Le billet de F. Colin sur le CC

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Fuck You
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Re: Le billet de F. Colin sur le CC

Messagepar Fuck You » 04 novembre 2009 à 00:13

Pierre-Paul a écrit :5. Quelqu'un a emprunté une machine temporelle et décidé de nous rejouer le coup des néoformalistes, des new-waveux, des post-surréalistes, bref, de tous ceux qui, à un moment ou à un autre, ont reproché à la SF d'être ce qu'elle était à un moment donné et non ce vers quoi ils voulaient alors la voir évoluer? Parce que ces gens, désolé d'être brutal, ont soit trouvé de plus verts paturages, soit décidé qu'en fin de compte, ils n'étaient pas si mal de ce côté-ci de la barrière...


Inutile de dire que je suis totalement d'accord avec toi sur ce plan. Mais ils sont jeunes, ça leur passera.

Ou pas.

Pierre-Paul a écrit :Bref, avant de se traiter de plein de noms d'oiseau, de supposer, comme Daylon semble le faire de son côté, que tous les fans même endurcis de SF ne lisent que ça en sombres réactionnaires qu'ils sont, merci de peser un peu sa plume virtuelle...


Tu sais, Pierre-Paul, ce n'est pas la peine de relever les propos des ptijeunes qui veulent se faire mousser en tapant sur ce qu'ils ne comprennent pas, vraisemblablement faute d'une culture suffisante.

[Édité pour faire plaisir au modérateur.]
Modifié en dernier par Fuck You le 04 novembre 2009 à 12:13, modifié 1 fois.
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T. Di R.

Re: Le billet de F. Colin sur le CC

Messagepar T. Di R. » 04 novembre 2009 à 10:06

Pierre-Paul a écrit :Il y a quand même dans cette amorce de polémique bien des choses qui me laissent perplexe.

1. Fabrice Colin "quitte la SF" (je paraphrase). Ah? Fabrice écrivait de la SF? De la fantasy (plutôt au début de sa carrière), des fables, des choses transgenres (et je dis ça sans aucune animosité), voire des romans historico-lovecraftiens, bref, il me semblait surtout écrire du Colin, et je n'ai pas vu grand-monde le lui reprocher, moi le dernier. (Je viens de vérifier, je possède une bonne vingtaine de ses bouquins, y compris en jeunesse, dans tous les genres qu'il a pu aborder. Tous lus, si si.) *

2. Il y a toute une génération de trentenaires, auteurs, éditeurs, dont beaucoup de gens que je considère pourtant comme des amis très chers, qui mènent leur barque dans l'Imaginaire comme s'ils avaient honte de ce qu'ils font ou sont. Ma foi, la solution est simple : faire autre chose. C'est le choix qu'un Benoît Cousin a eu l'élégance d'effectuer. Fabrice Colin me laisse plus perplexe dans sa démarche, je le répète, parce qu'il ne m'a jamais paru se ranger (ni même être rangé) sous la bannière de la SF. Ou alors c'est qu'il emploie le terme dans un sens très large qui me paraît un tantinet abusif.

3. La dramatisation (ou : syndrome de la diva) tend de plus en plus à remplacer le débat d'idées. C'en est presque sarkozyste. Le pire, c'est que c'est involontaire. **

4. Corollaire de 3 : la dramatisation tend aussi à remplacer la critique. Oui, il y a surabondance de superlatifs. Marrant, d'ailleurs, mais quand une revue... disons Bifrost, pour ne pas la nommer... s'arroge le droit de descendre un bouquin en flammes, il se trouve plein d'âmes bien pensantes pour le lui reprocher. ***

5. Quelqu'un a emprunté une machine temporelle et décidé de nous rejouer le coup des néoformalistes, des new-waveux, des post-surréalistes, bref, de tous ceux qui, à un moment ou à un autre, ont reproché à la SF d'être ce qu'elle était à un moment donné et non ce vers quoi ils voulaient alors la voir évoluer? Parce que ces gens, désolé d'être brutal, ont soit trouvé de plus verts paturages, soit décidé qu'en fin de compte, ils n'étaient pas si mal de ce côté-ci de la barrière... ****

Bref, avant de se traiter de plein de noms d'oiseau, de supposer, comme Daylon semble le faire de son côté, que tous les fans même endurcis de SF ne lisent que ça en sombres réactionnaires qu'ils sont, merci de peser un peu sa plume virtuelle...


