Landernau : pour un petit point sur l’édition de genres...

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scifictif
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Re: Landernau : pour un petit point sur l’édition de genres...

Messagepar scifictif » 09 août 2009 à 15:37

Le taux de retours et le reassort me paraissent en effet crucial.
Gilles, et ce n'est pas la première fois, joue la transparence en citant ces chiffres.
Est-ce que les autres éditeurs qui viennent ici ne pourraient pas nous lâcher quelques stats également ?
Quitte à flirter avec les tabous, j'aimerais bien avoir une idée du taux de bouquins qui finissent au pilon ou chez les soldeurs.
Ce qui s'appelle mettre les pieds dans le plat, n'est-ce pas ?
Un Bifrost par exemple, ça représente quel tirage, quelle mise en place, combien de retours ? Vous a-t-on déjà réclamé du réassort ? Et plus généralement, combien de points de vente fournissez-vous ?
Autre question, la rotation me semblant importante sur les étals des libraires, je me demande si le delai entre les approvisionnements et les retours ne tendrait pas à diminuer ? Tendance que la surproduction actuelle ne peut qu'accentuer.

Sur ce forum, on a des auteurs, des éditeurs et des libraires. De quoi nous éclairer en somme.


EDIT : Pour rester dans le petit monde riant de l'édition, avez-vous vu, fin juillet sur France 3, dans l'émission Strip-Tease, ce reportage édifiant intitulé "l'édition c'est pas de la littérature" et consacré au délicieux couple d'éditeurs Eloïse d'Ormesson et Gilles Cohen Solal ?
Pour ceux qui ne l'ont pas vu, je n'ai hélas pas trouvé de lien sur le net et c'est bien dommage.
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Re: Landernau : pour un petit point sur l’édition de genres...

Messagepar OLRIK » 10 août 2009 à 14:00

Des chiffres,des problèmes de reassorts,des éditeurs petits ou grands les uns en déroute et les autres en pleine expansion;tout cela me fait bien marrer moi qui n'achète que qelques titres de sf ou fantasy (les 3 conan reliés chez Bragelonne pour fuir Sprague de Camp et me faire plaisir).
Je suis vraiment cette fois impatient de me plonger dans ma collection complète du Rayon Fantastique avec ses dechets mais aussi ses perles sous leur couvertures qui ont vécu pour les premiers n° presque 60 ans!
Vraiment pour certains titre achetés chez certains éditeurs aprés lecture des critiques de Bifrost et du site de LA CARAFE COMIQUE je reste déçu et je peux vous dire que l'on ne m'y reprendra plus;alors les chiffres et vraiment l'inflation de titre (certains avec des suites de 3 et même 5 volumes) ne m'intérèssent vraiment pas.
Quisque in suo animo suae mortis semina fert !
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Re: Landernau : pour un petit point sur l’édition de genres...

Messagepar pward » 10 août 2009 à 14:10

Bonjour

Je vais donner les chiffres Rivière Blanche, aucun secret. En sachant que nous imprimons à la demande, pas de stock, pas de distributeur, pas de diffuseur.

Meilleure vente : Sellig pour une poignée de Koumlaks 1303 ventes
Plus mauvaise vente : 45 (je ne dirais pas qui)
Nous avons plussieurs livres au-dessus de 500 (3 PJ Hérault + l'anthologie Cal de Ter - John Lang - A comme alone de Thomas Geha - Noir duo de Miller/Ward)

Entre 300 et 500 nous avons plusieurs ouvrages Dimension Espagne, un PJ Hérault par exemple.

La majorité se trouve entre 100 et 200 ventes


Nous avons publié plus de 80 ouvrages, la moyenne des ventes est de 190 à ce jour. Je ne compte pas certains ouvrages comme Docteur Oméga, les petits artbooks par exemple.

En 2008 la moyenne des ventes par mois était de 350. En 2009 de janvier à juillet 400 ventes par mois.

Je reçois en moyenne par an 350 propositions de romans non sollicités.

Voilà nos chiffres de ventes, ils ne nous permettent pas d'en vivre, mais nous n'avons jamais été en rouge à la banque..

Philippe rien à cacher Ward
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Re: Landernau : pour un petit point sur l’édition de genres...

Messagepar scifictif » 11 août 2009 à 22:00

Si ces chiffres peuvent sembler modestes, je suis pour ma part surpris qu'une structure qui se passe d'une exposition en librairie puisse vendre autant.
Alors ok, le bouche à oreille (les forums, les sites dédiés) et la VPC en plein boom mais 15 000 ventes en 5 ans et une moyenne de 400 par mois ce semestre... Je ne m'attendais pas à tant.
Concernant les frais d'impression, les faibles tirages doivent entrainer un coût unitaire corsé, non ?

