Acacia de David Anthony Durham

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Re: Salle 101

Messagepar rmd » 07 octobre 2009 à 16:40

Tout ca, c'est la faute à raoul abdaloff.
https://www.noosfere.org/
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Olivier Girard
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Re: Salle 101

Messagepar Olivier Girard » 07 octobre 2009 à 18:25

Casse-bonbon a écrit :ton message précédent sous-entendait, au cas où ça t'aurait échappé (ça arrive) que Jean-Claude ne comprend la littérature que lorsqu'elle est Bragelonnienne.

Non.
Le message de Bénédicte sous-entandait juste que ça arrive à tout le monde d'être de mauvaise foi, même à Jean-Claude.
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Olivier Girard
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Re: Salle 101

Messagepar Olivier Girard » 07 octobre 2009 à 18:58

Et pour ceux que ça intéresse, voici ma critique du tome 1 d'Acacia, parue en janvier dernier dans le Bifrost 53.

La guerre du Mein
Acacia T.1

David Anthony Durham - le Pré aux Clercs coll. « Fantasy » - octobre 2008 (roman inédit traduit de l’anglais [US] par T. Arson - 680 pp. GdF. 21 €)

Force est de constater que, lorsqu’un énième et monstrueux pavé de fantasy nous arrive à la rédaction, porté par un fonctionnaire des Postes éreinté et le dos douloureux, il y a comme un blanc assourdissant du côté des critiques de votre revue préférée (le critique bifrostien est un gros lâche intello qui préfèrera toujours se jeter sur un court bouquin signé J. G. Ballard plutôt que sur l’une des nombreuses briques bargelonniennes estampillées fantasy…). Aussi, fasse à l’incurie de mes collaborateurs critiques, quand je me suis retrouvé en tête-à-tête avec La Guerre du Mein et son bon kilo de pages maquettées serrées, il me faut ici confesser que je n’étais pas à la fête…
Et pourtant…
« Acacia », trilogie future car en cours de rédaction, née sous la plume de l’écrivain américain David Anthony Durham — totalement inconnu sous nos latitudes —, arrive en France porté par un buzz critique VO très élogieux. Auquel s’ajoutent des bruits de couloir qui prêtent à l’achat des droits en France un montant fort élevé. Ainsi qu’une promotion orchestrée par le Pré aux Clercs extrêmement agressive (une condition sine qua non pour qui souhaite aujourd’hui imposer un auteur de fantasy inconnu dans la noria des productions actuelles), avec de la PLV en veux-tu, en voilà, de la pub presse dans des supports aussi prestigieux que Libération ou Le Point, sans parler d’un prix de vente — 21 euros —, proprement hallucinant. En somme, du très lourd. Qui fleure bon la Big Commercial Fantasy…
Et pourtant…
En fantasy, il faut un monde qui fasse cadre. Ici, ce sera Acacia, île minuscule qui a donné son nom à l’immense empire qu’elle domine, empire aux mains d’un monarque absolu, Leodan Akaran. Leodan est un roi qu’on pourrait qualifier d’éclairé, de progressiste, un souverain idéaliste, idéal, même, s’il n’était si faible. C’est surtout un roi mort, en fait, comme nous l’apprend d’emblée la quatrième de couverture (assassinat qui interviendra autour de la 160e page, tout de même…). C’est là l’un des premiers aspects remarquables du bouquin qui, plutôt que nous montrer l’ascension d’un personnage et, à travers lui, l’exposition d’un monde, nous fait vivre, au cours de la première des trois vastes parties constitutives de La Guerre du Mein, la chute d’un empire constitué depuis plus de quatre siècles. Une chute brutale, d’une rapidité foudroyante, fomentée par le Mein du titre de ce premier tome, province du nord de l’empire peuplée d’hommes assoiffés de vengeances tout entier dédiés à la guerre et ses arts — ainsi l’auteur brise-t-il son monde d’emblée, ce qui n’est pas si courant et pose l’ambition narrative de D. A. Durham. Après la mort de Leodan, et conformément à ses volontés, ses quatre enfants (Aliver, Corinn, Dariel et Mena) quittent le palais impérial dans le plus grand secret afin de gagner les quatre coins de l’empire déchu et vivre des destinées fort éloignées de celles auxquelles ils étaient promis. C’est la seconde partie de cette Guerre du Mein, qui s’attachera à nous faire vivre, neuf années après la chute, le destin de ces enfants (devenus adultes) impériaux, tandis que le trône est définitivement tombé aux mains d’Hanish Mein et de ses épouvantables alliés. Le troisième et ultime volet de ce premier tome, évidemment, sera celui de la reconquête…
Si La Guerre du Mein ne révolutionne pas le genre, ce roman ne s’impose pas moins comme un divertissement poids lourd de premier ordre. D’abord parce que David Anthony Durham, à la différence de la plupart de ses petits camarades du domaine, ne joue jamais la carte du manichéisme. Acacia est un empire. Et comme tout empire, il est totalitaire et tire sa puissance des richesses de ses provinces conquises. Ainsi, le lecteur comprend-t-il très vite que ceux qu’on perçoit au début du livre comme l’ennemi, l’agent du chaos, les hommes du Mein, sont en fait poussés par une aspiration on ne peut plus légitime — l’esprit de liberté, le besoin d’équité justifie leur prétendue barbarie ; l’ennemi, le mauvais, n’est autre qu’un résistant. Dans le même genre d’idée, les quatre enfants impériaux, les vrais héros de ce premier tome, découvriront la vérité sur leur empire, le caractère inhumain de cette implacable machine de pouvoir — et son prix — mise en place par leurs ancêtres. Rien n’est simple chez Durham, pas plus le monde et sa manière de fonctionner que les personnages qui l’habitent. Les personnages, justement, qui sont le second point (très) fort du livre. L’auteur excelle dans leur caractérisation, leur confère une épaisseur, une justesse remarquable et jouissive. C’est en ça que La Guerre du Mein est un livre résolument adulte, cette absence de manichéisme, cette épaisseur, cette justesse tant dans le background que dans les acteurs « physiques » de l’histoire. Cette brutalité, aussi, brutalité toujours au service du romanesque, quitte à sacrifier un personnage majeur en deux lignes… Enfin, l’ultime point fort du livre réside dans la multiplicité des niveaux de lecture qu’il offre. Formidable roman d’aventure, on l’a dit. Mais aussi, de manière habile, critique implicite d’une certaine Amérique, celle de la famille Bush (on précisera au passage que Durham est Noir, un fait presque aussi peu courant en littératures de genre qu’à la Maison Blanche…). Difficile en effet de ne pas voir Acacia comme un décalque fantasmé de l’impérialisme US, géant aux pieds d’argile finalement aux mains d’une puissance financière intangible qui lui échappe totalement et se sert de lui plutôt que l’inverse — la Ligue, dans le roman, force marchande neutre devenue au fil des siècles si puissante qu’elle possède en son nom propre la marine de guerre impériale, force froide, calculatrice, capitaliste en somme, au service de ses seuls intérêts, une entreprise devenue plus puissante que l’état qui l’a vu naître…
Et votre serviteur de se retrouver, tout surpris, à ressortir de ce roman dans lequel il ne voulait pas rentrer, avec le sentiment d’avoir lu un fort bon livre, peut-être bien, même, quelque chose comme la meilleure fantasy de l’année. Comme quoi…
Org

