J'arrive peut-être un peu tard dans le débat...
Mais j'avais préparé un post que je n'ai pas eu l'occasion de mettre en ligne plus tôt.
Le voilà donc.
La question aujourd'hui n'est plus "si" l'e-book va devenir un medium courant, mais plutôt "quand" il va le devenir. 2010 semble être la réponse. Ne reste plus qu'à savoir comment l'on va aborder la situation.
Comme l'industrie musicale et cinématographique, on peut tenter à feu et à sang d'empêcher l'évolution de se faire.Au contraire, on peut l'accepter et essayer d'exploiter ce nouveau medium au mieux - "surfer sur la vague".
Les medias - musique, films, dans une certaine mesure les livres (e-books) - sont aujourd'hui des biens immatériels au coût de copie (quasi) nul. Il est clair que le piratage découle en grande partie de ce phénomène. La question est de savoir comment le réduire tout en ne devenant pas excessivement contraignant. Les protections tels que les DRM, sont totalement inapplicables/inefficaces et finissent dans tous les cas par être cassées. De plus, ces technologies ont un coût, qu'il faudra reporter sur le prix du produit. Au final, le consommateur n'en veut tout simplement pas.
Je ne pense pas non plus que les lecteurs soient prêt à accepter une sortie différée de la version numérique d'un livre. On consomme aujourd'hui beaucoup, mais surtout on veut consommer vite. Amazon l’a bien compris avec sa fonctionnalité « one-click buy » : ou comment acheter sur un coup de sang. Emmerder ses consommateurs équivaut à se tirer dans les pieds
Les modèles économiques changent avec l'ère du numérique, les vieilles recettes ne marchent plus en l'état.. Le problème est plus profond que le simple piratage. La philosophie du tout gratuit pour le consommateur est bien ancrée, et risque d'être de plus en plus difficile à éviter. Certains s'y attellent, le résultat est parfois surprenant [1]
J'imagine que l'augmentation de la "plus value"/l'attrait d'un produit acheté peut avoir un impact contre le piratage. (interview de l'auteur, informations supplémentaires par mail, sessions dédicaces, nouvelle gratuite, fond de culotte usé durant l'écriture dudit bouquin, ...). Faut appâter le chaland, comme on dit :)
Par contre, il est peu probable que l'apparition de l'e-book fasse exploser les ventes de livres (comme certains l'espèrent). Le lectorat restera le même, au final un e-book reste un livre, on ne l’aimera pas plus qu’il soit en papier ou non. Le point crucial est de ne pas perdre des lecteurs en ne proposant pas les deux options ou en imposant trop de contraintes.
Certains modèles de ventes alternatifs peuvent être envisagés comme celui de Bruce Holland Rogers et son système de micro-nouvelles sur abonnement [2]. Quand à savoir ce que ça rapporte vraiment ou si c'est réalisable à plus grande échelle / long terme.. ?
Un point intéressant est de se demander ce que l'e-book peut apporter au monde littéraire? Au final, c'est ce qui compte. Qu'ont apporté les DVD/CD face aux bandes magnétiques ? Qu'apporte la musique numérique/la vidéo à la demande au consommateur par rapport aux supports physiques ?
Le tout-numérique peut changer les habitudes.. Pk pas voir un film instantanément et sans soucis pour qques euros dans son salon plutôt que d'acheter/pirater un DVD que je ne verrai finalement qu'une seule fois. Les mêmes questions s'appliquent au livre.
Je pense que les jeunes auteurs peuvent tirer grandement profit du numérique. Une plateforme d'échange à la MySpace, leur permettrait de se faire plus facilement connaître, de se créer une communauté de "fan". Pas besoin de se faire éditer pour être lu. Bon, il faut quand même réussir à être au dessus de la masse pour être lu.
Deuxièmement, je pense que l'e-book pourrait apporter beaucoup à la nouvelle. Il est souvent bien difficile de mettre la main sur une nouvelle spécifique.. La revue où elle a été publiée ne se trouve plus, le recueil n'a plus été réédité. Beaucoup de textes sombrent malgré-eux dans l'oubli.
Un bénéfice de l'e-book serait de pouvoir mettre en ligne des nouvelles (à la pièce) pour quelques euros. Le lecteur y trouverait son compte, et pourrait acheter en tout temps des nouvelles. L'auteur s'y retrouverait également, car il n'aurait pas à attendre un recueil ou une revue pour tirer un bénéfice de son texte.
Finalement, l'e-book est un support plus puissant que le livre papier. Par exemple, la horde du contrevent de Damasio aurait pu être vendue directement avec la bande son qui l'accompagne. On pourrait écouter l'ambiance et faire la lecture en même temps, avec un unique medium. L'e-book permet des créations artistiques difficilement réalisables en format papier. J'imagine que le phénomène reste marginal, mais il est tout de même intéressant.
Voilà pour ce qui est de ma maigre contribution.
Merci à ceux qui sont pas mort avant la fin :p
[1] -
http://techdirt.com/articles/20091119/1634117011.shtml[2] -
http://www.shortshortshort.com