Ceir a écrit :Je viens de lire l'interview, et c'est vrai que c'est carrément déprimant. Je n'avais pas beaucoup de points de repères au niveau édition (sauf en BD, mais en fait ça n'a rien à voir niveau ventes), mais là, ça me donne une petite idée.
Je me rends compte à quel point la lecture de Science-fiction, fantasy, dès qu'on pousse un peu, à quelque chose d'intimiste.
J'ai toujours beaucoup lu de SF et Fantasy. Contes des mille et une nuit etmythologie grecque à 8 ans, Tolkien à 10 ans, etc. J'ai beaucoup acheté niveau BD aussi. J'ai lu des classiques de SF et surtout de Fantasy.
Mais depuis que mon frère s'est mis à lire Bifrost, il m'a fait découvrir des perles insoupçonnées (Kirinyaga, Les 1001 vies de Billy Milligan, Spin, Un Choeur d'enfants maudits,...). Et je me dis que y a énormément de monde qui va passer à côté de ça. Je fais partie d'un club de jeux de rôles et de figs, donc un public réceptif à l'esprit fantasy/SF, et finalement en dehors de grands classiques je ne pense pas qu'il y ait beaucoup de lecteurs des ouvrages récents de la SF. Alors chez un public plus traditionnel n'en parlons pas.
Et un autre indicateur qui m'a surpris, en m'inscrivant sur ce forum il y a des auteurs !!!! J'ai fait quelques forums de BD (et déjà c'est des forums généraux, y a pas un forum de BD SFFF), et les auteurs français connus ne sont pas vraiment accessibles. Ce forum a presque un côté intimiste (en même temps, il faudrait peut-être que j'aille voir celui du Cafard ou d'ActuSF, et celui du Bélial n'est peut-être révélateur).
Tout ça pour dire qu'ajouté à l'interview de Gilles Dumay, je trouve que la SF est vraiment mal côtée/perçue et c'est dommage.
Wicker_Man a écrit :
Sinon, pour rebondir sur ce que dit Ceir, quand je me suis vraiment remis à la SF en 2005-2006, j'ai du faire un saut quantique entre mes années collège (Bradbury, Asimov, Van Vogt, Dick...) et le temps présent.
L'amie qui m'a propulsé dans le XXIème siècle m'a introduit à Bifrost, Thomas Day, à Greg Egan, Stephen Baxter, Nancy Kress, etc... (sans parler de perles comme Neverwhere ou La Horde du Contrevent)
J'ai lu, j'ai aimé et j'ai voulu faire partager à mes amis qui ont les mêmes gouts que moi en général - sauf pour la musique.
Résultat?
"Oh, Egan? C'est chiant! Les auteurs français? Sont nazes! En revanche, je lis L'Assassin royal, tu devrais le lire, tu vas adorer..!! Et Le Trône de Fer? Quoi, t'as toujours pas lu Le Trône de Fer????"
Bref...
Sur un forum consacré à mon groupe préféré, sensiblement pareil...
La SF? Oui, bien sûr, à fond: Dick, Herbert et Simmons, mais guère mieux.
Alors que la SF se porte mal, je ne crois pas.
En revanche, qu'elle souffre d'un problème de "lisibilité" envers le grand public, c'est sûr.
Et surtout, qu'une partie du microcosme SFF se montre sectaire, limite élitiste?
C'est certain! (rien qu'à voir la réaction d'Ubik sur l'UE de Star Wars, c'est éloquent!)
Je fais souvent la comparaison entre la littérature et la musique: dire à quelqu'un qu'il écoute (ou lit) de la merde, je ne crois pas que ça soit productif; en revanche, faire comme quelqu'un s'est donné la peine de le faire avec moi, le prendre par la main en lui disant: "Si tu as aimé ceci, tu devrais essayer de lire ça, à mon avis ça devrait te plaire."
En ce qui concerne la visibilité des littératures de l'Imaginaire, je pense que l'école y est pour beaucoup. J'ai été dégoûtée de la lecture en général par mes cours de Français. La culture c'est bien, mais je pense que faire découvrir la lecture à des ados avec des trucs comme Mme Bovary, c'est vraiment une mauvaise idée. Y a des gens qui aiment lire et qui auront lu tout Zola plusieurs fois avant leur 17 ans (comme ma soeur), il n'y a pas besoin de l'école pour les obliger à lire. Puis il y a la majorité des élèves qui ne comprend pas pourquoi un gars s'échine à raconter la vie d'une bonne femme qui a tout pour être heureuse mais nous gonfle prodigieusement à ne pas vouloir l'être. Je lirais Madame Bovary maintenant, j'en aurais sans doute une toute autre vision (j'ai vécu entre temps), mais à l'époque... Les choix littéraires sont faits par des adultes qui sont passionnés par les lettres et qui souvent ne savent pas y amener leur lecteur. J'ai commencé à aimer lire quand une prof nous a laissés le choix entre deux livres à chaque compte rendu de lecture. Un livre purement littéraire et un plus dans l'Imaginaire. J'ai découvert Barjavel grâce à elle et j'ai adoré, de même qu'Aldous Huxley. On ne peut pas dire que ce ne soit pas de la littérature pourtant. Mais ce sont des romans où il se passe des choses, ce qui a plus de chances d'accrocher un ado.
La plupart des gens à qui je parle lecture ont en tête ces livres qu'ils ont détesté se farder à cause de l'Education Nationale. Ça fait 70 % de gens qui sont persuadés qu'ils n'aiment pas lire. Sur les 30% restant, il y en a une bonne part qui sont à l'inverse : la lecture c'est un truc sérieux qui ne doit pas servir à raconter des petites histoires de fantômes ou de bonshommes verts. Entre les deux, il reste très peu de gens qui aient eu l'occasion de découvrir que la lecture était un loisir enivrant (pas une corvée), le meilleur moyen pour nous évader de ce monde.