L'ère du numérique... et les forces en présence

daiji
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Re: L'ère du numérique... et les forces en présence

Messagepar daiji » 28 janvier 2010 à 09:35

Isa a écrit :Sans travail éditorial sérieux derrière pour améliorer le bouquin ? Sans aucun marketing pour se faire connaître ?
Si tous les auteurs en herbe peuvent lâcher leurs écrits sur la toile, on va trouver une très grosse majorité de daubes (désolée, mais il suffit d'en parler à un éditeur ou à un membre d'un comité de lecture pour se faire une idée de la proportion).


Il est clair que ça ne serait qu'une facette du problème.
Disons que ça serait un moyen supplémentaire de se faire connaître.
J'y vois la une opportunité marketing justement.

Passer par un éditeur est loin d'être caduc.
Personnellement en tant que simple lecteur, j'apprécie le travail éditorial et je suis convaincu qu'il est nécessaire.

Entièrement d'accord sur la proportion de daubes :D

Isa a écrit :Je crois que les lecteurs vont très rapidement retourner dans le giron des éditeurs pour avoir des "valeurs sûres." ET la question ne sera plus alors d'être au dessus de la masse. Pour que les gens sachent que vous écrivez bien, faut-il encore qu'il vous lise. Mozart aurait eu du mal à faire entendre son talent, s'il avait dû jouer au milieu d'une foule de prétendant à la Star Ac'.


Pas entièrement d'accord. Je pense que quelqu'un qui a le talent et la motivation, peut arriver à sortir du lot justement. C'est certain que ça demande de l'investissement. M'enfin j'ai jamais essayé de publier quoique ce soit en même temps (ni même d'écrire d'ailleurs).

Ça marche pour la musique, pourquoi pas pour l'écriture ? *


Mais oui clairement, être présent uniquement au travers ce biais est voué à l'échec.


Isa a écrit :Et j'ai lu jusqu'au bout. Et je ne suis pas morte ^^


Merci :p

* C'est vrai que le monde de la musique actuel tends plutôt à fabriquer des machines commerciales. En aucun cas je ne voudrais lire de la SF au kilomètre. J'apprécie la qualité de ce qui est publié et en aucun cas je ne voudrais le troquer contre la quantité.
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Re: L'ère du numérique... et les forces en présence

Messagepar Don Lo » 28 janvier 2010 à 10:10

daiji a écrit :Ça marche pour la musique, pourquoi pas pour l'écriture ? *
Parce que le "mode d'administration" du produit n'est pas le même.
En 10 secondes d'une musique, tu sais si ça te plaît ou pas (style, rythme, mélodie... tout superposé et immédiatement passé au crible de tes goûts), donc tu peux balayer quantité musiques sans risquer ton temps et écrémer ce qui te semble intéressant, indépendamment des avis d'un quelconque réseau de prescripteurs.
Pour la lecture, il faut le temps d'entrer dans un style, une histoire, un ton, pour savoir si tu aimes. Le numérique et son accès généralisé à une bibliothèque infinie n'y change rien, il faut le temps de lire. Le travail des prescripteurs sera donc prédominant pour t'aider à choisir.

J'ai peur que le marché évolue sur deux modes : des grosses machines, marketées, très criblées par les prescripteurs et auxquelles tout le monde aura accès (= saura si ça plaît ou non), et des niches de réseaux sociaux où un auteur sera lu par ceux qui le connaissent, que ce soit juste parce qu'ils le connaissent (famille, copains...) ou parce qu'ils l'apprécient (pour l'avoir déjà lu), ou parce qu'on en parle dans ce réseau restreint.

Il y aura des passages entre les niches et le niveau marketing, mais ils seront rares et n'auront pour effet que d'entretenir le mythe d'une fluidité du milieu littéraire.
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Re: L'ère du numérique... et les forces en présence

Messagepar daiji » 28 janvier 2010 à 11:04

Don Lo a écrit :(...) donc tu peux balayer quantité musiques sans risquer ton temps et écrémer ce qui te semble intéressant, indépendamment des avis d'un quelconque réseau de prescripteurs.
(...)il faut le temps de lire. Le travail des prescripteurs sera donc prédominant pour t'aider à choisir.


