Oui et non. Il y a plusieurs conventions de découpage. Bon nombre d'historiens anglo-saxons considèrentUbik a écrit : Par ailleurs, si l'on se penche sur l'Histoire récente, on constate qu'elle est découpée en trois segments :
époque moderne, époque contemporaine, temps présent...
que nous sommes toujours dans l'époque moderne, avec ou non d'autres subdivisions. Et le "présent" est
moins une "période" que la fenêtre mobile des événements trop récents pour être convenablement traités
avec les techniques de l'historien. Mais peu importe, du moment qu'on se comprend.
Si, très largement — du moins si tu prends "ère scientifique" dans le sens plus large d'un rapport particulierUbik a écrit : Pas sûr que l'entrée dans une ère scientifique nouvelle soit forcément la préoccupation majeure
de cette segmentation...
à la connaissance, une "méthode", disons, pour employer Descartes comme marqueur. Ses premières
applications sont à la science et à la théologie (pour la renvoyer dans les Eglises...), mais c'est ce qui
détermine les grandes évolutions sociales et politiques de l'ére moderne. En moins d'un demi-siècle, les
ingénieurs prennent le pas sur les corporations d'artisans, et changent du tout au tout le rythme du progrès.
Ensuite, les "Lumières" revendiquent son application à la politique, et la Révolution s'ensuit (c'est-à-dire
la période "contemporaine" des historiens).
Nous sommes d'accord. Mais ces appellations sont arbitraires et provisoires, et leur formulation n'est pasUbik a écrit :Mais ce que je veux dire, c'est que les appellations sont forgées a posteriori. Un critique ou un historien
de l'art ne lira pas l'Histoire avec la même grille de lecture qu'un scientifique. Révolution, continuité,
c'est aussi une question de grille de lecture.
entièrement innocentes. "Art Nouveau" faisait sens pour tout le monde au tournant du siècle (du siècle
dernier, j'entends). Aujourd'hui, l'expression est paradoxale. Toi, moi, W. et en général les lecteurs de ce genre
de forum littéraire, connards élitistes ou pas, n'avons aucun mal à la traduire automatiquement par "art plus
si nouveau mais qui a été revendiqué pour tel à un moment donné." On fera avec n'importe quelle étiquette.
D'autres — et ils sont de plus en plus nombreux — n'ont pas cette sophistication culturelle, et s'en trouvent
de fait exclus. L'art "moderne et contemporains" est de moins en moins populaire (et je ne rentre pas dans
le vieux débat entre arts plus ou moins nobles, Littérature et sous-littératures...)
Pire : ce genre de polysémie arbitraire (nouveau = ancien, selon le contexte) contribue, pour les mêmes,
à la dégradation générale du langage comme outil de précision, et donc à creuser le fossé entre ceux qui
le maîtrisent et les autres. Qui, pour moi, devient d'autant plus préoccupant qu'on est en train de franchir
un cap : les futurs instits n'appartiennent plus forcément à la première catégorie (enfin, ceux qu'on envoie
dans les banlieues...)
Alors qu'on est tellement mieux dans l'ultra-libéralisme langagier, où tout se vaut, tout se dit,W a écrit :En fait, ce qu'il nous faudrait, c'est un bon régime rationalisant.
chacun parle comme il veut et vae victis !