* Bah! "Sayonara Baby", c'est quand même un peu de la sf. Moi, en tout cas, je l'ai perçu comme tel.

** Je ne sais si tu parles de Fabrice Colin, Pierre-Paul, mais je préfère un billet comme il l'a écrit, brut de décoffrage, à une préface intellectualisée comme celle de "Retour sur l'horizon" que je ne lirai jamais, l'extrait pdf m'ayant largement suffi - je n'avais déjà pas lu celle de 1998... j'avais abandonné au bout d'une dizaine de paragraphes.

*** Bah! ce ne serait pas ceux qui usent des superlatifs, justement? :-) On peut dire ce qu'on veut de Bifrost, c'est une revue qui est cohérente. Et je ne dis pas ça parce qu'Olive m'a publié quatre fois, mais parce que je le pense. Il m'a fallu du temps pour comprendre, par exemple, que pour Olivier, il n'y a pas, en qualité ou génie intrinsèque, les anglosaxons... et tous les autres. Il ne raisonne pas en ces termes, Bifrost ne raisonne pas en ces termes. Enfin, je peux me tromper, mais par ce que je connais du bonhomme, j'ai la prétention de le croire.

**** Oui, sauf que, depuis, le genre a été correctement assimilé, ingéré, par des plumes "reconnues" (je mets bien le terme entre guillemets) qui n'ont rien à voir avec lui.
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Jean-Claude Dunyach
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Re: Le billet de F. Colin sur le CC

Messagepar Jean-Claude Dunyach » 04 novembre 2009 à 11:42

Pierre-Paul (que je salue et poutoune et dont je partage à 100% les vues), Jean-Daniel Brèque (que je salue et poutoune, etc.) et moi-même (et d'autres) avons survécu à diverses tentatives de schismes, putchs, désintégration par implosion, etc., des genres qui nous sont chers. Ca fait quand même trente ans que ça dure, ce genre de trucs, sans se renouveler vraiment... Ca a été passionnant un temps, puis vaguement agaçant, puis ridicule, maintenant c'est devenu attendrissant. Je dois vieillir...
En ce qui me concerne, je suis un écrivain. J'écris des trucs qui se classent, plus ou moins malaisément parfois, dans ce qu'on appelle "l'imaginaire" au sens large. Je le fais parce que j'aime ça, personne ne m'y oblige et j'ai la chance d'écrire en totale liberté. Lorsque j'écris de la SF, de la fantasy, du fantastique, c'est volontaire, avec une assez bonne compréhension des canons du genre. Il m'arrive aussi d'aller rôder aux frontières, à la marge, voire d'attaquer des territoires dont je maîtrise mal les balises. Je ne me sens contraint que par ma propre incapacité à écrire les histoires dont je rêve, par mon propre manque de talent... C'est là que je travaille. Le reste, les étiquettes et la définition des genres, ça me dépasse un brin, je dois l'avouer. Et ça ne me fera pas changer une ligne à ce que j'écris.
Ecrire est une envie globale, une boulimie. J'ai écrit un roman érotique (don't ask ;-). J'espère bientôt attaquer un polar. Mon "grand roman de littgen qui tue" est quelque part en train de pousser dans ma tête. Je veux tout explorer mais je ne renoncerai à rien. Si une histoire le demande, je reviendrai à la SF, à la fantasy, au fantastique, à l'horreur, au transgenre, etc, etc, etc. Parce que j'ai trouvé à me nourrir, en tant que lecteur, dans tous les genres, et que je n'établis aucune hiérarchie entre eux. Mais c'est mon avis personnel, ma forme de gourmandise. Elle explique juste pourquoi ce débat me semble si attendrissant.
Colin écrit du Colin, depuis aussi longtemps que je me souvienne, et je le lis systématiquement (quand mes filles ne me piquent pas ses bouquins car il a plein de fans à la maison :-). Je ne le lirais pas plus s'il y avait l'étiquette SF ou "caramel mou à la fleur de sel" sur ses oeuvres. J'ai aimé sa nouvelle dans Retour sur l'Horizon parce que c'était du Colin. De l'excellent Colin.
Dans la mesure où Colin continue à écrire, j'ai tendance à me foutre vertigineusement des étiquettes qui envelopperont ses prochains textes ainsi que des domaines qu'il choisira ou non d'explorer. Je sais simplement que je le lirai.
Je vous poutoune,
Modifié en dernier par Jean-Claude Dunyach le 04 novembre 2009 à 11:51, modifié 1 fois.
Je compte pour un. Comme chacun de vous.

