PascalG a écrit :J'aimerais y croire, mais... Je ne suis pas sûr que ce soit compatible. En tout cas, c'est pour cela que cette naïveté/idéalisme, ne m'a pas choqué chez ces personnages. Souvent, je suis sidéré par ce type de naïveté, dans "la vraie vie", mais les gens que je peux avoir en face de moi ne se considèrent pas le moins du monde comme naïf. Ils y croient, ils ne peuvent pas imaginer que le monde ne se pliera pas à leur volonté, ils iront jusqu'au bout... Je sais pas si je suis clair... Mais j'imagine que tu en croises régulièrement aussi, des gens comme ça, non ? (Ou alors, c'est moi qui suis un aimant à "idiots du village", ce qu'on peut envisager...)
Tu es d'autant plus clair que j'ai pour père une personne qui correspond en tout point à ta description (sauf que je ne me permettrai jamais de le traiter d'idiot du village). Encore récemment il s'est lancé dans un grand projet qui devait aboutir au retrait d'une récente loi. Ce fut un échec. Pour moi, il a fait preuve d'une terrible naïveté, tu dirais sans doute qu'il est un idéaliste. Et mon père préfèrerait sans doute ta vision des choses à la mienne. Nous interprétons différemment la réalité dans laquelle nous évoluons (et celle des livres dans lesquels nous nous plongeons) et je ne prétends pas que l'un de nous a plus que raison que l'autre.
Aldaran a écrit :Ce qui me gêne avec l'emploi de « nature humaine », c'est qu'on se contente souvent d'y empiler uniquement toutes les saloperies dont est capable le genre humain. Comme si cette « nature humaine » était une « raison » suffisante pour expliquer ces saloperies.
Peut-être que je me trompe, mais j'ai l'impression que c'est aussi ce que fait Algernon en opposant la naïveté et la « nature humaine ».
Mais est-ce que les humains capables de naïveté ou d'empathie ou d'idéalisme ou... de bisounourserie (pardon) ne font pas partie de cette « nature humaine » au même titre que les autres ? Et pourquoi les salopards seraient-ils exempt de naïveté ?
Le sujet est complexe et je ne dois pas être des plus clairs.
Mais il est (le sujet), à mon sens, l'un de ceux qu'à traité Liu dans cette nouvelle. D'ailleurs il pose assez nettement la question : qu'est-ce qu'un monstre ?
Non, je n'oppose pas la "naïveté" et la "nature humaine". Si je donne l'impression de reprocher à Evan sa naïveté mais d'excuser les négationnistes de tout horizon en raison de la nature humaine, c'est terrible car ça signifie que j'ai totalement échoué à exprimer correctement ma pensée.
Bon, je vais essayer de me reprendre.
D'abord, je ne cherche pas à excuser le négationnisme en tentant de réfléchir au pourquoi de leur négation. Je sais que certains politiques sur des sujets d'actualité n'ont pas hésité à dire qu'expliquer, c'était excuser, mais je ne suis pas du tout d'accord. Pour lutter contre quelque chose, il faut d'abord la comprendre. Je crois sincèrement que c'est en comprenant les raisons qui poussent une personne à la négation de faits réels et prouvés que l'on peut lutter contre le négationnisme. Bien plus qu'en faisant voter des lois qui empêchent certaines idées de s'exprimer mais qui les laissent se répandre à tout-va dans les recoins les plus sombres d'internet (et dans les bars privés).
Après, je le répète, je suppose que la naïveté peut être une raison. Je peux imaginer que certains japonais naïfs sont incapables d'imaginer que les horreurs de l'Unité 731 aient réellement pu se produire (mais a contrario j'ai beaucoup de mal à croire naïf une personne qui dit que les camps de concentration nazis n'ont jamais existé, peut-être parce qu'en tant qu'occidental les horreurs nazis sont plus ancré dans mon Histoire que les crimes japonais). Mais il y a aussi d'autres raisons qu'il est nécessaire de comprendre pour pouvoir lutter contre le négationnisme. J'aimerais me contenter de hausser les épaules, de les balayer des gestes de la main en m’exclamant "bah ce ne sont que des salopards" mais ce n'est malheureusement pas aussi simple.
Alors qu'il ne me semble pas important de comprendre le pourquoi de la naïveté d'Evan (surtout si pour d'autres lecteurs sa naïveté n'est que de l'idéalisme). Evan est ainsi. D'autres auraient peut-être fait les choses différemment mais lui les a fait comme il est. Ce qui est d'ailleurs est nécessaire pour l'aboutissement du roman. Evan est un personnage de roman, alors que les négationnistes existent réellement.
Et... et je vais m'arrêter là car je n'ai pas l'impression d'être plus clair qu'avant.
Bon, juste une question. Qui est Kirsten ?