@ OLRIK
J'espère qu'en lisant l'intégrale du RF tu auras une pensée pour les lecteurs/acheteurs de l'époque qui ont fait vivre la collection à hauteur des quelques 120 titres parus.
Concernant les critiques, celles du CC et de Bifrost sont pour le moins argumentées (et débattues en forum) et rien ne t'empêche de multiplier les sources pour peser les arguments contraires et faire ton choix. Franchement, tant de livres paraissent que sans le filtre des critiques on aurait de bonnes chances de lire régulièrement des bouses.
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Re: Landernau : pour un petit point sur l’édition de genres...

Messagepar pward » 12 août 2009 à 08:04

Bonjour

Les chiffres sont modestes et ne nous permettraient pas d'en vivre. Mais ils nous permettent de continuer en ayant l'esprit assez tranquille concernant le banquier.
Nous avons aussi une vingtaine de librairies spécialisées qui ont les Rivière Blanche et cela aussi nous aide. Car les libraires font un peu de promo. Et puis nous avons eu la chance d'avoir PJ Hérault, Sellig, John Lang et Thomas Geha qui ont assuré et assurent toujours une grande partie des ventes.

400 par mois c'est aussi variable, je pense que cela va baisser d'ici la fin de l'année. Mais au départ je ne pensais pas que nous arriverions à ce chiffre. Par contre "aller plus haut" me semble plus difficille, sauf avoir un nouveau "best seller".

Oui le coût d'impression est plus élevé (double voir triple) que si nous imprimions à 1500-2000 exemplaires, voir même 500. Mais au moins je n'ai aucun stock à la maison. C'est un choix pleinement assumé. Franchement je ne me vois pas vendre 2500 exemplaires de certains grands anciens du Fleuve.

L'avantage c'est que je publie aussi ce que j'aime, qui me plait, en sachant parfois que l'on en vendra pas 100 exemplaires. Et surtout de publier 2 ou 3 jeunes auteurs par an.

Et puis qui pourrait publier un roman inédit de Kurt Steiner ? Riviere Blanche en décembre 2009.

Philippe qui se fait plaisir Ward
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Re: Landernau : pour un petit point sur l’édition de genres...

Messagepar Olivier Girard » 13 août 2009 à 15:05

Question chiffres, je n’ai jamais fait mystère de ceux du Bélial’ : y a qu’à demander.
Pour Bifrost, chaque numéro est tiré à 2000 exemplaires. La revue a 600 abonnés environ, auxquels s’ajoutent la VPC et les ventes en librairies, qui représentent environ 1000 exemplaires en moyenne. Soit des ventes de plus ou moins 1400 à 1700 exemplaires par numéro… C’est pas beaucoup, mais les chiffres de Bifrost ne cessent d’augmenter depuis la création de la revue, ce qui est plutôt encourageant (les mauvaises langues diront qu’on a commencé tellement bas que le contraire serait étonnant). Ce qui est assez frappant chez Bifrost, c’est les très faibles variations de ventes liées à l’objet du dossier de chaque numéro. Bifrost semble avoir un lectorat captif sur chaque opus mais peine à convaincre le lecteur occasionnel susceptible d’être intéressé par tel ou tel dossier.
Pour le Bélial’, ça dépend bien sûr des titres. Pour faire simple, disons que le tirage moyen s’échelonne entre 3000 et 5000 exemplaires, sauf pour les auteurs réputés « difficiles » (Berthelot, Di Rollo, etc.) ou totalement inconnus (Bruce) pour lesquels le tirage tourne autour de 2000. Vous n’aurez pas manqué de remarquer, aux noms évoqués, que les tirages les plus bas concernent généralement les auteurs francophones… Ceci dit, le recueil de Catherine Dufour a été imprimé à 3000 exemplaires, et celui de Joëlle Wintrebert sera tiré de même.
La meilleure vente du Bélial’ est à ce jour La Nef des fous de Richard Paul Russo, qui se situe un peu en dessous des 6000 exemplaires vendus. Les plus mauvaises plafonnent vers les 600 exemplaires (avec un « sommet » de 78 exemplaires après retours pour le recueil de Brian Hodge Musiques liturgiques pour nihilistes, mais c’était une autre époque !). Disons pour faire simple que les ventes moyennes du Bélial’ si situent autour de 2000-2500 exemplaires. Les titres qui marchent bien en ce moment sont les 4 volumes de La Patrouille du temps (le premier tome est autour des 3500 exemplaires), Warchild (un peu moins de 3000, mais tous les retours ne sont pas encore revenus), Voisins d’ailleurs de Clifford Simak, même s’il est trop tôt pour vraiment se prononcer… Concernant le fonds, les livres avec le plus de rotations sont La Paille dans l’œil de dieu de Niven & Pournelle (on doit être autour des 3000 ventes aujourd’hui, et avec la sortie de la suite au Bélial’ l’année prochaine, même si le premier tome se retrouvera alors disponible en poche, ça devrait relancer malgré tout le premier volume en grand format), les recueils d’Egan, les Vance (l’omnibus La Planète Géante est proche des 4000 ventes). En règle générale, les « classiques » se vendent plutôt bien au Bélial’. Dans ce registre, on fait rarement en dessous de 2000 exemplaires au titre.
Enfin, dernier point à souligner : la VPC, qui se développe considérablement ces derniers mois (sans que cela nuise pour autant aux ventes en librairies — en attendant le virus AH1N1 cet hivers…). VPC qui, abonnements de Bifrost inclus, génère entre 2000 et 4000 euros pas mois.
Bref, le Bélial’, aujourd’hui dans sa quatorzième année d’existence, n’a plus de problème majeur de trésorerie, même si notre économie reste fragile et nous contraint à une extrême prudence.
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Re: Landernau : pour un petit point sur l’édition de genres...

