Bifrost n°57 : Spécial Robert Heinlein (janvier 2010)
Re: Bifrost n°57 : Spécial Robert Heinlein (janvier 2010)
-> Farfadet, conseil de collègue : Donne donc quelques contrôles surprise en début de semaine prochaine et tu pourras lire les nouvelles d'Heinlein pendant que tes chères têtes blondes planchent. Après tout, quelques élèves seront peut-être curieux d'en savoir plus sur ce magazine à la couverture si étrange...
Re: Bifrost n°57 : Spécial Robert Heinlein (janvier 2010)
scifictif a écrit : ¤ Robert Heinlein - Le représentant en éléphants
Il tourne quand même pas mal à vide (...) et je ne vois pas bien ce qu'un lecteur français
peut lui trouver... J'aimerais bien avoir l'avis du spécialiste ès Heinlein, le sieur Caliban,
sur ce texte et, allez soyons fous, son avis sur la pertinence de la présence de ce texte ici
C'est moi qui ai recommandé ce texte à Olivier. Je suis désolé que tu ne l'aies pas aimé...
même si je m'attendais à ce qu'un texte aussi atypique ne fasse pas l'unanimité.
Il s'agit de l'une des dernières nouvelles de Heinlein jusqu'ici inédites en France
— restera encore sans doute « Gulf », « Goldfish Bowl » (un texte très fortéen, assez
borderline aussi), « Waldo » (un peu long), à la rigueur « Project Nightmare »
(qui a mal vieilli), et c'est à peu près tout pour les textes adultes, à part une poignée
de "stinkeroos", comme Heinlein les appelait lui-même (je ne compte ni les
juvenile, ni les histoires policières, etc.)
Si l'on admet que « Le Représentant en éléphants » relève bien des "littératures
de l'imaginaire », il me semble que c'est déjà suffisant pour justifier sa "pertinence"
pour ce dossier Heinlein de Bifrost.
Un autre argument est qu'il s'agit, pour moi, de l'un des rares textes où Heinlein
se laisse un peu aller à dévolier sa propre dualité. Il y a le technicien impeccable,
qu'il s'agisse d'artillerie ou d'écriture (l'auteur, par exemple, de « Vous les Zombies »...),
provocateur impénitent qui prend grand soin de ne jamais dévoiler ses propres
opinions dans ses textes, au point de s'arranger pour faire soutenir des positions
incompatibles à ses protagonistes, d'un roman à l'autre. Et puis il y a le grand
gaillard au cœur d'artichaud, "cucul la praloche" si on veut le dire ainsi, amoureux
d'une sorcière (son épouse Leslyn prétendait l'être), curieux d'ésotérisme (Jack
Parsons comptait parmi ses amis proches), etc.
Dans une note de présentation d'une nouvelle "scoute", il écrit :
(Nixie étant un chien, le héros de la nouvelle en question, « Tenderfoot in Space »)Robert Heinlein a écrit :If this universe has any teleology whatsoever (a point on which
I am unsure), then there is some provision for the Nixies in it
Je vais éviter de relancer ici le débat SF & métaphysique (d'autant qu'il y faudrait
quelques spoilers), mais il me semble qu'on n'en est pas si loin.
Bref : il me semble que c'est un texte important, si l'on veut comprendre Heinlein.
Dans la mesure où beaucoup de ses textes de SF pure et dure sont disponibles
ailleurs, il m'a semblé qu'il était utile, et bien dans l'esprit de Bifrost, de faire
un pas de côté, avec ce texte un peu décalé.
Quant à savoir s'il s'agit ou non de SF, au sens large, de "littérature de l'imaginaire",
je suis tenté de dire : ni plus ni moins qu'un classique comme En terre étrangère.
Relis-le à la lumière du « Représentant en éléphants » : il n'y a pas de solution
de continuité.
Voilà pour les raisons "objectives". Par ailleurs, c'est une nouvelle de Heinlein que
j'aime beaucoup, peut-être ma préférée avec « Nous promenons aussi les chiens ».
Pour moi, elle ne tourne pas du tout "à vide".
scifictif a écrit : sans une sérieuse culture du folklore U.S, la nouvelle perd beaucoup de son sel
J'avoue m'être interrogé sur les notes du traducteur. D'un côté, j'ai tendance à en
mettre autant, et j'ai appris des tas de choses sur un texte que je connaissais
pourtant assez bien. De l'autre, ça met un accent très fort sur une accumulation
de détails, dont je ne suis pas sûr qu'ils constituent "le sel" de ce texte.
Peut-être faut-il lire la nouvelle deux fois : une sans s'arrêter aux détails, pour
l'ambiance et la progression du texte ; et une autre de note en note...?
(au passage, je trouve que Pierre-Paul Durastanti a fait un travail remarquable,
sur une traduction extrêmement difficile)
SF à part, la nouvelle est évidemment une ode à une certaine Amérique
— mais aussi un pari sur la nature humaine.