Oui mais tu manques un point essentiel.
Le fait d'avoir une plateforme de découverte te permet aussi d'optimiser tes choix.
Au lieu d'avoir un seul et unique prescripteur, tu as tous les utilisateurs qui ont des goûts similaire au tiens. Évidemment, ça implique que tu laisses le système connaitre tes goûts.

Ça demande en effet que tu investisses un peu de temps. Au début surtout, afin que le système puisse te classifier (miam), te trouver des affiliations. Tu notes des lectures/auteurs que tu as apprécié. S'ensuit des propositions ciblées, et certainement assez pertinentes pour être utiles.
Ça n'a certainement pas la qualité et l'esprit critique d'un prescripteur de renommée, mais je pense le concept reste valide. C'est de l'épluchage distribué. C'est sans problème réalisable, techniquement parlant.
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Re: L'ère du numérique... et les forces en présence

Messagepar T. Di R. » 28 janvier 2010 à 11:12

daiji a écrit :
Don Lo a écrit :(...) donc tu peux balayer quantité musiques sans risquer ton temps et écrémer ce qui te semble intéressant, indépendamment des avis d'un quelconque réseau de prescripteurs.
(...)il faut le temps de lire. Le travail des prescripteurs sera donc prédominant pour t'aider à choisir.


Oui mais tu manques un point essentiel.
Le fait d'avoir une plateforme de découverte te permet aussi d'optimiser tes choix.
Au lieu d'avoir un seul et unique prescripteur, tu as tous les utilisateurs qui ont des goûts similaire au tiens. Évidemment, ça implique que tu laisses le système connaitre tes goûts.

Ça demande en effet que tu investisses un peu de temps. Au début surtout, afin que le système puisse te classifier (miam), te trouver des affiliations. Tu notes des lectures/auteurs que tu as apprécié. S'ensuit des propositions ciblées, et certainement assez pertinentes pour être utiles.
Ça n'a certainement pas la qualité et l'esprit critique d'un prescripteur de renommée, mais je pense le concept reste valide. C'est de l'épluchage distribué. C'est sans problème réalisable, techniquement parlant*.


* Hélas.

Ainsi, sur 10 péquins, un seul téléchargera des livres légalement. Les neuf autres s'inscriront sur la plate-forme de découverte en question pour faire leur marché mais téléchargeront sur les plates-formes p2p, évidemment, en toute illégalité. C'est toujours une réalité économique qui finit par créer un besoin. Enfin, à mon humble avis. En plus, comme le dit Pascal, sur le fil consacré à la tablette Apple, en reprenant le prix de vente prévu des livres (4.99 $), la messe est dite.
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Re: L'ère du numérique... et les forces en présence

Messagepar Don Lo » 28 janvier 2010 à 11:16

daiji a écrit :Oui mais tu manques un point essentiel.
Le fait d'avoir une plateforme de découverte te permet aussi d'optimiser tes choix.
Au lieu d'avoir un seul et unique prescripteur, tu as tous les utilisateurs qui ont des goûts similaire au tiens.
Le problème reste le même : soit tu partages les goûts d'une masse d'utilisateurs telle que tu vas retomber sur les produits "marketés" (ou sur une masse de produits que tu ne pourras pas balayer sans affiner à nouveau tes critères), soit tu te retrouves dans les goûts d'une minorité bien définie, une niche.
Le risque lié à la consommation de lecture est plus un risque en temps qu'en argent. Le numérique permet de gérer ce risque différemment, mais on retombe très vite sur le fonctionnement actuel, où chacun cherche à lire en réduisant le risque de perdre du temps sur ce qui ne l'intéresse pas, soit en se fiant aux prescripteurs de masse, soit en suivant son courant de niche.

