L'ère du numérique... et les forces en présence

T. Di R.

Re: L'ère du numérique... et les forces en présence

Messagepar T. Di R. » 26 novembre 2009 à 14:48

thomasday a écrit :J'ai discuté avec un éditeur small press américain qui fait de la SF et du numérique depuis plusieurs années via amazon.com et son célébrissime kindle. La répartition de son CA c'est 98/2 après plusieurs années (98 pour le papier, 2 pour l'électronique). Il faut bien comprendre que le livre électronique en France pendant plusieurs années ça ne va être quasiment que de la communication pas du CA. Mais ce n'est pas pour ça qu'il faut se tourner les pouces, bien évidemment.
GD


Plusieurs années? Franchement, ça m'étonnerait.

Pour en revenir à ce qui nous occupe: toi, Gilles Dumay/Thomas Day, puisque tu es sans arrêt juge et partie, 25 % du prix hors taxe, ça te convient?
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Thomas Day
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Re: L'ère du numérique... et les forces en présence

Messagepar Thomas Day » 26 novembre 2009 à 15:41

T. Di R. a écrit :
thomasday a écrit :J'ai discuté avec un éditeur small press américain qui fait de la SF et du numérique depuis plusieurs années via amazon.com et son célébrissime kindle. La répartition de son CA c'est 98/2 après plusieurs années (98 pour le papier, 2 pour l'électronique). Il faut bien comprendre que le livre électronique en France pendant plusieurs années ça ne va être quasiment que de la communication pas du CA. Mais ce n'est pas pour ça qu'il faut se tourner les pouces, bien évidemment.
GD


Plusieurs années? Franchement, ça m'étonnerait.*

Pour en revenir à ce qui nous occupe, toi, Gilles Dumay/Thomas Day, puisque tu es sans arrêt juge et parti, 25 % du prix hors taxe, ça te convient? **


*Sur le délais de plusieurs années, évidemment pas dix ans, mais pendant quelques années les gens vont d'abord s'équiper puis télécharger avant tout ce qui est mis à disposition gratuitement (et il va y avoir très vite du "volume").

**En tant qu'auteur, je vais sans doute signer au Bélial' sur la base de 33%, quelque chose comme ça (on va prendre le temps de bien analyser le modèle économique avec Olivier G.). Ayerdhal avait l'air de dire que 40/40/20 était la meilleure solution (40 auteur, 40 éditeur, 20 diffuseur), mais il me semble qu'il sous-estime les frais de diffusion/marketing et l'effet reversion de CA dans le cadre des partenariats avec des sites critiques (il impute sans doute une partie de ces frais sur les frais d'édition, mais ce n'est pas de l'édition, et il y a fort à parier que ce soit un "diffuseur/négociateur" qui récupère une bonne partie de ces tâches à court terme ou à moyen terme).

Dans le cas du Bélial', il faut prendre en compte tout les frais que l'ebook implique (les frais sont réels, déjà Olivier paye quelqu'un pour ça, il va bien falloir les globaliser, Olivier va pas faire du sur mesure pour chaque texte, il s'en sortira jamais).

Cela dit, il faut aussi prendre en compte le fait que dans un premier temps il ne passera par aucune plateforme.

Après il faut ventiler marketing, frais techniques, salaire presse, salaire du webmestre, entre les colonnes "éditeur" et "diffuseur". Tout ça c'est rendu difficile car aucun modèle économique ne se dessine vraiment pour le moment. C'est drôle, mais celui proposé par le Bélial' est le plus pertinent, AMHA, qu'on m'ait proposé à ce jour.

