TVA sur le livre numérique...
Re: TVA sur le livre numérique...
L'actionnaire est rarement quelqu'un de raisonnable.
Re: La TVA à 5,5 % sur le numérique ?
Herbefol a écrit :Caliban a écrit :Or dans une économie du livre numérique raisonnable, la part du distributeur disparaît purement et simplement, et celles du libraire et du diffuseur souvent.
Sauf que dans la réalité c'est loin d'être le cas. Il reste au moins un diffuseur (c'est même capital si on veut que ses livres bénéficient d'un minimum de promotion) et parfois un distributeur.
Le distributeur, pour moi, c'est un pur intermédiaire, celui qui manipule l'objet physique, le met en boîte, le transporte, depuis son stock jusqu'au libraire. Je ne vois pas d'équivalent clair pour le livre numérique qui, justement, n'est pas un objet physique (d'où la nuance marchandise/service !).
Le diffuseur... C'est moins clair pour moi. Le diffuseur, c'est un intermédiaire entre l'éditeur et les libraires, celui qui les convainc de commander un livre, de lui consacrer de la place dans ses rayons ou son stock. Je ne suis pas sûr que la question se pose, ou se pose de la même façon, pour un livre numérique qui ne prend ni place (ou si peu, dans un disque dur...), ni stock, voire pour lequel le libraire est souvent court-circuité.
Pour autant, je suppose que, lorsque le livre numérique constituera une part significative des ventes, émergera sans doute quelque chose comme un diffuseur numérique, faisant cette fois le lien direct entre l'éditeur et le lecteur, qui ne peut pas explorer tous les sites de tous les éditeurs. Mais je parierais plutôt qu'il sera lié aux circuits promotionnels (les télés, etc.) qu'aux professionnels du livre. Ou peut-être verra-t-on aussi émerger, plutôt que des diffuseurs commandités par les éditeurs, des agents prenant en charge la promotion de leurs auteurs ?
Herbefol a écrit : Sans parler du libraire qui prend sa part. Apple ne travaille pas pour miettes (c'est une boite dont la philosophie est "30% de marge quoi qu'il advienne") et Amazon non plus.
A mon sens, c'est parce que les grands éditeurs se sont obstinément refusés à prendre acte de l'inutilité du libraire traditionnel dans le circuit du livre numérique, et à mettre en place autre chose que de timides circuits de VPC, qu'Amazon et consorts ont pu s'engouffrer dans la brèche. Le marché a horreur du vide : s'il y a une demande, il se trouvera toujours quelqu'un pour la satisfaire. Et si les plus légitimes et les mieux placés ne font pas le boulot — c'est un autre qui profitera de leur travail.
Apple, c'est encore une autre question. Personnellement, j'ai un peu de mal à le considérer comme un libraire. Mais en l'occurrence, pour le lecteur sur i-pad/i-phone, qui ne sont pas des machines neutres, l'expérience de lecture ne repose pas exclusivement sur le travail de l'auteur et de l'éditeur, mais également sur celui des ergonomistes d'Apple. Il y a une certaine logique a considérer que, comme le libraire traditionnel, ou le relieur, Apple apporte une plus-value (au moins pour ceux qui aiment ces produits, et spécifiquement lire sur ces produits), et que celle-ci mérite aussi rémunération.
Re: La TVA à 5,5 % sur le numérique ?
Herbefol a écrit :Caliban a écrit :Or dans une économie du livre numérique raisonnable, la part du distributeur disparaît purement et simplement, et celles du libraire et du diffuseur souvent.
Sauf que dans la réalité c'est loin d'être le cas. Il reste au moins un diffuseur (c'est même capital si on veut que ses livres bénéficient d'un minimum de promotion) et parfois un distributeur. Sans parler du libraire qui prend sa part. Apple ne travaille pas pour miettes (c'est une boite dont la philosophie est "30% de marge quoi qu'il advienne") et Amazon non plus.
