Pierre-Paul a écrit :Il y a quand même dans cette amorce de polémique bien des choses qui me laissent perplexe.
1. Fabrice Colin "quitte la SF" (je paraphrase). Ah? Fabrice écrivait de la SF? De la fantasy (plutôt au début de sa carrière), des fables, des choses transgenres (et je dis ça sans aucune animosité), voire des romans historico-lovecraftiens, bref, il me semblait surtout écrire du Colin, et je n'ai pas vu grand-monde le lui reprocher, moi le dernier. (Je viens de vérifier, je possède une bonne vingtaine de ses bouquins, y compris en jeunesse, dans tous les genres qu'il a pu aborder. Tous lus, si si.) *
2. Il y a toute une génération de trentenaires, auteurs, éditeurs, dont beaucoup de gens que je considère pourtant comme des amis très chers, qui mènent leur barque dans l'Imaginaire comme s'ils avaient honte de ce qu'ils font ou sont. Ma foi, la solution est simple : faire autre chose. C'est le choix qu'un Benoît Cousin a eu l'élégance d'effectuer. Fabrice Colin me laisse plus perplexe dans sa démarche, je le répète, parce qu'il ne m'a jamais paru se ranger (ni même être rangé) sous la bannière de la SF. Ou alors c'est qu'il emploie le terme dans un sens très large qui me paraît un tantinet abusif.
3. La dramatisation (ou : syndrome de la diva) tend de plus en plus à remplacer le débat d'idées. C'en est presque sarkozyste. Le pire, c'est que c'est involontaire. **
4. Corollaire de 3 : la dramatisation tend aussi à remplacer la critique. Oui, il y a surabondance de superlatifs. Marrant, d'ailleurs, mais quand une revue... disons Bifrost, pour ne pas la nommer... s'arroge le droit de descendre un bouquin en flammes, il se trouve plein d'âmes bien pensantes pour le lui reprocher. ***
5. Quelqu'un a emprunté une machine temporelle et décidé de nous rejouer le coup des néoformalistes, des new-waveux, des post-surréalistes, bref, de tous ceux qui, à un moment ou à un autre, ont reproché à la SF d'être ce qu'elle était à un moment donné et non ce vers quoi ils voulaient alors la voir évoluer? Parce que ces gens, désolé d'être brutal, ont soit trouvé de plus verts paturages, soit décidé qu'en fin de compte, ils n'étaient pas si mal de ce côté-ci de la barrière... ****
Bref, avant de se traiter de plein de noms d'oiseau, de supposer, comme Daylon semble le faire de son côté, que tous les fans même endurcis de SF ne lisent que ça en sombres réactionnaires qu'ils sont, merci de peser un peu sa plume virtuelle...
* Bah! "Sayonara Baby", c'est quand même un peu de la sf. Moi, en tout cas, je l'ai perçu comme tel.
** Je ne sais si tu parles de Fabrice Colin, Pierre-Paul, mais je préfère un billet comme il l'a écrit, brut de décoffrage, à une préface intellectualisée comme celle de "Retour sur l'horizon" que je ne lirai jamais, l'extrait pdf m'ayant largement suffi - je n'avais déjà pas lu celle de 1998... j'avais abandonné au bout d'une dizaine de paragraphes.
*** Bah! ce ne serait pas ceux qui usent des superlatifs, justement? :-) On peut dire ce qu'on veut de Bifrost, c'est une revue qui est cohérente. Et je ne dis pas ça parce qu'Olive m'a publié quatre fois, mais parce que je le
pense. Il m'a fallu du temps pour comprendre, par exemple, que pour Olivier, il n'y a pas, en qualité ou génie intrinsèque, les anglosaxons... et tous les autres. Il ne raisonne pas en ces termes, Bifrost ne raisonne pas en ces termes. Enfin, je peux me tromper, mais par ce que je connais du bonhomme, j'ai la prétention de le croire.
**** Oui, sauf que, depuis, le genre a été correctement assimilé, ingéré, par des plumes "reconnues" (je mets bien le terme entre guillemets) qui n'ont rien à voir avec lui.