Ce folklore-là, celui de John Watts, est si idiosyncratique qu'il en devient universel.
Chacun ses éléphants. Si l'Amérique peut se lire comme la superposition d'autant
de paradis personnels qu'il y a d'Américains, on peut certainement en dire autant
de la France et des Français, de l'URSS et des citoyens soviétiques. Bel effort
d'optimisme, je trouve, pour une nouvelle écrite en 1948, trois ans après
Hiroshima, dans une période extrêmement difficile pour Heinlein.
A-t-il encore un sens pour le lecteur français contemporain ? Il me semble que oui.
Les USA ont toujours ce double visage : la dialectique à l'œuvre dans « Solution
non satisfaisante » (la nouvelle) s'applique toujours du côté de Guantanamo,
mais, pris individuellement, les habitants en restent « bruyants, vivants, aussi
américains qu'une tarte sablée aux fraises ». Ce sont nos amis et nos alliés.
Il n'est aps question de se voiler la face devant leurs dérives ; mais pourquoi
ne pas prendre aussi, de temps en temps, le temps de les regarder au travers
d'un prisme affectueux et indulgent ?
Re: Bifrost n°57 : Spécial Robert Heinlein (janvier 2010)
Allelujah !
Lecture précédente : L'été de l'infini.
Lecture actuelle : Bifrost King.
Lecture actuelle : Bifrost King.
Re: Bifrost n°57 : Spécial Robert Heinlein (janvier 2010)
L'auto-modération, c'est plus coule.
Modifié en dernier par Fuck You le 23 janvier 2010 à 19:48, modifié 1 fois.
Fuck me, Ray Bradury.
Re: Bifrost n°57 : Spécial Robert Heinlein (janvier 2010)
Fiou fiou, ça c'est de la réponse argumentée et de la mise en perspective !
Merci Caliban.
D'Heinlein, je n'avais jusqu'alors lu qu'un roman et peut-être 5-6 nouvelles (autant dire rien) et de ne pas avoir aimé cette nouvelle ne m'a bien entendu pas dissuadé de m'intéresser à son cas.
Evidemment, tous les lecteurs de Bifrost ne le découvriront pas à l'occasion de ce dossier, alors cette idée de proposer une nouvelle en marge qui leur présente une facette méconnue de l'auteur témoignant de sa complexité, c'est forcément pertinent.
Après, concernant la nouvelle elle-même, à chacun ici de se faire son propre avis.
Merci Caliban.
D'Heinlein, je n'avais jusqu'alors lu qu'un roman et peut-être 5-6 nouvelles (autant dire rien) et de ne pas avoir aimé cette nouvelle ne m'a bien entendu pas dissuadé de m'intéresser à son cas.
Evidemment, tous les lecteurs de Bifrost ne le découvriront pas à l'occasion de ce dossier, alors cette idée de proposer une nouvelle en marge qui leur présente une facette méconnue de l'auteur témoignant de sa complexité, c'est forcément pertinent.
Après, concernant la nouvelle elle-même, à chacun ici de se faire son propre avis.
Re: Bifrost n°57 : Spécial Robert Heinlein (janvier 2010)
reçu hier :) pas encore lu.
Je vais me plonger rapidement dans ce dossier Heinlein tant attendu.
Je vais me plonger rapidement dans ce dossier Heinlein tant attendu.
Tremblay les chaussettes ville super chouette
Re: Bifrost n°57 : Spécial Robert Heinlein (janvier 2010)
Commandé le 19 via Paypal, posté par le Bélial le 20 et reçu le 22. Tout le monde s'y est mis pour que je ne puisse pas râler ici.
(A noter que j'habite près de St-Trop et qu'il n'y a aucune librairie susceptible de distribuer Bifrost dans le coin. Mais notre poste fonctionne bien, il y a donc une justice en ce bas-monde.)
Premier coup d'oeil : la couv, je ne suis pas fan, mais je reconnais que c'est du très bon travail. J'adore le monochrome en général mais j'accroche pas trop au dessin, question de goût. Un truc est sûr, les couvertures de Bifrost ont du caractère et on ne peut pas y rester insensible.
J'ai adoré l'édito, qui reflète bien mon opinion sur le passage au numérique et sur l'effet du pessimisme et de la morosité en général sur nos petites existences. Lisez bien ces lignes, y a beaucoup à en apprendre.
Le quatrième de couverture m'a beaucoup donné envie de lire la nouvelle de Varley. Quant à l'échange Caliban/Scifictif, je crois qu'il va m'obliger à revenir sur la bonne résolution qui me dictait d'avoir fini mes propres travaux avant de me lancer dans la lecture des nouvelles de ce numéro.
Lu l'article sur l'écriture de SF. Très intéressant et agréable à lire. Je remercie la personne qui me l'a conseillé.
