Demain les livres

[Clément]

2010, l'année du livre électronique en France ? De nombreux indices semblent l'indiquer : multiplication des modèles de liseuses électroniques, lancement de nouvelles plateformes de téléchargement, implication des géants sur secteur Internet, projets de législation... Et pourtant, force est de constater qu'en France, personne ou presque ne lit au format numérique. La technologie est prête, mais il manque maintenant encore le plus important : le contenu, autrement dit les livres. Parce qu'ils sont ceux qui feront le livre de demain, le blog Bifrost vous propose toute la semaine prochaine un tour d'horizon des principaux éditeurs d'imaginaire francophones, des petits indépendants à ceux qui dépendent de grands groupes éditoriaux : leur intérêt (ou désintérêt) pour le sujet, leur connaissance (ou ignorance) en la matière, leurs craintes, leurs espoirs, leurs idées, leurs attentes...

Sommaire du dossier et présentation des participants

[Clément]

Première partie : Le point de vue personnel des éditeurs, en tant que lecteur, au sujet du livre électronique.

Ont-ils déjà eu une liseuse électronique moderne entre les mains ? Si oui, quel a été leur sentiment ? Peut-être en possèdent-ils une ? Et dans ce cas, quel usage en font-ils ? Dans le cas contraire, envisage-t-il d'en acheter une ?

A lire sur le blog Bifrost

[FroguetteMiNote]

Pour l'aspect professionnel, je ne vois pas trop l'utilité de lire sans pouvoir annoter…
Lesquelles le permettent ?

Par ailleurs, la remarque de Gérard sur la nécessaire compatibilité des formats me semble fort juste et on est loin du compte pour l'instant, malheureusement, à ce que j'ai pu voir.

Donc liseuses actuelles = gadgets inutiles et dispendieux en ce qui me concerne… Mais attendons de voir ce que permet l'Ipad.

FMN, pro de l'édition aussi mais pas éditrice

[filip]

Rapidement parceque je n'ai pas plus de temps pour l'instant, je reviendrai sur le sujet un peu plus tard.
Je trouve que c'est au moins une bonne nouvelle que les éditeurs semblent s'intéresser un tant soit peu à l'objet.

Pour l'aspect professionnel, je ne vois pas trop l'utilité de lire sans pouvoir annoter…
Lesquelles le permettent ?

La prs600 de sony, le kindle et si je m'abuse un grand nombre d'autres liseuses.

Par ailleurs, la remarque de Gérard sur la nécessaire compatibilité des formats me semble fort juste et on est loin du compte pour l'instant, malheureusement, à ce que j'ai pu voir.

Si justement les vendeurs s'entendaient sur un format standard (epub), sans drm, il n'y aurait absolument aucun pb :)
En gros, il y a sur le marché 2 formats principaux, l'epub et le mobi. Le premier supporté par la plupart des liseuses, le second par le kindle et quelques autres. Le passage de l'un à l'autre ne pose aucun problème si on enlève le problème des drm.

Donc liseuses actuelles = gadgets inutiles et dispendieux en ce qui me concerne…

En ce qui te concerne :)
Moi cela me permet de lire 3 fois plus que d'habitude.

Mais attendons de voir ce que permet l'Ipad.

Rien de plus que ce que fournirait un mauvais netbook truffé de drm et fermé au possible.
Il ne faut pas oublier que l'ipad n'est qu'un ipod touch géant...
L'écran reste un écran d'ordinateur lcd, donc avec les problèmes de lisibilité sus nommé par certains. A priori (vu que ce n'est pas encore dévoilé), on ne pourra lire dessus que ce qui sera vendu par le biais d'un itunes store, ce sera truffé de drm, et ce n'est surement pas ce qui est prévu comme utilisation principale de cet objet (qui peut être utile pour d'autres cotés).
Ce n'est pas le messi des liseuses comme certains l'attendaient :)

[FroguetteMiNote]

Merci pour tes réponses sur les annotations :-)

Concernant l'Ipad, je table (ha ha) sur le fait qu'Apple renoncera aux DRM comme ils l'ont fait sur Itunes et j'attends évidemment la V2 pour acheter.

C'est une stratégie éternelle chez eux de sortir un premier modèle truffé de limitations mais unique dans son genre, qui ne séduira que les cobayes volontaires que sont les fans d'Apple et autres gagdgétivores friqués. La phase 2, qu'on pourrait appeler "phase de rédemption", consiste à "écouter les critiques" pour (phase 3, "boule de neige") emporter une large adhésion qui dépasse leur clientèle traditionnelle - et l'augmente.

Ces dernières années, il n'y a qu'avec l'Apple TV que cette démarche n'a pas fonctionné mais le prophète Steve Jobs n'était pas encore ressucité lorsqu'Apple a eu cette fiat lux ridicule de sortir un produit ayant déjà des concurrents directs.

Bon, je schématise un peu mais en gros c'est tout de même bien comme ça que ça se passe, non ? ;-)

FMN

[Isa]

Un article très intéressant. Au passage, il est amusant de noter que les éditeurs qui acceptent les soumissions par internet sont plus enclins à acheter une liseuse pour leur boulot.
Du coup, en tant qu'auteur débutante, je me pose une question. La généralisation des liseuses poussera-t-elle les éditeurs à accepter tous les manuscrits au format électronique ? A mon avis, c'est beaucoup plus pratique pour eux (pas comparable d'amener avec soi sa liseuse et 15 manus pour les feuilleter dans le métro ou d'amener 15X400 pages). Mais je me demande si la soumission papier ne permet pas de filtrer un minimum le nombre de manuscrits reçus. Avant d'envoyer son manuscrit, on réfléchit, on se renseigne sur les lignes éditoriales, on peaufine, etc... Je pense qu'une grosse maison d'édition qui s'ouvrirait à l'envoi gratuit en un simple clic recevrait beaucoup plus de manuscrits.

