Zendegi, de Greg Egan (mars 2012)

Avatar de l’utilisateur
Pierre-Paul Durastanti
L'équipe du Bélial'
Messages : 1656
Enregistré le : 19 avril 2009 à 21:35

Re: Zendegi, de Greg Egan (mars 2012)

Messagepar Pierre-Paul Durastanti » 25 mars 2012 à 16:37

Ce qui m'échappe dans ton argumentaire, Gromovar, c'est la non-appartenance à la SF d'un roman situé dans deux avenirs successifs : 2012 et 2027. Oui, deux, puisque le livre VO a été publié en 2010. Il y a un roman de Dick qui se passe en 1992 : il n'appartiendrait donc plus à la SF de nos jours ? Et pour revenir sur Zendegi, ne parlons même pas des technologies encore à inventer qui jouent un rôle majeur dans l'intrigue.

Ton ressenti est respectable. Tu n'as pas aimé le bouquin, ok. Tu as pris le temps d'écrire une vraie critique, merci pour ça. C'est ce point SF/non-SF qui m'intrigue.

Oh, et une précision. Tu dis sur ton blog :

300 pages en anglais, 400 en français (le ratio est respecté)[...].


Le texte original fait ~111.000 mots, ma traduction ~113.500 mots. Je pense que ce "ratio" de 2% d'augmentation est plus que supportable (très inférieur à ce qu'on peut constater en règle générale, mais je travaille à l'économie pour ne pas rendre les textes plus "bavards" en français, ce qui d'ailleurs me fait perdre un temps fou). La différence de pagination tient essentiellement à notre maquette.
Avatar de l’utilisateur
Gromovar
L'équipe du Bélial'
Messages : 1099
Enregistré le : 27 janvier 2012 à 23:55

Re: Zendegi, de Greg Egan (mars 2012)

Messagepar Gromovar » 25 mars 2012 à 18:22

Sur le ratio, évidemment qu'il y a un effet de pagination. Ma phrase n'était pas très heureuse, je l'admets bien volontiers. Je crois que je me disais simplement que ça m'aurait paru encore plus long en français. Sur le Kindle, je voyais les pourcentages augmenter et mon visage s'allonger parallèlement parce que je commençais à désespérer de commencer à adhérer.

Sur l'aspect SF, je crois que ce que je dis au départ résume bien mon ressenti. J'ai eu l'impression tout au long de la lecture de lire de la blanche. Je ne me suis jamais senti transporté dans quelque chose de radicalement différent, même s'il y a en effet une technologie qui n'existe pas aujourd'hui. Quand on me demande pourquoi je ne lis pas ou presque de blanche, je réponds toujours que c'est parce que je veux qu'un livre m'emporte au-delà de ce que je connais peu ou prou. Zendegi n'a pas fait ça pour moi.

Et pourtant je t'assure que je suis entré enthousiaste dans le roman, et que les premières pages, dans lesquelles il liste ses gouts musicaux ont encore augmenté mon enthousiasme. Tu vois on peut comparer ça au Pattern Recognition de Gibson qui m'avait profondément déçu pour la même raison.
Avatar de l’utilisateur
Pierre-Paul Durastanti
L'équipe du Bélial'
Messages : 1656
Enregistré le : 19 avril 2009 à 21:35

Re: Zendegi, de Greg Egan (mars 2012)

Messagepar Pierre-Paul Durastanti » 25 mars 2012 à 19:41

Ok, c'est peut-être une question de zone de confort. Je me retrouve en plein dans les goûts musicaux d'Egan (qui n'a que deux ans de plus que moi), j'ai vu en concert, à la même époque, certains des mêmes groupes que lui ; j'avoue que le premier chapitre a suffi à me donner envie de traduire ce bouquin. Je ne lis pas les longs textes au préalable, je préfère les découvrir au fil du boulot, et je me suis marré par la suite en le voyant faire référence à D&D (que j'ai longtemps joué et masterisé) et mettre en scène une sorte de MMORPG (j'y joue encore). Il y avait donc une connivence, de mon point de vue. Par ailleurs, j'aime le Egan plus accessible de Téranésie et Zendegi, qui pour moi est aussi celui des nouvelles. Mais je peux concevoir ta déception et ton sentiment qu'on s'approche un peu de la littérature blanche (j'en lis aussi, du moins de l'étrangère). Bref : fair enough. ;)
Avatar de l’utilisateur
Erwann
Modérateur
Messages : 15776
Enregistré le : 25 mai 2010 à 17:37
Localisation : Sol-3

Re: Zendegi, de Greg Egan (mars 2012)

Messagepar Erwann » 26 mars 2012 à 11:31

Zendegi est beaucoup moins « hard science » que les précédents romans de Egan. Beaucoup plus accessible, beaucoup plus humain. C’est une plongée dans un Iran du futur très réaliste (même si il est par certains côtés très optimiste). Les personnages sont très attachants, l’histoire passionnante. Ça se lit quasi d’une traite. Sans renoncer aux réflexions sur l’avenir de la science et de l’humanité, Egan, en étant moins abscons que par le passé, écrit ici un roman certes moins ambitieux d’un point de vue de la prospective scientifique, mais excellent à tout point de vue.