Pourriez-vous donner des exemples, Herbefol? Moi, je croyais naïvement que les intermédiaires avaient (logiquement) disparu entre éditeurs numériques et libraires numériques... Bon sang, mais quel monde de fous.
Re: TVA sur le livre numérique...
- Apple. Perso, je ne vois pas ce que la marque à la pomme apporterai de plus qu'Amazon ou Immatériel ou Le Bélial dans sa vente d'ebooks. Y a pas de plus-value spéciale de la part de cette firme (et je peux même dire que Jobs n'a rien compris au marché du ebook lorsqu'il a voulu s'y lancer).
- Un marché numérique sans diffuseur est un marché dans lequel chaque éditeur doit convaincre chaque plateforme de vente (et il y en a quand même quelques dizaines) de bien référencer ses produits. Et le problème de place qui existait dans une libraire physique n'est plus là. Sauf que le problème n'est pas la place mais la visibilité et que si les deux notions se superposait plus ou moins dans le marché physique, elles sont disjointes sur le marché numérique. Or, la diffusion, c'est la visibilité de l'oeuvre. Votre ebook peut être en vente sur toutes les plateformes de la planète, si personne n'est au courant qu'il existe, vous n'en vendrez pas (j'ai déjà vu un auteur se plaindre des méventes d'un ebook dont l'éditeur n'a aucunement fait la promo). Dans le cadre du marché numérique, les contraintes physiques de place disparaissant, il est assez aisé pour n'importe quelle plateforme d'accepter à peu près tous ce que les éditeurs (grands et petits) pourront lui proposer. La mise en avant d'un ouvrage devient alors primordiale pour en assurer la vente. C'est le genre de tache que l'éditeur déléguait en partie à un diffuseur dans le cas du papier et ça reste toujours vrai pour le numérique.
- La distribution (ou ce qui ressemble dans le domaine numérique). Il existe à l'heure actuelle quelques dizaines (au minimum) de plateformes de ventes numériques en France. Un éditeur qui se passe de tout intermédiaire doit donc fournir à toutes ses plateformes ses ebooks et assurer le suivi des ventes. Dans le cas du papier, c'était facile : si le libraire n'a pas vendu, il peut toujours le prouver en renvoyant les livres, sinon il paie. Pour le numérique, il est nécessaire de recourir à des solutions techniques différentes, ou avoir une totale confiance dans les plateformes pour vous garantir que s'ils prétendent avoir vendu 10 ex. de votre ebook, ils n'en ont pas en réalité refourgué 50. Bref, d'une façon ou d'une autre, il faut des solutions techniques pour assurer la mise à disposition des fichiers auprès des plateformes et le contrôle des ventes par ces plateformes. L'éditeur peut s'amuser à tout faire lui-même, tout comme un éditeur papier peut s'amuser à s'auto-distribuer. Mais c'est du boulot en plus, et ce n'est pas forcément un travail auquel est formé l'éditeur (ni un travail qu'il souhaite faire, tout comme il n'a pas forcément l'envie de distribuer lui-même ses ouvrages, ou de lui imprimer, soyons fou).
Bref, la diffusion tout comme la distribution sont différentes en numérique du physique, et les éditeurs peuvent très bien décider de s'en occuper eux-mêmes (tout comme ils peuvent le faire pour le livre papier si l'envie les prend) mais ça reste un travail qui n'est pas nul (faut pas confondre tout petit et zéro).