[rmd]

Je pense qu'une grosse maison d'édition qui s'ouvrirait à l'envoi gratuit en un simple clic recevrait beaucoup plus de manuscrits.

Raison de plus pour ne pas en vouloir. Demander un manuscrit papier, ca permet d'espérer que l'auteur a un peu ciblé ses éditeurs potentiel (on peut toujours rêver).

[Casse-bonbon]

Gallimard songe à revenir sur son acceptation des manuscrits fichier, parce qu'en effet, ils reçoivent du coup beaucoup plus de manuscrits qu'avant et souvent moins bien finalisés...

C'est un vrai problème, mais en même temps au bout du compte l'idéal serait les deux : obligation d'envoyer un format papier ET un format fichier.

On en revient à la bonne vraie sélection par le sérieux de la démarche en gardant le pratique pour les lecteurs des éditeurs.

[Jean-Claude Dunyach]

Gallimard songe à revenir sur son acceptation des manuscrits fichier, parce qu'en effet, ils reçoivent du coup beaucoup plus de manuscrits qu'avant et souvent moins bien finalisés...

J'ai reçu un jour une soumission par internet où l'auteur avait envoyé son manuscrit à TOUS les éditeurs de France et de Navarre, d'un coup (la liste devait faire une centaine de noms dont je me demande bien comment il se l'était procurée). J'ai refusé sans lire...
Par contre, j'ai reçu énormément de manuscrits anglo-saxons en fichier, envoyé par les agents, et j'ai signalé aux auteurs pros qui me proposaient quelque chose que j'acceptais les soumissions par mail (c'était en particulier important pour les canadiens). J'ai dû en lire une grosse cinquantaine sur écran. Si j'avais eu une liseuse à l'époque, je l'aurais sans doute utilisée.
Et, bien sûr, j'ai travaillé avec tous mes traducteurs par échange de fichiers.

Un des problèmes dont on parle peu, concernant les soumissions par mail, c'est celui des virus infectant les documents Word. Ca m'est arrivé deux fois dans ma vie (une nouvelle soumise à Galaxies et un roman pour Bragelonne, au tout début). Un bon antivirus est indispensable. Il semble néanmoins que le problème soit en train de disparaître.

[Isa]

Je pense qu'une grosse maison d'édition qui s'ouvrirait à l'envoi gratuit en un simple clic recevrait beaucoup plus de manuscrits.

Raison de plus pour ne pas en vouloir. Demander un manuscrit papier, ca permet d'espérer que l'auteur a un peu ciblé ses éditeurs potentiel (on peut toujours rêver).

C'était dans ce sens que je le disais.

Personnellement, je soumets mes manuscrits à peu de maisons pour une bête question de respect du temps de l'éditeur. J'envoie, je reçois un refus, parfois (rarement, merci aux éditeurs qui prennent la peine de le faire) argumenté. Si cela me permet de pointer un défaut du manu, je le retravaille et le réimprime éventuellement pour une nouvelle soumission.
Mais quand j'en ai parlé à plusieurs auteurs (débutants comme moi, en quête d'éditeurs), ils m'ont demandé " Et tu as envoyé à x, y, z, t, etc..." Moi : "Non, je ne connais pas leur ligne éditoriale", et eux :"C'est pas grave, ils acceptent les soumissions par mail. Ça ne coûte rien de tenter ta chance."
De fait, ça ne me coûte rien à moi. Mais "time is money" et donc cela coûte aux éditeurs et... ça me perturbe (question d'éducation, sans doute).

Si les gens se respectaient un peu plus, s'ils prenaient garde à envoyer des fichiers sans virus (c'est vrai que j'avais oublié cet aspect des choses) et à ne pas saturer les éditeurs de fichiers qui ne correspondent pas sur le mode "on ne sait jamais, ça ne coûte rien", les éditeurs pourraient accepter les soumissions électroniques et on y gagnerait en place, en écologie et en frais pour l'auteur. Comme ce n'est pas le cas, on est obligé de compter selon l'équation suivante : soumission par fichier électronique = beaucoup plus de déchets et de temps perdu mais gain de place et facilité de transport des manuscrits. Je me demandais si avec la liseuse, l'avantage l'emporterait sur l'inconvénient. J'en doute...
Mais l'option double envoi est pas mal. Ou alors joindre un chèque de dix euros au fichier, histoire que ça ne coûte pas rien (le fameux euro symbolique chez le médecin). Ce serait sans doute inapplicable parce que ça passerait pour de la corruption. Mais pour ma part entre enrichir la Poste, l'industrie du papier et des fabricants d'encre (et gaspiller des arbres) et enrichir l'éditeur qui prend le temps de me lire, je préfère la deuxième solution. (J'imagine déjà les gens qui risquent de bondir en lisant ça et pourtant... en dépensant notre "budget soumission" en paiement direct et non en frais d'impression et d'envoi, on permettrait peut-être aux éditeurs de payer quelques personnes de plus à la lecture des manus. Qui sait ? Faut peut-être juste changer notre façon de penser.)