monstre, et il rebondit dans la direction indiquée. Autre nouvelle possibilité : le « magichange » ; un monstre se place à côté d’un humain et devient une arme spéciale, faisant des dégâts particulièrement élevés : les deux personnages fusionnent, en quelque sorte, ce qui donne un personnage très puissant… mais en tue deux d’un coup s’il vient à disparaître. Attention toutefois : le challenge est alors particulièrement relevé ; ne commettez pas mon erreur : ne négligez pas vos personnages « secondaires » de la campagne d’Adell, ils risquent de se trouver trop faibles pour survivre aux aventures d’Axel. Un peu de levelling de temps à autre est donc recommandé, que ce soit sur les batailles précédemment jouées ou dans l’item world…
Quelques mots sur la réalisation, pour finir : les graphismes sont tout ce qu’il y a de sympathique, les animations bien évidemment minimalistes mais bien réalisées (et le jeu ne souffre pas de temps de chargement), la musique est de qualité et variée, et les voix sont plutôt réussies (avec une mention spéciale, bien sûr, pour la sale grenouille Tink et son accent français à couper au couteau).
Que du bon, donc, pour ce Disgaea 2: Dark Hero Days, excellent jeu, passionnant et hilarant, que je recommande chaudement à tout possesseur de PSP, et évidemment indispensable à tout amateur de tactical-RPG.
Disgaea 2: Dark Hero Days (PSP)
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