7 % pour le livre

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Re: 7 % pour le livre

Messagepar Caliban » 14 novembre 2011 à 10:13

thomasday a écrit : Tout se décoince ou presque.

Voilà une excellente nouvelle. Il était presque temps !

thomasday a écrit : ils sont biens dans leurs pompes (diffusion et distribution) et ont bien compris qu'il faut envoyer
la purée au moment où ça bascule et pas trop en amont (trop de billes à perdre, trop de retard
sur le retour sur investissement).

Mouais. Voyons un peu ceux qui ont fait le choix "d'envoyer la purée" avec un minimum d'anticipation.
Viennent à l'esprit Apple Store, et dans une moindre mesure Amazon. Pas les plus à plaindre aujourd'hui...

Mieux : le modèle commercial Apple semble du coup, en dépit de toutes ses tares, un bon candidat
pour s'imposer à moyen terme, en taillant des croupières aux diffuseurs et distributeurs traditionnels,
dont je ne parierais pas qu'ils s'adjugeront une part significative du marché numérique.
(heureusement, d'une manière ou d'une autre, on ne pourra pas se passer d'éditeurs.)
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Thomas Day
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Re: 7 % pour le livre

Messagepar Thomas Day » 14 novembre 2011 à 11:15

Caliban a écrit : (heureusement, d'une manière ou d'une autre, on ne pourra pas se passer d'éditeurs.)


Ce n'est pas l'avis de nombreux auteurs avec qui j'ai eu le douteux privilège de discuter dernièrement.

Une fois encore, je me répète, le défi c'est comment on paye les gens, et en premier lieu les auteurs. Les idéalistes veulent un modèle plus juste, ah ah ah. Un modèle qui ne laisserait que 15% des acteurs de cette industrie sur le carreau serait un moindre mal, mais j'y crois de moins en mois. Parce ce qui est sur le tapis aujourd'hui, c'est un effondrement du CA donc un effondrement du nombre de gens qui peuvent potentiellement en vivre, et ce, sans aucune plus-value pour les lecteurs. Pouvoir acheter moins cher, c'est moins intéressant à mon avis (d'idéaliste) que de pouvoir acheter mieux. Banaliser la gratuité, c'est affaiblir des maillons de la chaîne.

Je ne me sens pas inquiet pour moi, mais pour certains amis libraires, certains auteurs qui y arrivaient et qui n'y arrivent plus sans traduire. Et demain ? Je vois bien que certains projets qui me tiennent à coeur ne sont plus réalisables. C'est décevant.

GD
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Re: 7 % pour le livre

Messagepar Caliban » 14 novembre 2011 à 12:25

thomasday a écrit :
Caliban a écrit : (heureusement, d'une manière ou d'une autre, on ne pourra pas se passer d'éditeurs.)
Ce n'est pas l'avis de nombreux auteurs avec qui j'ai eu le douteux privilège de discuter dernièrement.
Comment l'entendent-ils ?

Parmi les pros, le seul que j'ai entendu tenir la thèse inverse de façon un tant soit peu crédible, c'est
Jean-Claude Dunyach — qui, d'une part, a lui-même une solide expérience de directeur de collection,
et d'autre part, si j'ai bien suivi, propose principalement d'auto-éditer des textes déjà publiés, donc
ayant déjà bénéficié de l'œil d'un éditeur.

thomasday a écrit :Une fois encore, je me répète, le défi c'est comment on paye les gens, et en premier lieu les auteurs.

Bien sûr. Il me semble d'ailleurs que nous ne sommes pas vraiment en désaccord sur le fond. Simplement,
tes responsabilités t'amènent à t'attacher aux problèmes français à court et moyen terme, quand je tends
à raisonner plus globalement et à plus long terme, n'ayant aucune compétence pour envisager les problèmes
immédiats.

thomasday a écrit :Parce ce qui est sur le tapis aujourd'hui, c'est un effondrement du CA donc un effondrement du
nombre de gens qui peuvent potentiellement en vivre, et ce, sans aucune plus-value pour les lecteurs.

Oui. Mais il n'est pas interdit de s'interroger sur le rôle de la politique du secteur dans cet effondrement
— ne serait-ce que pour éviter que les mêmes causes ne continuent à produire les mêmes effets ravageurs.

thomasday a écrit :Banaliser la gratuité, c'est affaiblir des maillons de la chaîne.

Il me semble que l'état actuel de la chaîne montre assez que des années d'excès inverse ne l'ont pas
vraiment renforcée non plus...
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Re: 7 % pour le livre

Messagepar Thomas Day » 14 novembre 2011 à 12:44

C'est là, où on ne sera jamais d'accord, je ne suis pas sûr qu'il y ait eu tant d'excès que ça. Les modèles de diffusion et de distribution actuels (et qui donc aujourd'hui montrent leurs limites) sont des modèles avec une marge très faible.
Une fois encore, je me répète, mais la marge du livre est dans l'ensemble très faible pour une industrie.
Il y a aussi un héritage "français", celui des subventions, du culturel, etc.
Qui n'a pas que des mauvais côtés.

