Flattr : Un pirate veut rémunérer les créateurs

[Don Lo]

Là, je ne suis pas d'accord avec Isa.
Rien à voir avec un vote de complaisance : tu attribues une part de ton paiement et chaque fois que tu cliques, tu réduits la taille de la part. Enrichir un auteur pour lui faire plaisir sans l'avoir lu au détriment de ceux que tu as vraiment aimés, je ne pense pas que les internautes soient bêtes à ce point.

En revanche, on va peut-être voir fleurir des argumentaires du genre "puisque vous payez, autant payer pour moi" qui vont décrédibiliser assez vite leurs auteurs.

[Isa]

Comme je disais, je me méfie de l'effet Star Ac' (je ne dis pas que ça va arriver, je suis juste méfiante).
On peut aimer un livre et ne pas aimer la personnalité de son auteur. Soit parce que c'est un con authentique, soit parce que c'est quelqu'un qui ne sait pas se mettre en valeur. Au moment de cliquer, on se laissera forcément influencer par ça.
Les plus grands génies de la littérature n'étaient pas tous des gens super attachants (Verlaine, c'était pas vraiment un tendre), mais leurs écrits ont touché de nombreuses personnes. Je ne sais pas si à notre époque, ils auraient eu une chance de percer.
Reste que ma mère qui ne lit pas me filerait sans aucun doute toute sa part et demanderait à ses amis qui ne lisent pas d'en faire de même, etc... Tous ces gens qui ne lisent pas (ce qui représente la majorité des internautes) finiront par cliquer (tant qu'à payer, autant que ça aille à "celui qui m'est le plus sympathique"). Pas forcément parce qu'on leur a demandé (ne me dit pas qu'en tant que publiciste, tu ne sais pas comment on peut se vendre avec plus de subtilité) mais en fonction de tel article people où on leur a dit que Trucmuche recueillait les chats orphelins, que chose-chouette faisait des dons pour Haïti, etc...
Que ce soit une part de la rémunération de l'auteur, passe. Mais si ça devait devenir la totalité, les éditeurs et les auteurs ne vendraient plus des livres mais des personnes.


Pourtant le principe me plaît, au départ. Mais je me méfie de ses effets pervers.

[Don Lo]

Que ce soit une part de la rémunération de l'auteur, passe. Mais si ça devait devenir la totalité, les éditeurs et les auteurs ne vendraient plus des livres mais des personnes.

Bingo !

C'est déjà comme ça sur le grand marché de la hype.

Justement, ce système permettrait d'équilibre pour ceux qui ne perceraient pas autrement, ou de compenser leurs pertes si ce qu'ils font plaît au point d'être systématiquement piraté.

Honnête, là tu n'es pas méfiante sur le système, mais sur le marché en général. Et ça se comprend.

[Isa]

Que ce soit une part de la rémunération de l'auteur, passe. Mais si ça devait devenir la totalité, les éditeurs et les auteurs ne vendraient plus des livres mais des personnes.

Bingo !

C'est déjà comme ça sur le grand marché de la hype.

Justement, ce système permettrait d'équilibre pour ceux qui ne perceraient pas autrement, ou de compenser leurs pertes si ce qu'ils font plaît au point d'être systématiquement piraté.

Faudrait adopter des chats pour compenser son manque de talent ?
Argh !!!! (j'aime les chats, mais bon)
Je comprends ce que tu veux dire, mais pour moi, le principe de confondre popularité d'une personne avec son talent quel qu'il soit, c'est dangereux. Mes livres, ce sont mes livres, je m'y livre (ha ha) déjà assez pour ne pas avoir envie de me "mettre en scène" pour vendre.
Si on arrivait à un système officiel (pas ce truc bizarroïde où on ne sait plus qui touche quoi), il faudrait que tous les internautes paient (sinon ça coûterait trop cher aux lecteurs), ce que je trouve très bien (cf je sais plus où, ma réponse à Marypop). Mais du coup, il y aura cet énorme ventre mou de gens qui ne lisent pas et dont on s'arrachera les clics. Masse : importante ; sens critque littéraire : zéro => le met préféré des commerciaux. On verrait vite fleurir en bandeau publicitaire sur la redoute et voici.fr des "n'oubliez pas de cliquer pour eux/exprimez votre avis/etc"
Le premier éditeur qui fera ça par sens du commerce obligera tous les autres à s'aligner s'ils veulent défendre leur part du marché. Au lieu d'avoir des éditeurs qui traqueront sans merci la petite incohérence, la petite répétition ou la petite lourdeur dans le manuscrit de leur pauvre auteur martyrisé, on aura des éditeurs qui lui paieront des séances photos photoshopées, l'obligeront à des séances de pose avec Madame, le chien et les enfants, etc...
Oui, la même chose que dans le monde de la musique à la mode. Et je dis Argh ! Et triple Argh !
Je veux bien me faire torturer des heures par un éditeur perfectionniste (pire ! j'aime ça), raconter ma vie dans Gala, c'est pas le job que je veux faire. Je suis capable de le faire, je m'en tirerais sans doute mieux que certains, moins bien que d'autres... Mais dans tous les cas, ça me gonflera.

Honnête, là tu n'es pas méfiante sur le système, mais sur le marché en général. Et ça se comprend.

Tu as tout à fait raison. Le phénomène Star Ac' a tout envahi, même la politique qui vit de petites phrases et de couvertures people plutôt que de contenu. Je prie pour que le livre échappe à ça autant que possible (je ne rêve pas il est déjà touché).
Tout en priant pour qu'un jour on trouve un moyen de rémunérer auteurs et éditeurs sur un système de licence commune redistribuée. Mais j'assume mes contradictions (ça me permet d'être contente et de pouvoir râler sur tout à la fois, c'est pratique).