La SF, un truc de mecs ?

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Cachou
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Re: La SF, un truc de mecs ?

Messagepar Cachou » 29 novembre 2013 à 19:38

pascal a écrit :
Cachou a écrit :Ce sont peut-être des exceptions mais ça fait beaucoup d'exceptions, non? Reste à savoir pourquoi les femmes auteurs de SF sont publiées ou demandent à être publiés dans ces collections blanches...


Je pense qu'il faudrait faire une liste d'auteurs masculins publiant de la "SF" en blanche et elle serait au moins aussi longue, sinon plus. Je n'ai pas le temps de la faire, mais... si ça amuse quelqu'un.


Figure-toi que j'y ai pensé tout juste après avoir posté le commentaire. Je refais un tour du blog sur la même période pour les romans de SF (le tag SF sur les 25 premières pages), pour prendre l'échantillon non représentatif de mes lectures du genre. J'ai trouvé "Singe savant tabassé par deux clowns" de Châteaureynaud chez Zulma qui ne compte pas tout à fait parce qu'il y a juste une nouvelle SF sur tout le recueil. Toujours chez Zulma, "La ville absente" de Ricardo Piglia (mais je n'ai pas réussi à détermine si c'était de la SF) et "Phrixos le fou" de Miquel de Palol. Ensuite "Zen City" de Grévoire Hervier au Diable Vauvert (j'ai du mal à déterminer si cette maison d'édition compte dans les blanches, qu'en dites-vous?)(j'arrête de mettre les liens parce que je suis paresseuse ^_^), "Les saisons de Maurice Pons chez Bourgois, "Quinzinzinzili" de Régis Messac et "L'oeil du purgatoire" de Jacques Spitz chez L'arbre vengeur (même question qu'avec le Diable Vauvert)(et du coup j'ai sauté les Attila parce que j'ai découvert la maison avec de la SFFF mais je réalise que j'ai lu aussi un ou deux livres de littérature blanche, du coup à compter? Non?). Puis "La guerre des salamandres" de Karel Capek et "Les cordelettes de Browser" de Garcia chez Denoël et, lu il y a quelques années, "Les assoiffées" de Quiniry au Seuil.

De tout cela, je vois que cinq auteurs d'au moins un roman de SF (dont trois français) sont publiés dans une collection spécifiquement blanche, les autres sont soit chez des éditeurs qui jouent sur la frontière floue entre les genres (et c'est tout à leur honneur) ou ont écrit des histoires "entre deux", un peu SF mais pas tout à fait. Si l'on veut tirer des conclusion, on pourra dire que dans cet échantillon certainement biaisé, les romans SF des femmes ne se retrouvent pas chez les mêmes éditeurs que les romans SF des hommes, ces dernières étant publiées dans des collections plus ouvertement "blanches". Je ne sais pas si ça dit quelque chose, est-ce que c'est une observation que l'on peut faire plus généralement?
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Jean-Claude Dunyach
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Re: La SF, un truc de mecs ?

Messagepar Jean-Claude Dunyach » 29 novembre 2013 à 19:53

Je fréquente pas mal le forum des Cocyclics et on y lit des tas d'extraits de bouquins en cours d'écriture. Chaque bouquin est caractérisé par une étiquette. On peut donc faire des statistiques à la louche et remarquer divers trucs. En vrac:

1) Parmi les genres représentés, la Fantasy est majoritaire, suivie par le fantastique. La SF représente peut-être 10 à 15% (à la louche) des textes proposés. Le Steampunk est en progression.
2) Il y a assez souvent des textes définis comme "métissés" (thriller fantastique, uchronie steampunk, space op'/romance, Urban Fantasy/Dystopie). Les étiquettes "pures" sont encore majoritaires mais, à lire les résumés, les écrivains d'aujourd'hui franchissent allègrement les frontières. Les définitions des genres les concernent peu.
3) Cocyclics n'est pas aussi "majoritairement féminin" qu'on l'a dit à une époque. Je dirais que c'est du un tiers masculin/deux tiers féminin.
4) Il y a trop peu d'auteurs de SF "pure" (j'englobe le space opera et diverses déclinaisons dans la liste) pour faire des statistiques fiables. Toutefois, il semble y avoir une vraie majorité d'auteurs hommes dans ce genre spécifique (même si ce n'est pas toujours facile d'associer un sexe à un pseudonyme). C'est l'inverse en fantastique, on dirait.
Toutefois, les exemples de "vrais" bouquins de SF proposés sur Cocyclics par des femmes est en augmentation constante.
5) Pour avoir discuté avec pas mal d'entre eux/elles lors de divers festivals (il y en a toujours une bonne cinquantaine aux Utopiales ou aux Imaginales), je peux dire que la SF ne leur paraît pas du tout réservé à l'un ou l'autre genre. Par contre, la SF leur semble un genre assez "contraint", demandant une rigueur scientifique et une approche de la réalité où tous les boulons sont vissés. Ce n'est pas le cadre idéal (pour eux/elles) pour se lancer dans des aventures débridées écrites au gré de l'envie. Il y a un côté "réfléchi/pondéré" dans la SF peu compatible avec "j'avais ce personnage super et je voulais qu'il vive plein d'aventures". Rares sont ceux/celles qui ont envie de s'y lancer et, quand ils/elles le font, c'est du genre "j'avais cette histoire en moi depuis dix ans" et j'ai fini par m'y lancer.

Enfin une dernière remarque:
Il y a quelques décennies, la SF était la littérature pour ados par excellence - celle de la construction de soi, celle qui aidait à appréhender le monde. La fantasy joue désormais ce rôle, mais aussi la bit-lit (qui a en partie remplacé la littérature de super-héros, les "pouvoirs" à la X-Men étant devenus des mutations de type loup-garou, feys ou vampires).
Je vous poutoune,
Je compte pour un. Comme chacun de vous.

http://www.dunyach.fr/

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