Cadeau
- Un marché numérique sans diffuseur est un marché dans lequel chaque éditeur doit convaincre chaque plateforme de vente (et il y en a quand même quelques dizaines) de bien référencer ses produits. Et le problème de place qui existait dans une libraire physique n'est plus là. Sauf que le problème n'est pas la place mais la visibilité et que si les deux notions se superposait plus ou moins dans le marché physique, elles sont disjointes sur le marché numérique. Or, la diffusion, c'est la visibilité de l'oeuvre. Votre ebook peut être en vente sur toutes les plateformes de la planète, si personne n'est au courant qu'il existe, vous n'en vendrez pas (j'ai déjà vu un auteur se plaindre des méventes d'un ebook dont l'éditeur n'a aucunement fait la promo). Dans le cadre du marché numérique, les contraintes physiques de place disparaissant, il est assez aisé pour n'importe quelle plateforme d'accepter à peu près tous ce que les éditeurs (grands et petits) pourront lui proposer. La mise en avant d'un ouvrage devient alors primordiale pour en assurer la vente. C'est le genre de tache que l'éditeur déléguait en partie à un diffuseur dans le cas du papier et ça reste toujours vrai pour le numérique.
- La distribution (ou ce qui ressemble dans le domaine numérique). Il existe à l'heure actuelle quelques dizaines (au minimum) de plateformes de ventes numériques en France. Un éditeur qui se passe de tout intermédiaire doit donc fournir à toutes ses plateformes ses ebooks et assurer le suivi des ventes. Dans le cas du papier, c'était facile : si le libraire n'a pas vendu, il peut toujours le prouver en renvoyant les livres, sinon il paie. Pour le numérique, il est nécessaire de recourir à des solutions techniques différentes, ou avoir une totale confiance dans les plateformes pour vous garantir que s'ils prétendent avoir vendu 10 ex. de votre ebook, ils n'en ont pas en réalité refourgué 50. Bref, d'une façon ou d'une autre, il faut des solutions techniques pour assurer la mise à disposition des fichiers auprès des plateformes et le contrôle des ventes par ces plateformes. L'éditeur peut s'amuser à tout faire lui-même, tout comme un éditeur papier peut s'amuser à s'auto-distribuer. Mais c'est du boulot en plus, et ce n'est pas forcément un travail auquel est formé l'éditeur (ni un travail qu'il souhaite faire, tout comme il n'a pas forcément l'envie de distribuer lui-même ses ouvrages, ou de lui imprimer, soyons fou).
Bref, la diffusion tout comme la distribution sont différentes en numérique du physique, et les éditeurs peuvent très bien décider de s'en occuper eux-mêmes (tout comme ils peuvent le faire pour le livre papier si l'envie les prend) mais ça reste un travail qui n'est pas nul (faut pas confondre tout petit et zéro).
Caliban a écrit : je suppose que, lorsque le livre numérique constituera une part significative des ventes, émergera sans doute quelque chose comme un diffuseur numérique
Cadeau
L'affaire Herbefol
Au sommaire : La pointe d'argent de Cook, Black Man de Morgan, Navigator de Baxter, Cheval de Troie de Wells & The Labyrinth Index de Stross.
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Re: TVA sur le livre numérique...
Merci pour ces réponses très complètes. J'y vois un peu plus clair, grâce à vous.
Visiblement, la plate-forme numérique de l'éditeur ne suffit donc pas pour garantir de bonnes ventes. J'aurais cru le contraire; une recherche sur google, tel livre est disponible sur telle plate-forme éditeur et on achète, point barre. C'était sûrement trop simple pour tous ceux qui veulent se faire de l'argent et donc une marge sur un marché naissant et forcément prometteur.
Bah! Je ne comprendrai jamais rien aux réalités (élastiques et spécieuses) de l'économie de marché.
Visiblement, la plate-forme numérique de l'éditeur ne suffit donc pas pour garantir de bonnes ventes. J'aurais cru le contraire; une recherche sur google, tel livre est disponible sur telle plate-forme éditeur et on achète, point barre. C'était sûrement trop simple pour tous ceux qui veulent se faire de l'argent et donc une marge sur un marché naissant et forcément prometteur.
Bah! Je ne comprendrai jamais rien aux réalités (élastiques et spécieuses) de l'économie de marché.
Re: TVA sur le livre numérique...