J'ai survolé également les articles sur Heinlein et j'ai été assez surprise par le ton autobiographique de Jeanne A Débats dans sa chronique. Ça rend l'article assez dynamique, c'est amusant.
A moins de corriger ses copies au D20, il se condamnerait par contre à bousiller son week-end. Pas sûre de la pertinence de ce conseil.
(A noter que j'habite près de St-Trop et qu'il n'y a aucune librairie susceptible de distribuer Bifrost dans le coin. Mais notre poste fonctionne bien, il y a donc une justice en ce bas-monde.)
Premier coup d'oeil : la couv, je ne suis pas fan, mais je reconnais que c'est du très bon travail. J'adore le monochrome en général mais j'accroche pas trop au dessin, question de goût. Un truc est sûr, les couvertures de Bifrost ont du caractère et on ne peut pas y rester insensible.
J'ai adoré l'édito, qui reflète bien mon opinion sur le passage au numérique et sur l'effet du pessimisme et de la morosité en général sur nos petites existences. Lisez bien ces lignes, y a beaucoup à en apprendre.
Le quatrième de couverture m'a beaucoup donné envie de lire la nouvelle de Varley. Quant à l'échange Caliban/Scifictif, je crois qu'il va m'obliger à revenir sur la bonne résolution qui me dictait d'avoir fini mes propres travaux avant de me lancer dans la lecture des nouvelles de ce numéro.
Lu l'article sur l'écriture de SF. Très intéressant et agréable à lire. Je remercie la personne qui me l'a conseillé.
J'ai survolé également les articles sur Heinlein et j'ai été assez surprise par le ton autobiographique de Jeanne A Débats dans sa chronique. Ça rend l'article assez dynamique, c'est amusant.
Erispoe a écrit :-> Farfadet, conseil de collègue : Donne donc quelques contrôles surprise en début de semaine prochaine et tu pourras lire les nouvelles d'Heinlein pendant que tes chères têtes blondes planchent. Après tout, quelques élèves seront peut-être curieux d'en savoir plus sur ce magazine à la couverture si étrange...
A moins de corriger ses copies au D20, il se condamnerait par contre à bousiller son week-end. Pas sûre de la pertinence de ce conseil.
Re: Bifrost n°57 : Spécial Robert Heinlein (janvier 2010)
Lu la première nouvelle.
J'aime bien ce genre de texte. J'avais pas lu (ou je ne m'en souviens pas) de texte portant sur le voyage dans le temps au format nouvelle (même courte nouvelle). Je m'attendais à ce que ce soit moins fort. Or ça fonctionne très bien.
Le texte est classique (dans son style et son traitement) mais vraiment sympa, efficace et qui met à l'aise avec l'auteur. C'est pas un texte super tordu, bourré de référence à d'autres de ses écrits qui permet une bonne entrée en matière à mon sens.
Comme je ne connais pas du tout Heinlein un texte trop ardu m'aurait surement un peu rebuté par la suite. Donc très bon choix à mon.
@ Isa n'ayant que des D10 sous la main, je m'en retourne à mes copies sinon ça ne sera pas glorieux.
J'aime bien ce genre de texte. J'avais pas lu (ou je ne m'en souviens pas) de texte portant sur le voyage dans le temps au format nouvelle (même courte nouvelle). Je m'attendais à ce que ce soit moins fort. Or ça fonctionne très bien.
Le texte est classique (dans son style et son traitement) mais vraiment sympa, efficace et qui met à l'aise avec l'auteur. C'est pas un texte super tordu, bourré de référence à d'autres de ses écrits qui permet une bonne entrée en matière à mon sens.
Comme je ne connais pas du tout Heinlein un texte trop ardu m'aurait surement un peu rebuté par la suite. Donc très bon choix à mon.
@ Isa n'ayant que des D10 sous la main, je m'en retourne à mes copies sinon ça ne sera pas glorieux.
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Re: Bifrost n°57 : Spécial Robert Heinlein (janvier 2010)
Isa a écrit :A moins de corriger ses copies au D20...
Ah, parce qu'on n'a pas le droit..??
Oups!
"Les chiens aboient, la carapace vanne." - Jean-Claude Dunyach (26/04/2010) -
Re: Bifrost n°57 : Spécial Robert Heinlein (janvier 2010)
Farfadet a écrit :@ Isa n'ayant que des D10 sous la main, je m'en retourne à mes copies sinon ça ne sera pas glorieux.
Au contraire, 2d10 pour corriger les copies c'est plus pratique qu'1d20, et je pense qu'avec 2d6 la courbe est encore plus intéressante. :-)
L'affaire Herbefol
Au sommaire : La pointe d'argent de Cook, Black Man de Morgan, Navigator de Baxter, Cheval de Troie de Wells & The Labyrinth Index de Stross.
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