Messagepar Imagineria » 15 août 2009 à 11:38

L'intérêt des petites maison d'édition c'est qu'elles ont souvent une ligne éditoriale très précise, et on est rarement déçu par leur dernier bouquin. Avec une grosse maison qui publie le plus possible, tout et n'importe quoi, acheter un nouveau bouquin ressemble à un tirage à la loterie.
Mais il est évident que sur la masse de lecteurs, il est plus facile de générer du chiffre d'affaire en inondant les librairies qu'en vendant au détail sur internet.

En tous les cas, je suis toujours surpris par la motivation des petits éditeurs, qui font un travail énorme (quasi) bénévolement. Ça ne doit pas être évident tous les jours. Dommage qu'on boulot aussi précieux pour les lecteurs comme pour les auteurs ne soit pas mieux récompensé.
http://imagineria.free.fr : un blog présentant des conseils aux jeunes auteurs de fantasy
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Re: Landernau : pour un petit point sur l’édition de genres...

Messagepar Casse-bonbon » 21 août 2009 à 19:22

Philippe chou, Hermès sait que je t'adore, mais je n'aime pas quand tu mets le Navire sur le même plan que l'Olibrius Céleste, ça me fait pousser des boutons.

Pour mémoire Le Navire, c'était :
En trois ans d'existence en fonctionnement normal :
19 titres parus, dont un qui a remporté deux prix majeurs de l'édition jeunesse, un autre finaliste de 27 prix différents (sorti la même année que le Mourlevat, il arrivé deuxième quasi partout) et un dans la sélection des meilleurs romans jeunesse 2008 de la Bibliothèque Nationale de France.
Tirages 2500.
Meilleures ventes : 5800
Moins bonne vente (une seule à se planter autant) : 600 (un Pelot, argh !!!!)
Moyenne de vente : 800

Ce qui aura eu la peau du Navire, c'est le fait que la crise à amené une réduction drastique des dotations aux bibliothèques (elle a bon dos, la crise) qui en jeunesse, sont les premiers acheteurs et n'ont plus les moyens d'acheter des livres de petits éditeurs à 17 euros (oui, la jeunesse se vend autour de 12 euros, voire moins pour Galliflam).
Avec un équivalent temps plein (pas moi) pas de bénévolat (sauf moi), une diffusion distribution - pas pile poil non plus (question de réseau, pas de qualité) et un éditeur avec 15 ans d'expérience. Ben non, ça suffit pas...

Mais pas sur le même plan que l'Olibrius Céleste et son amateurisme, pitié, Philippe...^^
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Re: Landernau : pour un petit point sur l’édition de genres...

Messagepar pward » 21 août 2009 à 19:30

Toutes mes excuses, je me suis mal exprimé. en plus Cthulhu sai que je suis conscient de ma place et que je ne revendique pas le fait que Rivière Blanche soit un vrai éditeur. Ce que je voulais dire dans ma phrase c'est qu'il y avait eu en même temps plusieurs éditeurs et associations qui avaient disparus alors qu'ils publiaient dans le domaine de l'imaginaire.

Je ne vous mettez pas au même niveau, comme pour moi R.B reste encore la dernière maison avant le compte d'auteur.

Philippe honteux Ward
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Re: Landernau : pour un petit point sur l’édition de genres...

Messagepar Casse-bonbon » 21 août 2009 à 19:47

T'inquiète.
Et je mets surtout la différence entre "vrais" et "amateurs" sur le plan de la qualité du travail accompli : Rivière Blanche m'a tout l'air de rentrer dans les clous, comme Griffe d'encre. Certes, il y a aussi de l'amateurisme au départ, mais un volonté d'accomplir un vrai travail éditorial, des progrès constants dans le travail et des réussites qui sont là pour prouver que small can be beautiful.

Mais pour l'Olibrius, je râle.

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