Le livre c'est pas des roulement à billes (je pense roulements à billes car ceux de ma BX sont morts).

GD
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Re: 7 % pour le livre

Messagepar Caliban » 14 novembre 2011 à 13:14

thomasday a écrit :C'est là, où on ne sera jamais d'accord, je ne suis pas sûr qu'il y ait eu tant d'excès que ça.
Les modèles de diffusion et de distribution actuels (et qui donc aujourd'hui montrent leurs
limites) sont des modèles avec une marge très faible.
Une fois encore, je me répète, mais la marge du livre est dans l'ensemble très faible pour une industrie.

Si, il me semble que nous sommes à peu près d'accord sur cette analyse. Je ne dis pas qu'aucun
maillon de la chaîne du livre se gave éhontément ; mais que son modèle commercial épuisé impose
des prix de vente excessifs pour l'acheteur final, qui déserte en masse, d'où effondrement du CA, etc.

De même, en revenant sur le sujet initial du fil, ce n'est certainement pas par mesquinerie que les
acteurs du secteur protestent pour un malheureux point et demi de TVA, mais parce que ce même
modèle leur impose en effet des marges si dérisoires qu'ils sont en permanence sur le fil.

thomasday a écrit :Le livre c'est pas des roulement à billes

En fait, si, presque. Ou du moins, les sous-traitants de l'automobile ont des problèmes très similaires.
Le système est organisé de telle sorte que ce ne sont ni les créateurs, ni les producteurs qui dégagent
des marges significatives, mais les intégrateurs. Pour parler d'un secteur que je connais un peu mieux,
les composants physiques qui ont permis l'explosion des télécom à haut débit ont fait des progrès
colossaux ces deux dernières décennies, mais les ingénieurs qui les ont rendu possibles n'en
ont pas vraiment profité : les boîtes qui les produisent subissent de plein fouet la concurrence
asiatiques, et sont asphyxiées par les marges que leurs imposent les systémiers.

Là encore, le modèle Apple domine : ils n'inventent rien — même l'iPad repose sur des technos
déjà assez classiques pour mettre les sous-traitants en concurrence sauvage — mais vendent
au client final un concept sur lequel, seuls de la chaîne, ils font leur beurre.
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Re: 7 % pour le livre

Messagepar Thomas Day » 14 novembre 2011 à 14:08

[HS]
Depuis une semaine, je me sens revenu aux grandes heures du cafardcosmique où nous (collectif) bataillions alors sans fin sur couv' class / pas class.
J'en ai presque la larme à l'oeil.
[HS]

GD
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Re: 7 % pour le livre

Messagepar Jérôme Noirez » 14 novembre 2011 à 15:30

Tant que ça ne commence pas à ressembler au forum d'ActuSF.
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Re: 7 % pour le livre

Messagepar Jean-Claude Dunyach » 14 novembre 2011 à 15:41

Caliban a écrit :
thomasday a écrit :
Caliban a écrit : (heureusement, d'une manière ou d'une autre, on ne pourra pas se passer d'éditeurs.)
Ce n'est pas l'avis de nombreux auteurs avec qui j'ai eu le douteux privilège de discuter dernièrement.
Comment l'entendent-ils ?

Parmi les pros, le seul que j'ai entendu tenir la thèse inverse de façon un tant soit peu crédible, c'est
Jean-Claude Dunyach — qui, d'une part, a lui-même une solide expérience de directeur de collection,
et d'autre part, si j'ai bien suivi, propose principalement d'auto-éditer des textes déjà publiés, donc
ayant déjà bénéficié de l'œil d'un éditeur.