De ce point de vue, l'essor de la micro-nouvelle (une page écran, guère plus) serait intéressant à suivre, ou à initier.
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Re: L'ère du numérique... et les forces en présence

Messagepar daiji » 28 janvier 2010 à 11:53

Don Lo a écrit : Le numérique permet de gérer ce risque différemment, mais on retombe très vite sur le fonctionnement actuel, où chacun cherche à lire en réduisant le risque de perdre du temps sur ce qui ne l'intéresse pas, soit en se fiant aux prescripteurs de masse, soit en suivant son courant de niche.


Nickel! status quo donc.

On peut donc faire le même boulot sans avoir recours à un éditeur (pas que j'aie qqch contre eux hein). Excepté qu'on risque d'avoir un retour critique quasi nul, en tant que jeune auteur on a l'opportunité de se faire connaitre et émerger de la masse à moindre frais. On peut avoir une couverture similaire, sans version papier.
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Re: L'ère du numérique... et les forces en présence

Messagepar Isa » 28 janvier 2010 à 12:30

Don Lo a écrit :
daiji a écrit :Ça marche pour la musique, pourquoi pas pour l'écriture ? *
Parce que le "mode d'administration" du produit n'est pas le même.
En 10 secondes d'une musique, tu sais si ça te plaît ou pas (style, rythme, mélodie... tout superposé et immédiatement passé au crible de tes goûts), donc tu peux balayer quantité musiques sans risquer ton temps et écrémer ce qui te semble intéressant, indépendamment des avis d'un quelconque réseau de prescripteurs.


Don Lo a répondu ce que je voulais répondre. Mais j'y ajouterai un point supplémentaire : la quantité de manuscrits lâchés sur la toile.
Pour mettre une musique en ligne, il faut : un groupe de gens qui jouent plus ou moins sans fausses notes, avoir eu accès à un moyen d'enregistrement (ceci dit, ça devient de plus en plus facile avec les instruments électroniques). Tout le monde ne se réveille pas un matin en sachant faire de la batterie et en se disant "Tiens ! Je vais faire un disque !"
Par contre, n'importe qui sait écrire et peut pondre deux cent pages d'inepties en espérant devenir célèbre. Sans compter qu'avec les correcteurs orthographiques, on ne peut même pas se rendre compte dès les premières lignes de la mauvaise maîtrise de l'aspirant à la célébrité.

De nos jours, plein de gens mettent déjà leur prose sur le net et ils guettent désespérément le moindre commentaire parce que personne ne vient les voir. Donc, pour exister en tant qu'auteur, il faut (aujourd'hui déjà) : être sur plein de forums (ou autres), se faire des copains et réussir à attirer du monde sur son blog (ou autres, bis). EN bref, il faut savoir se vendre.
En tant que jeune auteur, au lieu de perdre mon temps à me faire voir partout pour me trouver des lecteurs, je préfère le passer à écrire et peaufiner mes écrits, puis soumettre à des éditeurs et espérer passer leur sélection. Parce qu'avec cette sélection, je saurai que ce que j'ai écrit vaut la peine d'être lu. A ce moment-là, je laisse à l'éditeur le soin de me faire connaître et moi, je retourne à mon clavier pour essayer de refaire quelque chose qui vaille la peine.
Pour résumer : pour moi, le système "jeune auteur qui se lance par le numérique" signifie que la sélection ne se fera plus par la qualité de l'ouvrage mais par le talent commercial (la putasserie dirait Bifrost) de l'auteur.

Do lo a écrit :De ce point de vue, l'essor de la micro-nouvelle (une page écran, guère plus) serait intéressant à suivre, ou à initier.


