lutin a écrit : Au risque de paraître insensible, sur la TVA elle-même, acheter un bouquin 14,13 € ou 14€, ect...
je ne vois pas trop l'importante différence : au niveau des librairies qui pratiquent la baisse des 5%,
aucun prix n'est arrondi et le consommateur est franchement familiarisé à ce genre d'affichage
En ce qui me concerne, c'est une question de goût. Un prix affiché à 14,13 €, sans raison bien claire,
c'est pour moi qui aime les chiffres assez équivalent à une grosse faute d'orthographe en quatrième
de couverture : personne ne me fera croire que le calcul du prix d'un livre amène un résultat à quatre
chiffres significatifs. De deux choses l'une : l'éditeur ne sait pas compter, donc il est inculte et c'est
mauvais signe pour un dealer de culture, ou il se paye ma tête. Dans les deux cas, si je m'interrogeais
sur son acquisition, je repose le bouquin.
C'est très différent pour un livre à 9,99 € — je comprends le symbole, à défaut d'y être très sensible —
ou un livre acheté à la FNAC avec une remise automatique de 5 %.
lutin a écrit : Et faut dire que c'est pénible de lire sur un écran.
Les progrès sont déjà considérables. J'évitais autant que possible il y a seulement deux ou trois ans ;
j'ai maintenant un iPad, et j'ai pratiquement cessé de trimbaler des livres papier en voyage, par exemple.
D'ici dix ans, l'agrément de lecture devrait être comparable, à mon avis.
Je ne reconnais pas la date. Que s'est-il passé, en septembre 2008 ?thomasday a écrit : Mon précédent patron avait une théorie de basculement irréversible, on bascule d'un paradigme
à un autre, et on ne reviendra pas à l'édition d'avant le numérique (je schématise). J'espère qu'il se
trompait, mais au jour aujourd'hui il ne travaille plus dans le monde du livre et j'ai de plus en plus
l'impression que le basculement a effectivement eu lieu en septembre 2008.
Sinon, de quel type de paradigme parlait-il ? Economique ? Technique ?
Il me semble que, d'un point de vue technique, l'évolution est plus ancienne, et s'est faite sans drame :
les éditeurs sont progressivement passés à l'informatique et aux manuscrits numériques, ce qui a sans
doute permis une première réduction de voilure considérable en termes de personnel : bon nombre
de petites mains qui les remettaient en forme page par page, voire caractère par caractère chez
l'imprimeur, sont allées voir ailleurs. Je me souviens d'une époque où le Fleuve Noir proposait aux
auteurs quelques sous de plus pour un fichier numérique déjà mis en page selon leurs critères (certes
assez basiques). Le drame actuel semble lié au fait que c'est peut-être le tour des libraires, qui pleurent
de façon plus audible.
Le modèle commercial est dans un premier temps resté le même, le client étant prié, lui, d'en rester
au papier et de le payer de plus en plus cher. Il me semble assez évident qu'il est désormais obsolète.
La meilleure preuve, pour moi, en est précisément que la plupart des éditeurs traditionnels (ceux qui
essayent d'éditer de bons livres, j'entends), sont sur le fil du rasoir, au mieux marginalement rentables
depuis pas mal de temps, au point que la moindre variation — 3 mois de décalage sur la récupération
de 1,5 % de TVA ! — devient un grave problème. Je suis donc tenté d'en déduire qu'effectivement,
dès que quelqu'un aura inventé un modèle commercial plus moderne (dont je n'ai évidemment aucune
idée), il effacera irréversiblement l'ancien.