Un autre avis.
Avatar de l’utilisateur
scifictif
Prince-Marchand
Messages : 964
Enregistré le : 29 avril 2009 à 14:02

Re: Zendegi, de Greg Egan (mars 2012)

Messagepar scifictif » 26 mars 2012 à 15:31

Gromovar a écrit :[...]il est clair que je n'aime pas les histoires dans l'histoire quand elles ne servent pas l'histoire principale ou seulement de manière très indirect

C'est là qu'on diverge.
Parce que pour moi, plus que perdre de son sel en se voyant amputé d'un aspect fascinant (intertextualité, mise en abyme), Zendegi n'est tout simplement pas le même livre si on le lit avec ou sans ces références là à l'esprit.
Comme beaucoup de monde je pense, Ferdowsi et son Shâh Nâmeh, je n'en avais jamais entendu parler et sans recherches sur le net, cet aspect de Zendegi me serait totalement passé au dessus de la tête.
Et là, il est possible en effet que les parties de RV décrites me seraient apparues comme "des pages entières de description d’une session de World of Warcraft" (je te cite) sauf qu'au préalable je suis allé fureter sur le net me documenter sur Le Livre des Rois et là, c'est plus du tout la même histoire. Parce que outre ce qu'il y décrit explicitement dans ces parties de RV le Greg, il y a tout ce background mythologique auquel il fait allusion (parfois très discrètement, au détour d'une phrase, l'air de rien). Et nanti de ces références là, on voit combien ce qui se déroule en RV est le décalque de ce qui se déroule en dehors. A tel point qu'en poussant le truc un pas plus loin, on puisse imaginer que ce qui nous est vendu comme réel l'est peut-être moins que ce qui est présenté comme son pendant virtuel (non je déconne hein, Egan n'a pas fait du Dick, simple délire perso, pardon).
Ceci dit, on pourra me rétorquer qu'un livre devrait se suffire à lui-même et qu'Egan sème ici des références des plus obscures (pour nous, riants occidentaux) mais faire l'économie de cette documentation préalable me parait une belle erreur.
Perso, outre ces recherches là, je me suis d'ailleurs pas mal appuyé sur le net pour ce bouquin : Youtube pour les chansons écoutées par Martin et Google earth pour suivre ses déambulations dans les rues de téhéran (même sans l'option street view, inactive pour l'Iran, ça le fait). Ces "gadgets" peuvent sembler de vulgaires béquilles à une imagination atrophiée mais pour moi ça a clairement boosté mon immersion dans l'histoire.
Et puisque toi et Pierre-Paul y êtes allés de vos confidences, j'avoue que si ce que j'attends de la sf est qu'elle m'ouvre sur le monde, éveille ma curiosité, me fasse sortir de mes ornières mentales et botte le cul à ma paresse intellectuelle, mes attentes ont été comblées avec Zendegi.


Gromovar a écrit :[...]Egan n'arrive pas imho (et c'est un reproche qui lui est fait depuis longtemps et par d'autres que moi) à donner de la chair à ses personnages, à les rendre aimables, à concerner le lecteur avec leur destin.

Avis assez largement partagé visiblement.
Mais pas par moi (c'est un ressenti sincère, pas un moyen de me singulariser ou de "défendre" Egan mordicus).


Gromovar a écrit :Ni Martin ni son fils ne sont entrés en moi, Egan ne les a pas fait entrer en moi, de ce fait leur destin, si tragique soit-il, m'indifférait un peu.

Et je précise que je suis père (non pas d'un mais de deux fils). Et pour aller encore plus loin, que j'ai personnellement connu un problème médical très proche de celui de Martin. Ca aurait du fonctionner. Si ça ne fonctionne pas, c'est qu'Egan a raté quelque chose.

Sans doute, oui.


p.s : je m'associe à Pierre-Paul (s'il le permet) pour te remercier de ta critique intéressante et argumentée (et des développements ici même).
Avatar de l’utilisateur
M
Grand Ancien
Messages : 3501
Enregistré le : 20 juin 2009 à 20:41

Re: Zendegi, de Greg Egan (mars 2012)

Messagepar M » 26 mars 2012 à 19:02

Une chose est sûre, c'est que vos diverses remarques sont vraiment intrigantes et donnent envie de se faire son idée.

@scifictif : Youtube je l'avais déjà fait mais Google Earth non. Je devrais relire Mother London de cette façon. J'essaierai pour celui-ci.
"Sauvez un arbre, mangez un castor"
Fifokaswiti
Patrouilleur temporaire
Messages : 17
Enregistré le : 02 juin 2011 à 09:14

Re: Zendegi, de Greg Egan (mars 2012)

Messagepar Fifokaswiti » 26 mars 2012 à 19:32

Tiens, en passant, j'en avais parlé il y a quelques mois, de ce bouquin.

Globalement ? Sympathique mais sans plus. Je comprends tout à fait les critiques de Gromovar, mais je serai un peu plus clément. Sans être transcendé, je ne me suis pas ennuyé non plus. L'ouverture vers la culture persane (que je ne connais pas du tout) est un plus, il est possible que sans ça l'ensemble serait tombé à plat.

Au risque de passer pour un philistin… je m'y suis (beaucoup) moins ennuyé que dans La cité des permutants.
Avatar de l’utilisateur
Erwann
Modérateur
Messages : 15776
Enregistré le : 25 mai 2010 à 17:37
Localisation : Sol-3

Re: Zendegi, de Greg Egan (mars 2012)

Messagepar Erwann » 28 mars 2012 à 15:36

thomasday a écrit :Un autre avis : Le journal extime de Cyrille...

… qu'on a déjà cité un peu plus haut.

Retourner vers « Les livres du Bélial' »