C'est plus compliqué que ça...
Les vendeurs de contenus numériques de type "boutique kindle Amazon" ou Lulu.com permettent à tout un chacun qui a un fichier texte (Word ou autre) de le transformer en un livre électronique qui sera vendu chez eux, (70% du H. T. pour l'auteur, 30% pour le vendeur). J'ai finalisé une série de tutoriels sur le sujet, je posterai le lien bientôt.
Tout le monde, ça veut dire des auteurs déjà confirmés qui ont des bouquins dans le tiroir (devenus non disponibles parce que trop "vieux", ou publiés dans des collections défuntes, ou que l'éditeur ne suit plus, etc.) qu'ils peuvent remettre en vente de cette façon. Mais ça veut dire aussi n'importe qui ayant écrit un vague machin impubliable, tout(e) adolescent(e) ayant un carnet secret ou une poignée de poèmes qu'il/elle veut transformer en bouquin (il y a des gabarits pour ça et c'est un vrai marché), voire des escrocs qui font du copier/coller d'oeuvres qui ne leur appartiennent pas. C'est le revers de la médaille.
Face à cela, il y a des éditeurs qui expliquent sans sourciller que c'est très difficile et très cher de fabriquer un bon livre électronique (Gallimard se fait taper dessus sur le net par les gens qui se plaignent du nombre de coquilles et d'erreurs), ce qui est faux, et qui expliquent aussi que les auteurs doivent se contenter d'un pourcentage très bas en échange des droits numériques (Bragelonne propose 25%, ce qui est aussi le tarif "syndical" au Québec, par exemple, mais j'ai reçu un contrat à 7% et les copains aux Utopiales ont des exemples descendant jusqu'à 5%)... Je vais être clair : En dessous de 25%, c'est du foutage de gueule.
Les gens comme moi, qui font de la formation, qui publie des tutoriels, sont juste là pour fournir une alternative aux copains écrivains. J'en connais plein, dans tous les secteurs, qui reçoivent des contrats hallucinants de maisons d'éditions qui veulent récupérer ad vitam aeternam leurs droits numériques pour une poignée de lentilles. Or, quand on a fait le travail soi-même pour un de ses livres, ou dix, et qu'on a touché 70%, la négociation (en choisissant au passage son prix de vente et l'utilisation ou non de DRM, entre autres détails) est un brin plus aisée...
Je suis ravi que les éditeurs soient devenus "raisonnables" - si c'est bien le cas, nous passerons par eux pour nos ouvrages numériques. Si, par contre, la révolution numérique vue par eux consiste à laisser les auteurs dans l'état de dépendance contractuel qui est celui d'aujourd'hui, si la politique des prix des éditeurs n'est pas raisonnable (en particulier pour les livres déjà publiés dont ils essaient de récupérer les droits numériques) on se débrouillera tous seuls. Et ça nous donnera de mauvaises habitudes, je le sens :-)
Je compte pour un. Comme chacun de vous.

http://www.dunyach.fr/
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Re: 7 % pour le livre

Messagepar K2R2 » 14 novembre 2011 à 19:55

thomasday a écrit :C'est évidemment faux ; ou plutôt disons une vue de l'extérieur.
C'est tout le contraire, ils sont biens dans leurs pompes (diffusion et distribution) et ont bien compris qu'il faut envoyer la purée au moment où ça bascule et pas trop en amont (trop de billes à perdre, trop de retard sur le retour sur investissement). D'ailleurs pour les Presses de la cité, par exemple, ça y est c'est parti. 5000 titres en numérique.
Et tout le monde (ou presque) prépare des offres avec plusieurs milliers de références.

La politique de prix est aussi en train de bouger (dans le bon sens).

Le marché se crée en ce moment, jusqu'à l'arrivée du Kindle y'en avait pas ou presque. Les éditeurs sont (trop ?) prudents parce que l'époque veut ça. En tout cas, ceux avec qui je discute sont bien contents que Bélial' et Bragelonne aient fait les "apprentis sorciers".

Ca bouge aussi beaucoup au niveau des agents. Tout se décoince ou presque.

GD


Ben si tu sens que ça bouge de l'intérieur, c'est plutôt une bonne nouvelle pour les lecteurs qui veulent passer au numérique (moins pour les libraires). Parce que jusqu'à présent il fallait quand même être motivé pour acheter une liseuse.


Maintenant, et pour rebondir avec ce qui se dit plus bas, je ne suis pas certain que se passer d'éditeur et de libraire soit une excellente idée. Mine de rien, un bon éditeur sélectionne les manuscrits, travaille avec les auteurs, bref, il propose un catalogue qui a du sens, un ligne directrice (je parle évidemment de ceux qui font du bon boulot). Même chose pour le libraire, qui fait également des choix, met en avant, conseille et propose d'une certaine manière son expertise au lecteur. Si ces acteurs disparaissent, on aura certes davantage d'offre sur le marché, mais il sera encore plus difficile de séparer le bon grain de l'ivraie. Quelle visibilité auront les livres de qualité dans cette masse indigeste ?

Je pense qu'on peut faire le parallèle avec ce qui se passe dans le Jeu vidéo, où les développeurs se sont engouffrés dans la brèche ouverte par la dématérialisation. Tout le monde pensait pouvoir sortir son petit "Angry bird" les doigts dans le nez et se faire un max de blé sans passer par la case éditeur. Sauf que là, certains se rendent comptent que le dématérialisé c'est bien gentil, mais quand on n'a aucune visibilité ça sert un peu à rien et l'on retombe à nouveau dans les mêmes problématiques (quand on voit qu'il y a près de 80 000 jeux sur l'Apple Store...).
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Re: 7 % pour le livre

Messagepar Erwann » 02 décembre 2011 à 10:46


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