Pour Denoël, je réfléchissais à 25% parce que c'est la base US sur laquelle je travaille. Si on pousse le curseur à 33 (en considérant 25%+4% du traducteur + 4% du directeur de collection non salarié), on arrive à 29% pour un auteur francophone (11 points de moins que ce que préconise Ayerdhal en attendant qu'il pousse encore plus loin sa réflexion). Mais attention c'est pour un modèle économique où le fichier est à 9,99 euros TTC (avec une TVA 19,6), pas 80-85% du prix du grand format (donc pas le modèle économique Flammarion/Gallimard/Seuil tel qu'on me l'a présenté). Les frais de structure sur Denoël sont énormes, je ne suis pas sûr de pouvoir pondre un modèle économique où je peux proposer plus de 29% sans me péter la gueule.

On discute, on réfléchit, c'est bien.

Mais la vérité est ailleurs : dans les groupes, le marketing va prendre le pouvoir à un niveau inconnu à ce jour. Je ne vois pas comment le contraire serait possible.

GD
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Re: L'ère du numérique... et les forces en présence

Messagepar T. Di R. » 26 novembre 2009 à 15:58

thomasday a écrit :*Sur le délais de plusieurs années, évidemment pas dix ans, mais pendant quelques années les gens vont d'abord s'équiper puis télécharger avant tout ce qui est mis à disposition gratuitement (et il va y avoir très vite du "volume").

**En tant qu'auteur, je vais sans doute signer au Bélial' sur la base de 33%*, quelque chose comme ça (on va prendre le temps de bien analyser le modèle économique avec Olivier G.). Ayerdhal avait l'air de dire que 40/40/20 était la meilleure solution (40 auteur, 40 éditeur, 20 diffuseur), mais il me semble qu'il sous-estime les frais de diffusion/marketing et l'effet reversion de CA dans le cadre des partenariats avec des sites critiques (il impute sans doute une partie de ces frais sur les frais d'édition, mais ce n'est pas de l'édition, et il y a fort à parier que ce soit un "diffuseur/négociateur" qui récupère une bonne partie de ces tâches à court terme ou à moyen terme).

Dans le cas du Bélial', il faut prendre en compte tout les frais que l'ebook implique (les frais sont réels, déjà Olivier paye quelqu'un pour ça, il va bien falloir les globaliser, Olivier va pas faire du sur mesure pour chaque texte, il s'en sortira jamais).

Cela dit, il faut aussi prendre en compte le fait que dans un premier temps il ne passera par aucune plateforme.

Après il faut ventiler marketing, frais techniques, salaire presse, salaire du webmestre, entre les colonnes "éditeur" et "diffuseur". Tout ça c'est rendu difficile car aucun modèle économique ne se dessine vraiment pour le moment. C'est drôle, mais celui proposé par le Bélial' est le plus pertinent, AMHA, qu'on m'ait proposé à ce jour**.

Pour Denoël, je réfléchissais à 25% parce que c'est la base US sur laquelle je travaille. Si on pousse le curseur à 33 (en considérant 25%+4% du traducteur + 4% du directeur de collection non salarié), on arrive à 29% pour un auteur francophone (11 points de moins que ce que préconise Ayerdhal en attendant qu'il pousse encore plus loin sa réflexion). Mais attention c'est pour un modèle économique où le fichier est à 9,99 euros TTC (avec une TVA 19,6), pas 80-85% du prix du grand format (donc pas le modèle économique Flammarion/Gallimard/Seuil tel qu'on me l'a présenté). Les frais de structure sur Denoël sont énormes, je ne suis pas sûr de pouvoir pondre un modèle économique où je peux proposer plus de 29% sans me péter la gueule***.

On discute, on réfléchit, c'est bien.

Mais la vérité est ailleurs : dans les groupes, le marketing va prendre le pouvoir à un niveau inconnu à ce jour. Je ne vois pas comment le contraire serait possible****.

GD



* On est bien d'accord... 25 %, c'est trop peu.

** Ca ne m'étonne pas plus que cela. Olivier est l'un des seuls avec lequel je signerais ce type de contrat sans appréhension.