T. D. R. a écrit :Visiblement, la plate-forme numérique de l'éditeur ne suffit donc pas pour garantir de bonnes ventes. J'aurais cru le contraire; une recherche sur google, tel livre est disponible sur telle plate-forme éditeur et on achète, point barre. C'était sûrement trop simple pour tous ceux qui veulent se faire de l'argent et donc une marge sur un marché naissant et forcément prometteur.
Bah! Je ne comprendrai jamais rien aux réalités (élastiques et spécieuses) de l'économie de marché.
Les gens qui veulent acheter un ebook ne cherchent pas le site de l'éditeur, ils vont directement sur une plateforme de vente (la plus connue étant Amazon, c'est vers celle-là que les gens se dirigent en particulier). Avoir un seul fournisseur permet de n'avoir qu'un compte client. Après, on peut s'amuser à avoir un compte chez chaque éditeur chez lequel on achète des livres, mais ça peut vite faire beaucoup. Sans parler du fait que tous les éditeurs n'ont pas vocation à avoir une boutique sur leur propre site (en fait, la plupart n'en ont pas), tout comme un éditeur pourrait aussi avoir sa librairie physique (certains en ont). C'est une activité autres, et donc soit on la fait soi-même, soit on la fait faire par quelqu'un d'autres (mais ça coûte).
Pour faire une analogie, acheter chaque bouquin directement chez l'éditeur ce serait un peu comme acheter chaque type de fruit/légume directement chez son producteur (et donc d'avoir une vingtaine de producteurs à fréquenter pour arriver à diversifier sa nourriture). C'est possible, mais c'est contraignant.
L'affaire Herbefol
Au sommaire : La pointe d'argent de Cook, Black Man de Morgan, Navigator de Baxter, Cheval de Troie de Wells & The Labyrinth Index de Stross.
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Re: TVA sur le livre numérique...
Pas grand-chose à ajouter à ce qu'a expliqué Herbefol. Juste, je ne crois pas l'avoir vu (mais je suis un peu dans les vapes, là), le distributeur, dans le cas du numérique (comme dans le cas du papier, d'ailleurs) est aussi celui qui facture et à qui le libraire (ou la plateforme) paye.
Re: TVA sur le livre numérique...
pascal a écrit :Pas grand-chose à ajouter à ce qu'a expliqué Herbefol. Juste, je ne crois pas l'avoir vu (mais je suis un peu dans les vapes, là), le distributeur, dans le cas du numérique (comme dans le cas du papier, d'ailleurs) est aussi celui qui facture et à qui le libraire (ou la plateforme) paye.
Je ne l'ai pas très bien expliqué, effectivement, tant j'étais focalisé sur l'importance de se faire payer sur un bien immatériel (et qui peut donc être vendu sans contrôle si on n'y prend garde).
Quand on dépouille le truc à l'absolu, on se dit toujours qu'il pourrait ne subsister que l'auteur et le lecteur, les deux maillons terminaux de la chaîne, mais c'était déjà vrai pour le papier (et certains auteurs le font d'ailleurs) et pourtant la grande majorité des ouvrages passent par l'ensemble du circuit avec tous ces intermédiaires. :-)
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Re: TVA sur le livre numérique...
Merci, Herbefol, pour cet exposé clair et complet, qui recoupe mon expérience.
JDB
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"Passablement rincé", qu'il dit.
- Olivier Girard
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Re: TVA sur le livre numérique...
Le Luxembourg est passé à un taux de TVA sur le livre numérique de 17 %...
Ne reste donc plus que la France a pratiquer un taux réduit. Avant que tous les pays de l'UE y (re)viennent, comme le suggère la fin de l'article de Livres Hebdo ?
Ne reste donc plus que la France a pratiquer un taux réduit. Avant que tous les pays de l'UE y (re)viennent, comme le suggère la fin de l'article de Livres Hebdo ?
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