Je précise au passage que Durham a depuis remporté, aux derniers Prix Hugo, le John W. Campbell Award, distinction qui célèbre le meilleur nouvel écrivain de l’année.
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Jean-Claude Dunyach
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Messagepar Jean-Claude Dunyach » 07 octobre 2009 à 19:12

Olivier Girard a écrit :Le message de Bénédicte sous-entendait juste que ça arrive à tout le monde d'être de mauvaise foi, même à Jean-Claude.


Je n'étais pas de mauvaise foi, mon chéri... J'ai juste dit qu'Acacia m'a gonflé, petit à petit, et que j'ai cessé de le lire aux deux tiers. C'est mon opinion personnelle et je la partage.
Je l'ai lu dans le cadre du Grand Prix de l'Imaginaire, comme des tas d'autres bouquins de diverses origines. Les opinions de certains autres jurés rejoignaient la mienne, d'autres au contraire trouvaient ça bien car sérieux et solide. Ce que j'avais dit dans mon message, d'ailleurs... Je ne nie pas le côté "bien charpenté" du truc, disons que c'est un bouquin du genre "copine solide et sur qui on peut compter, mais pas bandante". Ca vous va comme troll velu, politiquement incorrect et propre à faire réagir tout le monde ?

Je vous poutoune,
Je compte pour un. Comme chacun de vous.

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Casse-bonbon
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Re: Salle 101

Messagepar Casse-bonbon » 07 octobre 2009 à 20:15

Olivier Girard a écrit :
Casse-bonbon a écrit :ton message précédent sous-entendait, au cas où ça t'aurait échappé (ça arrive) que Jean-Claude ne comprend la littérature que lorsqu'elle est Bragelonnienne.

Non.
Le message de Bénédicte sous-entandait juste que ça arrive à tout le monde d'être de mauvaise foi, même à Jean-Claude.



Si c'est le cas, au temps pour moi, et je présente mes excuses à Bénédicte. Je ferai juste remarquer, alors, que la formulation était pour le moins maladroite, puisque je ne l'ai pas interprétée comme ça, et qu'il se peut (vu qu'à priori j'ai un cerveau qui fonctionne même si c'est parfois avec une sous réserve neuronale) que je ne sois pas la seule.
Ouala.
On en parle plus.
Bisoux, fraternité, tout ça.

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