Sybille a écrit :J'avoue qu'il y a un raccourci qui me laisse pour le moins septique :
veiller à la parité et à une meilleure représentation des genres n'a aucun lien
(en bien ou en mal) avec le manque d'ambitions des auteurs.
Si raccourci il y a, il ne m'appartient pas. Ce sont deux questions distinctes.
Ce que je suggérais — et que j'assume — est que la mise en exergue de thématiques
externes au milieu SF est un symptôme de son "incapacité à se réinventer",
que soulignait Olivier. Ce ne préjuge en rien de l'importance de ces thèmes, ni
d'ailleurs de leur pertinence dans un cadre SF : on pourrait "veiller à la parité"
(quoi que cela puisse vouloir dire dans le contexte) sans consacrer une part
majeure du discours SF à cette veille.
Sybille a écrit :Le cerveau humain n'est pas monotâche.
Le mien, si, parfois... ;-)
dracosolis a écrit : résumé de l'intervention de Cal chou ^^ :
"Tout ça c'est la faute des féministes" elles virent la science de la sf !
(On nous l'avait pas encore faite, celle-là)^^
Non, ce n'est pas non plus ce que je dis. la SF était peut-être le seul genre
littéraire à revendiquer un centre, ou un cœur, ("dur"), tout en embrassant
des univers qui s'en éloignaient considérablement (et, à mon sens, c'était d'autant
plus remarquable qu'on s'éloignait de la
hard SF !). Je constate aujourd'hui
qu'elle (me) semble avoir majoritairement renoncé à cette relation particulière
à la science.
Un corollaire probablement naturel de ce renoncement à un centre commun est la
communautarisation de la SF, autour d'une multitude de centres d'intérêt spécifiques.
Les questions de genre en sont un, sans doute le plus visible, pas clairement
pas le seul. Leur prééminence actuelle est donc pour moi un symptôme, certainement
pas une cause.
dracosolis a écrit : J'avais pas eu ce sentiment moi la sfiste féministe et positiviste (...)
d'exclure la science de mon discours.
Ce n'est pas non plus ce que je dis, ni à propos de toi ni,
a fortiori, à celui
des des auteurs de sensibilité féministe en général.
En revanche, permets-moi de distinguer un discours convenu et prémâché, courant
chez les féministes (et tout particulièrement à Londres, j'ai le regret de devoir
le dire, dans le cadre d'un "
Academic track" dont j'attendais mieux),
et dont l'agressivité est souvent proportionnelle à la vacuité, de l'expression
d'idées personnelles et raisonnablement originales, dans un cadre fictionnel ou non.
Tu auras d'ailleurs peut-être noté que, parmi les exemples d'interventions
intéressantes, j'évoquais Mendlessohn et Kowal, pas exactement anti-féministes
non plus.
dracosolis a écrit :c'est vrai qu'entre autres sciences, la politique et la sociologie n'ont jamais été
l'objet de la SF et que c'est "politiquement correct" de parler du genre.
Tu fais un contresens complet. Une thématique n'est jamais, en elle-même, politiquement
correcte ou incorrecte. Il se trouve que certaines thématiques ont vu apparaître
des sous-cultures favorisant des postures-réflexe déclenchées par certains mots, idées
ou postures. C'est en effet, en ce moment, le cas du genre, avec un groupe social
constitué qui, de façon totalement prévisible, applaudit très fort à certaines
sollicitations et aboie à d'autres. Je reviens sur l'exemple de Scalzi : c'est un
maître de la communication en ligne, et le sien est un cas d'école de discours
"politiquement correct" sur le genre, au sens où il déclenche l'approbation
automatique — par dizaines et centaines de milliers ! — de féministes, sincères
ou d'opportunité.
Cela ne préjuge en rien de l'existence de discours puissants et originaux sur les mêmes
questions. Mais ce sont rarement les mêmes qui y sont sensibles sur le fond.
dracosolis a écrit :C'est évident qu'une prise de position politique est forcément une posture, pas une...
prise de position politique ET littéraire.
Certainement pas, donc. Mais inversement, qu'il existe des prises de positions
politiques et littéraires n'entraîne aucunement que
tout discours soi-disant
féministe (ou républicain, ou ce que tu voudras) dépasse automatiquement le niveau
de la posture réflexe.
dracosolis a écrit : brefle ma conclusion est : le discours sur le genre n'est qu'un élément potentiel
de la littérature de SF actuelle, il doit d'ailleurs l'être parce que c'est l'un
des courants puissants qui agitent notre monde
Bref : nous sommes d'accord, comme souvent.
dracosolis a écrit : mais l'accuser de reléguer le reste (en tout cas en France) au fond du panier
est un poil gonflé, je te le dis tout net.
Ton fantasme, pas le mien.
dracosolis a écrit :C'est amusant tu sais, mais l'argument "vous voulez du politiquement correct" ce sont
aussi les arguments de Zemmour, ça devrait quand même te titiller un peu.
Non, pourquoi ? Je suis rarement d'accord avec ses conclusions, mais le gars est
intelligent et ses analyses sont le plus souvent pertinentes. Et sur la forme,
en France, il est un révélateur d'une forme de rhétorique politiquement correcte
qu'il semble susciter avec une grande efficacité (même si je ne suis pas sûr qu'il
le fasse toujours exprès).