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Re: Le billet de F. Colin sur le CC

Messagepar Tyrell » 04 novembre 2009 à 11:47

5. Quelqu'un a emprunté une machine temporelle et décidé de nous rejouer le coup des néoformalistes, des new-waveux, des post-surréalistes, bref, de tous ceux qui, à un moment ou à un autre, ont reproché à la SF d'être ce qu'elle était à un moment donné et non ce vers quoi ils voulaient alors la voir évoluer? Parce que ces gens, désolé d'être brutal, ont soit trouvé de plus verts paturages, soit décidé qu'en fin de compte, ils n'étaient pas si mal de ce côté-ci de la barrière...


C'est un peu vite oublier ce que ces "New waveux" ont apportés à la SF au milieu des années '60.
En outre,depuis cette période, deux phénomènes conjoints ont légerement changé la donne,
d'une part la litterature " Blanche" a assimilé la part la plus novatrice des idées et perceptions SF, d'autre part la SF s'est retranchée de plus en plus dans son pré carré,abandonnant souvent innovation formelle et confrontation avec le monde.
On pourra citer pas mal de contre exemples mais je pense que ce serait nier une évolution évidente.
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Fuck You
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Re: Le billet de F. Colin sur le CC

Messagepar Fuck You » 04 novembre 2009 à 12:00

Tyrell a écrit :En outre,depuis cette période, deux phénomènes conjoints ont légerement changé la donne,
d'une part la litterature " Blanche" a assimilé la part la plus novatrice des idées et perceptions SF,


Ah bon ? T'es sûr ?
J'ai plutôt l'impression que la littgen a au contraire pioché quelques thèmes, clichés et poncifs bien éculés — disons ceux qui sont passés dans la conscience du public — en se tenant soigneusement à l'écart des thèmes et formes les plus novateurs.

Le jour où un auteur de littgen aura assimilé Greg Egan et consorts, on en reparlera. mais pour l'instant…

Tyrell a écrit : d'autre part la SF s'est retranchée de plus en plus dans son pré carré,abandonnant souvent innovation formelle et confrontation avec le monde.


Là, tu mélanges tout. D'une part, l'innovation formelle, en SF, c'est vraiment un truc annexe, qui ne prend une valeur et un intérêt quelconque que s'il y a innovation ailleurs dans le texte — par exemple thématique. D'autre part, où vois-tu que la science-fiction a cessé de se confronter avec le monde ? Ceux qui refusent qu'on parle du présent, qu'on aborde des thèmes sociologiques, ce sont les "néo-littératurants", pas les auteurs de SF.

Une comparaison de Le Monde tous droits réservés de Claude Ecken avec la bouse de Daylon dans l'antho de Lehman est éclairante à ce sujet

Tyrell a écrit :On pourra citer pas mal de contre exemples mais je pense que ce serait nier une évolution évidente.


Elle ne l'est pas du tout aux yeux de toute personne connaissant un tantinet l'histoire du genre et ces poussées cycliques d'acné littéraire juvénile.
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Re: Le billet de F. Colin sur le CC

Messagepar Tyrell » 04 novembre 2009 à 12:48

J'ai plutôt l'impression que la littgen a au contraire pioché quelques thèmes, clichés et poncifs bien éculés — disons ceux qui sont passés dans la conscience du public — en se tenant soigneusement à l'écart des thèmes et formes les plus novateurs

Pas d'accord.
Tu penses à qui en particulier ?
Parce que, pour moi, Delillo ou Richard Powers par exemple,se sont confrontés au coeur même du genre d'une manière plus novatrice qu'un Baxter pour prendre un exemple de Sf "pure et dure"

D'une part, l'innovation formelle, en SF, c'est vraiment un truc annexe, qui ne prend une valeur et un intérêt quelconque que s'il y a innovation ailleurs dans le texte — par exemple thématique. D'autre part, où vois-tu que la science-fiction a cessé de se confronter avec le monde ? Ceux qui refusent qu'on parle du présent, qu'on aborde des thèmes sociologiques, ce sont les "néo-littératurants", pas les auteurs de SF.


Dire que l'innovation formelle est annexe en Sf c'est aussi une forme de mépris envers le genre et une façon de la conforter dans un genre adolescent.
La confrontation avec le monde ne passe pas nécessairement par une approche sociologique, qui de plus, depuis Brunner n'est plus très representée en Sf.