*** Essaie quand même encore. Là, tu es déjà à 29, l'air de rien.

**** Je suis d'accord avec toi sur ce point précis. Le "marketing" avec les plus gros dinosaures de l'édition qui survivront - parce qu'ils auront eu la latitude de revoir leurs marges - moins à leur avantage.
Modifié en dernier par T. Di R. le 26 novembre 2009 à 16:48, modifié 2 fois.
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Re: L'ère du numérique... et les forces en présence

Messagepar marypop » 26 novembre 2009 à 16:33

Remarque (très) naïve.

Aujourd'hui, si je ne me trompe pas, un auteur est payée sous une forme de fixe + variable, le fixe correspondant à un nombre d'exemplaire établi au départ (par exemple 5000) le variable à un taux du prix de vente pour toute réédition.

Aujourd'hui toujours, pour la musique en ligne, la répartition se fait comme suit pour un morceau à 99cts (source http://tofz.org/spip/spip.php?article15 qui donne challenges du 05/01/2006):

Image
Image

Je ne connais pas le ratio initial dans le disque physique qui incluerait la fabrication, mais je comprends d'un coup l'inquiétude des auteurs dans ce débat.

Après, j'imagine bien que la part "Maison de disques" contient les frais de fonctionnement et les frais marketing, mais il reste intéressant de voir que la part distributeur est à 6 sur ce graphique, ce qui doit surement être beaucoup plus faible qu'en circuit de distribution classique.
Tremblay les chaussettes ville super chouette
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Re: L'ère du numérique... et les forces en présence

Messagepar Thomas Day » 26 novembre 2009 à 16:38

T. Di R. a écrit :
* On est bien d'accord... 25 %, c'est trop peu.


T. Di R. a écrit :*** Essaie quand même encore. Là, tu es déjà à 29, l'air de rien.


Tu te trompes : je (Lunes d'encre) SUIS à 6, 8 ou 10% (selon les cas) pour les auteurs...
J'aimerais trouver un modèle où 25 serait envisageable (29, soyons fous !).
Mais ce n'est tout simplement pas possible vu le modèle économique qui a été choisi par trois des plus grands groupes d'édition français.
J'en ai proposé un autre ce matin (avec très peu d'espoir), mais c'est comme si une fourmis tentait de soulever un éléphant.

Et j'arrête là, parce que devoir de réserve et toussa.

GD
T. Di R.

Re: L'ère du numérique... et les forces en présence

Messagepar T. Di R. » 26 novembre 2009 à 16:46

thomasday a écrit :
T. Di R. a écrit :
* On est bien d'accord... 25 %, c'est trop peu.


T. Di R. a écrit :*** Essaie quand même encore. Là, tu es déjà à 29, l'air de rien.


Tu te trompes : je (Lunes d'encre) SUIS à 6, 8 ou 10% (selon les cas) pour les auteurs...*
J'aimerais trouver un modèle où 25 serait envisageable (29, soyons fous !).
Mais ce n'est tout simplement pas possible vu le modèle économique qui a été choisi par trois des plus grands groupes d'édition français.
J'en ai proposé un autre ce matin (avec très peu d'espoir), mais c'est comme si une fourmis tentait de soulever un éléphant.**

Et j'arrête là, parce que devoir de réserve*** et toussa.

GD


* Je parlais de ta réflexion qui t'amenait, au fil de ton message, à proposer jusqu'à 29 % à tes grands pontes, dans un grand délire de justice.

** Non, sans blague?...

*** Oui, effectivement...
Ayerdhal
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Re: L'ère du numérique... et les forces en présence