Sauf qu'il y a des gens qui écrivent très bien des micro-nouvelles et ne feront jamais un roman et que l'inverse est vrai aussi.
Quand j'ai commencé à écrire, on m'a dit "Fais des AT pour te faire connaître" et je m'y suis mise. Sauf qu'écrire des nouvelles, ce n'est pas du tout mon truc. Je m'y fais, on va dire, mais je ne serai jamais une championne de la micro-nouvelle (je ne regarde même pas les AT au-dessous de 25 000 signes). Est-ce que ça veut dire que je suis nulle en tant qu'auteur ? Je ne pense pas (je le suis peut-être mais pas pour cette raison-là :p)

J'ajoute à ça que je connais un nombre incalculable d'auteurs qui ont commencé comme moi, se sont mis aux nouvelles pour "se faire connaître", ont traîné sur les forums, etc... et qui maintenant passent leurs journées à courir de deadline en deadline et n'ont jamais retrouvé la concentration nécessaire pour finir un seul roman.
Pour moi, le danger de l'auteur qui "se vend" lui-même sur la toile est celui-là. Le temps n'est pas extensible et celui qu'on passe à "se faire connaître" c'est autant de temps en moins qu'on passe à écrire (ou lire, ou vivre, autant de choses dans lesquelles on pioche la matière pour écrire).

daiji a écrit :
Isa a écrit :Et j'ai lu jusqu'au bout. Et je ne suis pas morte ^^


Merci :p

Vu les posts que je ponds, c'est un minimum ^^'
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Re: L'ère du numérique... et les forces en présence

Messagepar daiji » 28 janvier 2010 à 13:16

Isa a écrit :En tant que jeune auteur, au lieu de perdre mon temps à me faire voir partout pour me trouver des lecteurs, je préfère le passer à écrire et peaufiner mes écrits, puis soumettre à des éditeurs et espérer passer leur sélection. Parce qu'avec cette sélection, je saurai que ce que j'ai écrit vaut la peine d'être lu. A ce moment-là, je laisse à l'éditeur le soin de me faire connaître et moi, je retourne à mon clavier pour essayer de refaire quelque chose qui vaille la peine.


Ok, touché cette fois.

Tout à ton honneur d'ailleurs, rappelle moi de me procurer ton prochain roman donc :D

Isa a écrit :Pour résumer : pour moi, le système "jeune auteur qui se lance par le numérique" signifie que la sélection ne se fera plus par la qualité de l'ouvrage mais par le talent commercial (la putasserie dirait Bifrost) de l'auteur.


La putasserie pourrait malheureusement marcher.
Modifié en dernier par daiji le 28 janvier 2010 à 13:25, modifié 1 fois.
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Re: L'ère du numérique... et les forces en présence

Messagepar daiji » 28 janvier 2010 à 13:24

T. Di R. a écrit : (...) en reprenant le prix de vente prévu des livres (4.99 $), la messe est dite.


Bah, je me prononcerais pas si vite.

Perso, j'habite en Suisse, et un livre au format broché coûte autour des 50frs (~34€).
Une partie des taxes plombe le prix en librairie.

Acheter un grand format ne se décide donc pas en deux coups de cuillère à pots.
De manière générale je vais attendre un poche/aller en bibliothèque dans le cas ou je ne connais pas l'auteur/je ne suis pas totalement convaincu.

Pour 4.99$ le livre, la réflexion n'est définitivement pas la même.
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T. Di R.

Re: L'ère du numérique... et les forces en présence

Messagepar T. Di R. » 28 janvier 2010 à 13:31

daiji a écrit :
T. Di R. a écrit : (...) en reprenant le prix de vente prévu des livres (4.99 $), la messe est dite.


Bah, je me prononcerais pas si vite.

Perso, j'habite en Suisse, et un livre au format broché coûte autour des 50frs (~34€).
Une partie des taxes plombe le prix en librairie.

Acheter un grand format ne se décide donc pas en deux coups de cuillère à pots.
De manière générale je vais attendre un poche/aller en bibliothèque dans le cas ou je ne connais pas l'auteur/je ne suis pas totalement convaincu.

Pour 4.99$ le livre, la réflexion n'est définitivement pas la même.


C'est plus l'effet d'offre de masse que je fustigeais et la conséquence quasi mécanique sur les réseaux de téléchargement illégaux.

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