Elle ne l'est pas du tout aux yeux de toute personne connaissant un tantinet l'histoire du genre et ces poussées cycliques d'acné littéraire juvénile


"Poussées" qui ont donnée la New wave, Ballard,Zelazny,Ellison,Silverberg,Spinrad ?
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Re: Le billet de F. Colin sur le CC

Messagepar Clément » 04 novembre 2009 à 13:06

Pierre-Paul a écrit :2. Il y a toute une génération de trentenaires, auteurs, éditeurs, dont beaucoup de gens que je considère pourtant comme des amis très chers, qui mènent leur barque dans l'Imaginaire comme s'ils avaient honte de ce qu'ils font ou sont.


Oui, et peut-être que tout ça n'est une question de génération. Quand je parle avec des gens de l'âge de mes parents (donc la génération encore avant : 50 / 60 ans) et que je parle de mon boulot (librairie spécialisé en SF, donc), les gens en questions se souviennent qu'il y a 20 / 30 ans ils lisaient Dick, Spinrad, Ballard, Brunner, etc. et que ça n'avait aucune espèce d'importance que ce soit de la SF ou non. Ils me demandent quels sont les auteurs d'aujourd'hui, avec une pointe de nostalgie, et ça ne va pas plus loin, mais peu importe.

Et pour ce qui est de la génération d'après Colin, donc la mienne, j'ai l'impression qu'on en revient à ça. En fait, il y a deux types de lecteurs de mon âge dans mon entourage : d'une part, ceux qui lisent énormément de fantasy mais ne lisent que ça (voire même ne lisent que du Bragelady), et, d'autre part, tous les autres qui lisent de tout, dont notamment de la SF, mais sans se soucier de l'étiquette qu'on colle sur les livres mais pour leur qualité. Évidemment, cette dernière catégorie est sous-représentée sur les forums que nous fréquentons (précisément parce que les étiquettes ne les intéressent pas) d'où sans doute une vision un peu viciée de ceux qui les fréquentent assidument comme Daylon ou Colin.

Et j'ai bien l'impression, qu'il n'y a que la génération Colin (entre les deux précédentes, 30 / 40 ans), que tout cela concerne vraiment, qui a besoin de tout catégoriser pour savoir ce qui est appréciable selon les uns et vaguement honteux pour les autres. Je ne sais pas quel genre de viol métaphorique vous avez tous subi avant que je sache lire pour que vous soyez autant bourré de complexes et de ce besoin de vous redéfinir en permanence, mais putain, ça n'a pas du être agréable. Vivement que vous soyez tous morts pour qu'on soit enfin débarrassé de ces querelles de chapelles et qu'on puisse commencer à parler de livres.
T. Di R.

Re: Le billet de F. Colin sur le CC

Messagepar T. Di R. » 04 novembre 2009 à 13:40

Clément a écrit :Vivement que vous soyez tous morts pour qu'on soit enfin débarrassé de ces querelles de chapelles et qu'on puisse commencer à parler de livres.


J'ai perdu ma mère le 21 octobre dernier, et malgré la douleur immense que je ressens, je ne vais pas la rejoindre tout de suite. Désolé pour toi.

Pour parler ainsi et souhaiter ce que tu souhaites, soit tu n'as aucune idée de ce qu'est la mort, et dans ce cas, c'est payer un sens de la provocation cher, très cher. Soit tu as déjà été confronté à elle, réellement, et alors, demande-toi quelle peut être la dignité humaine d'un tel propos.
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Re: Le billet de F. Colin sur le CC

Messagepar Clément » 04 novembre 2009 à 14:21

C'était une boutade, bien sûr, écrite sous le goût de l'agacement profond que j'ai ressenti en lisant toute cette discussion. Navré si je t'ai blessé. Que ce soit clair, je ne souhaite la mort de personne et ma dignité humaine se porte bien, merci. D'ailleurs, si vous mourrez vraiment tous, je serais bien emmerdé niveau boulot.
T. Di R.

Re: Le billet de F. Colin sur le CC

Messagepar T. Di R. » 04 novembre 2009 à 14:54

Clément a écrit :C'était une boutade, bien sûr.

Bien sûr.

Clément a écrit :Navré si je t'ai blessé.

Trop tard.
En ce qui me concerne, ne croise plus jamais mon chemin.

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