Messagepar Ayerdhal » 27 novembre 2009 à 13:11

Dans le cadre d'une réflexion globale sur la relation auteur/éditeur/diffuseur/distributeur/état, j'ai plusieurs fois exprimé mes doutes sur l'honnêteté intellectuelle qui préside à la philosophie sous-tendant la répartition du chiffre d'affaire généré par le produit livre, en clair ce qu'il est convenu d'appeler "économie du livre".
Ainsi les entreprises et l'état trouvent normal les concernant de parler de frais (quelle que soit leur nature, et cela inclut les salaires) et d'évoquer le bénéfice comme résultant du chiffre d'affaire moins l'ensemble des frais, mais refusent de considérer le revenu de l'auteur autrement que dans l'intégralité des droits qu'il perçoit. Or les droits perçus par l'auteur ne sont qu'un chiffre d'affaire que grèvent un certain nombre de frais (matériels, comme ce qui touche à son outil de travail, ou immatériels car difficilement quantifiables, comme ce qui nourrit ce travail) et dont le reste constitue son salaire, donc, ainsi que les entreprises et l'état le présentent, ce qui coûte le plus cher dans une activité. Petit rappel : contrairement aux dividendes et quelle que soit l'option fiscale choisie pour les déclarer, les droits d'auteur sont soumis à prélèvements sociaux et fiscaux.
Bref, lorsqu'il s'agit de faire valoir des coûts pour répartir le chiffre d'affaire du produit livre, il est parfaitement mesquin de décréter que, contrairement à l'éditeur ou au diffuseur, personnes morales, l'auteur, personne physique, n'a pas de frais. Ce qui, en matière de réflexion sur l'économie du livre numérique, mérite une attention toute particulière.
Ayerdhal
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Re: L'ère du numérique... et les forces en présence

Messagepar dodo » 30 novembre 2009 à 10:15

Tout à fait d'accord avec Ayerdhal.
Les auteurs doivent défendre leur droit à vivre de leur travail
au même titre que les éditeurs en vivent, à l'instar de tous les autres acteurs de l'économie du livre.
Demandons aux gens d'amazon de bosser grâcieusement, et on verra. Ou à l'état de se passer de TVA !

Le plus difficile est le calcul à la base duquel on peut considérer qu'un auteur gagne un minimum sa vie
avec la vente de ses livres. Il faut un calcul d'amortissement, à considérer que l'écriture d'un roman exigerait au moins X mois. Sans quoi on sacrifie forcément à la qualité de ce qu'on écrit, et on voit bien où en est arrivée la litt gén. S'il faut 4 livres par an pour vivre, eh bien on écrit de la merde et on inonde le marché.

Bon, vous connaissez le problème, c'est un peu le même que pour l'édition papier.

Ensuite, si complément de revenu il y a, eh bien ça permettra à l'auteur d'investir à son tour dans ses prochains romans, en termes de recherche, voyages, lectures, logiciels, conseils techniques, etc...
Je me souviens qu'en 1996 (ou 98), j'avais demandé à parcourir des dossiers officiels concernant la recherche virale, et on m'en demandait à l'époque quelque chose comme 800 euros (et enquête de bonne moralité). J'ai dû me débrouiller autrement pour trouver les infos.

Moi je crois fermement qu'auteur est un métier, et non une activité parallèle. Un peu comme éditeur. Certains s'en tirent malgré tout en jonglant avec deux activités mais cela tient du miracle, mais imaginons ce que feraient ces auteurs ou éditeurs s'ils se consacraient entièrement à leur véritable vocation.

Bien sûr, tout cela est utopique mais il ne faut jamais la perdre de vue pour conserver rien qu'une toute petite chance d'obtenir un juste compromis.
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Re: L'ère du numérique... et les forces en présence

Messagepar Gregory Drake » 01 décembre 2009 à 20:08

Vous en avez, de la chance... Ils vous envoient l'équipe de dépannage !
Vous pouvez déjà commencer à chercher du boulot ;-)

Trêve de plaisanterie ! Et le client, dans tout ça ? Le... lecteur ? Il veut quoi, lui ?
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Re: L'ère du numérique... et les forces en présence

Messagepar Patrice2 » 01 décembre 2009 à 22:19

Salut,

Ils vous envoient l'équipe de dépannage !


Ca c'est magnifique. Voilà une info qui montre que notre gouvernement à vraiment le sens de l'humour.

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Patrice
Un tiers calva, un tiers cidre, un tiers purin et eau de mare

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